Inspiration et Lumière avec Lukáš KÁNDL
Comment aborder l’univers fantastique de Lukas Kandl dans un entretien sans avoir recours aux éternelles questions sur l’inspiration, la lumière, etc ? Connaissant la générosité de l’homme qui n’a d’égal que son esprit fécond, je lui a i offert de réagir spontanément à quelques mots-clés que m’inspirait son œuvre. Découverte !
Propos de Yannick Le Cam dans la revue MEDI@ME n°3.
EMOUVOIR
Lukas Kandl : les émotions habitent tout un chacun et, dans la vie, tout peut les déclencher : le contact des autres, leur réussite, les premiers pas d’un bébé, etc. La peinture elle-même déclenche une vision personnelle chez le spectateur donc des émotions plus ou moins fortes. J’en fais souvent l’expérience quand je me trouve moi-même devant un tableau que je connaissais seulement par les livres. Parfois l’émotion est telle que les mots sont impuissants à la traduire. Se taire permet de savoir quel est l’impact d’une œuvre sur soi.
REVER
Lukas Kandl : j’aime beaucoup quant le tableau fait rêver le spectateur. Le quotidien transforme bien souvent le rêve en cauchemar et mon travail consiste à transmettre un rêve paisible, même s’il est fantastique. Personnellement, je ne me rappelle pas de mes rêves ou très partiellement, mais je pratique le rêve éveillé ; cela m’aide à concevoir ma peinture en reliant le rêve à la réalité, l’inspiration à la technique nécessaire à l’exécution.
ETRE
Lukas Kandl : Etre… Le corps que l’on habite est-il la seule possibilité d’exister ? J’ai l’impression que l’on a toujours été et que l’on sera toujours. Est-ce que dans une vie passée, on n’était pas déjà présent avec le même espoir, le même esprit qui habitait un corps ? J’ai l’impression d’avoir été peintre à une époque, mais laquelle ?… J’ai presque la certitude que c’était à la Renaissance ou peut-être avant…
INITIER
Lukas Kandl : faut-il être initié ? D’une certaine façon, gravir les marches permet d’avoir un regard élargi. Plus on monte et plus on regarde autour de soi et l’horizon s’élargit. Il faut changer le regard, changer la positon. C’est le sens de l’apprentissage qui impose de pratiquer pour apprendre. Plus on apprend et plus on voit loin et plus on peut faire les choses d’une façon extraordinaire.
Lukas Kandl : Quand on est petit, on raconte des choses invraisemblables auxquelles on croit pour « embobiner » les parents. Ce sont parfois des choses que l’on a rêvées ou que l’on a un peu vécues et que l’on tente de camoufler grâce à l’imagination. J’ai gardé cette imagination d’une façon que je qualifierais de définitive. Est-ce que je suis resté un enfant ? J’ose espérer que oui. L’imagination est quelque chose d’inné dont je ne suis séparé que lorsque je dors… et encore !
CHOQUER
Lukas Kandl : Il faut choquer mais avec élégance. Choquer d’une façon ordinaire est insupportable et n’est pas acceptable. C’est pourtant ce qui se passe actuellement dans l’art conceptuel. Dans certains de mes tableaux, je choque à travers la nudité ou l’érotisme, obligeant l e spectateur à aller au-delà de ce qu’il pense ordinairement. Ce qui le choque au premier degré l’invite à rejoindre le second degré.
