Ces jours-ci on reparle beaucoup d’extraterrestres. Le Commandant Ashtar nous envoie plein de messages et je ne peux m’empêcher de me souvenir de ce qui m’est arrivé et que je n’ai jamais révélé, sauf à quelques personnes amies que je savais ne me prendraient pas pour folle ou pour menteuse.
Mon intuition me dit que c’est le moment de raconter cet épisode de ma vie, lequel n’a rien de sensationnel pour vous qui avez l’habitude d’entendre et de lire des histoires merveilleuses et d’autres terribles, dont il est difficile de faire le tri.
Vers la fin des années 70 ou début de la décade 80, un petit groupe d’extraterrestres avait annoncé qu’ils se rendraient dans la région parisienne à une certaine date. Je suis sûre cette fois que c’était un 15 aout.
La nouvelle se propagea comme un feu de broussaille, d’autant plus qu’elle faisait suite à une histoire compliquée et même à un livre écrit sur le sujet.
Il paraît que, le jour prévu, le local en question regorgeait de monde. Il y avait là des gens sincères et avisés qui refusaient les opinions catastrophistes de la majorité, mais ils n’étaient pas très nombreux au milieu de la foule des curieux, des détracteurs et de ceux qui comptaient peut-être s’emparer d’un de ces êtres pour le disséquer et savoir de quoi sa race était faite.
Il ne s’est pourtant rien passé à cet endroit-là. Les uns ont été déçus, les autres ont jubilé et se sont moqués des pauvres crédules qui s’y trouvaient animés de bonnes intentions.
A ce moment-là je me trouvais pas très loin de la frontière suisse, chez une de mes amies que j’appellerai Marianne.
C’était dimanche et en ce début d’après-midi, mon fils cadet et le fils de mon amie regardaient un film à la télé, tandis qu’elle et moi bavardions tranquillement, assises au soleil sur la terrasse.
Le téléphone sonna. Marianne alla répondre et me fit signe de me rapprocher.
« C’est Renée, annonça-t-elle. Elle demande si nous allons à Paris pour rencontrer les E.Ts. »
Je secouai la tête. A l’appareil, Marianne dit:
« Non, nous n’irons pas. »
Je pris le téléphone à mon tour et ajoutai :
De toute façon, il est trop tard pour faire tout ce chemin. Et puis, mue par une de mes intuitions, je dis encore: Si cela se trouve il n’y aura rien à voir. »
A l’autre bout, Henriette revint à la charge.
« Et vous n’allez même pas jusqu’au Jura ? Vous savez qu’il y a là un village où ‘ils’ s’abritaient dans une sorte de tunnel, comme décrit dans le livre. Ce n’est pas loin d’où vous êtes. J’aimerais bien me trouver à votre place. Je ne manquerais pas de m’y rendre. »
J’ai trouvé que ce n’était pas une mauvaise idée. Une fois le téléphone raccroché, nous discutâmes de l’intérêt de cette sortie. Nous avons conclu que nous ne perdrions rien en faisant un saut jusque là-bas. Cela nous donnait un but de promenade.
Il devrait être près de 16 heures lorsque nous primes la voiture de Marianne, sans grand espoir d’assister à quelque chose d’inhabituel. Arrivées au village (je ne me souviens pas comment nous l’avons trouvé sans difficulté), nous l’avons vu endormi au soleil. Ne voyant aucun mouvement anormal, nous nous sommes arrêtées en face d’un petit café et y sommes entrées. Une dizaine de villageois étaient assis autour des quelques tables. Quatre d’entre eux jouaient aux cartes. Les autres parlaient entre eux de leurs bobos et des événements du village.
Nous avons acheté des biscuits et du jus de fruit, et après un instant d’hésitation, nous sommes ressorties. Nous n’avions pas osé parler du motif de notre présence, qui d’ailleurs semblait n’intéresser personne.
De nouveau dans la rue, Marianne observa:
« Je m’attendais à ce que tu interroges ces gens. »
« Pour leur demander quoi ? Tu me vois en train de m’adresser à ces villageois pour leur dire: S’il vous plaît, Messieurs, un de vous peut m’indiquer où se trouve le tunnel des extraterrestres ? Mais tu aurais pu leur poser la question toi-même. N’importe comment, nous aurions été prises pour folles toutes les deux. »
Cela la fit rire et je l’imitai.
Nous rions encore en rentrant dans la voiture pour rebrousser chemin. Assise à côté d’elle, je regardais défiler les dernières maisons du village lorsque je vis, dans un renfoncement de terrain en forme de cuvette, une dizaine de voitures stationnées. Cela me parut incongru par rapport à ce village somnolent. Quelque chose en moi me poussa à en parler.
« Arrête-toi, proposai-je. Il y a là-bas quelque chose qui m’intrigue. Si on allait voir ce que c’est ?
Elle suivit ma suggestion et, en bas de la pente, nous nous sommes trouvées face au fameux tunnel, en l’occurrence bien petit et modeste. Nous nous sommes garées et nous avons quitté la voiture pour nous joindre au petit nombre de personnes, une vingtaine au maximum, qui se parlaient à voix basse comme à l’église.
La conversation se généralisa et nous avons pu apprendre qu’ils étaient tous là dans le même but que nous: celui de les voir et peut-être leur parler, leur demander de l’aide pour notre planète à la dérive.
Des biscuits, des jus de fruits et même des sandwiches ont circulé de main en main, chacun offrant ce qu’il avait et acceptant en toute simplicité les cadeaux des autres.
J’aurais dû en profiter pour leur poser des questions pratiques, essayer de savoir comment ils étaient arrivés là, par quel hasard ou coïncidence. Pourtant, à ce moment-là rien ne me venait à l’esprit.
On peut parler de hasard ou coïncidence. Pourtant, personnellement, je ne crois pas au hasard et je ne peux que m’étonner d’une coïncidence si peu probable, qui toucherait une vingtaine de personnes et les rassemblerait dans une petite dépression de terrain, près d’un village quelconque où peut-être elles, tout comme nous, n’avaient jamais mis les pieds. Ceci juste pour communier pendant quelques heures dans un rêve de paix et d’harmonie.
Je suis convaincue aujourd’hui que nous avons été réunis à cet endroit par une inspiration, une volonté supérieure. Mais dans quel but? Peut-être simplement pour pouvoir dire un jour ce que nous avions vu et l’impression de sécurité et de paix que nous avions ressentie.
Au bout de quelque temps, je ne peux dire combien car le temps était à cet instant précis le cadet de mes soucis, une pluie fine s’est mise à tomber et nous avons été contraints de réintégrer nos voitures.
Quelques heures se sont écoulées. Je crois que je me suis assoupie. J’ai été ramenée à la réalité par la voix de mon amie:
« Noëlle, commença-t-elle. La pluie n’arrête pas de tomber et je crains que la voiture s’embourbe dans ce terrain meuble. Nous devrions peut-être partir. »
Au lieu de répondre directement, j’ai demandé:
« Quelle heure est-il ? »
« Presque une heure du matin. »
« Déjà ? Je fus d’abord surprise. Ensuite je me rendis compte que Marianne avait raison et je donnai mon accord pour le départ, d’autant plus volontiers que le jour du rendez-vous était fini et je pensais que rien ne se produirait maintenant.
Nous avons donc gravi la pente. A peine arrivées sur la route dans l’intention de rentrer chez nous, une voix cria d’en bas:
« Ils sont là ! Ils sont là ! »
Marianne arrêta le moteur et nous descendîmes de la voiture pour regarder le ciel.
Trois lumières blanches, circulaires, étaient stationnées au-dessus de nous, assez haut pour ne pouvoir correspondre à rien relié à la Terre mais assez près pour être bien visibles malgré la pluie. Elles étaient arrivées sans le moindre bruit et restaient là, immobiles, silencieuses.
Indifférentes à la pluie qui nous arrosait, nous contemplions cette vision comme pour nous assurer que ce n’était pas un rêve, tout en essayant de comprendre le mysrère de cette présence.
Je n’éprouvais ni crainte ni inquiètude. J’étais cependant bien lucide. Mue par une de mes intuitions, je leur ai parlé télépathiquement, exprimant les pensées de tout le groupe, et j’ai eu le sentiment d’être comprise.
Cette dernière phrase, bien entendu, est du domaine du subjectif et je ne demande à personne de me croire. Toutefois je ne pourrais nier ce que j’ai vu de mes yeux, par une nuit pluvieuse, en compagnie de quelques vingt personnes adultes et apparemment saines d’esprit.
Si l’une de ces personnes lit ces lignes, je le prie de me contacter par l’intermédiaire de Marlice pour échanger nos impressions, ce qui n’a pas pu être fait à l’époque. J’aurais aimé connaître leurs adresses, leurs numèros de téléphone, et les interroger sur l’impact que cette nuit différente des autres avait eu sur eux. Et si quelqu’un les a convaincus qu’ils ont rêvé ou été victimes d’un canular, je voudrais leur dire:
« Interrogez votre coeur et croyez en lui. N’acceptez des vérités imposées par ceux qui, dans ce domaine, en savent probablement moins que vous. Croyez en vous-mêmes. »
Le lendemain j’ai appris sans surprise l’absence d’événements dans la région parisienne. Je me demandai et me demande encore:
« Pourquoi les choses se sont-elles passées ainsi? On dirait que ces êtres avaient trouvé bien inutile de se montrer à la foule et préféré se manifester à un petit groupe de gens qu’ils avaient choisis. Pourquoi nous? Pourquoi moi?
Est-ce que nos compagnons d’une soirée connaissaient déjà ces lieux? Et même si c’était le cas, pourquoi étaient-ils venus là, justement le jour où la foule englobant ufologues, curieux er détracteurs se massait à Cergy-Pontoise?
Je n’ai pas de réponses.
Croyez ce que vous voudrez. Moi, je vous ai raconté ce que j’ai vécu, sincèrement et sans fioritures.
Si j’avais inventé une fable pour me mettre en valeur, pour vous épater, j’aurais sans doute choisi un scénario plus sensationnel, ne croyez-vous pas?
EXTRAIT du Journal d’une disciple