Une Reconnaisance de l’Elue
Cher monsieur Gélis,
Je vous prie de bien vouloir m’excuser, mais je ne sais vers qui me tourner. J’ai entendu dire que les questions spirituelles n’avaient pas de secret pour vous. Et aussi que vous étiez un bon chrétien. J’espère qu’il en est ainsi. Des cauchemars, des visions de Notre Seigneur sur la Croix me tourmentent depuis des mois. Il m’a visité. Il m’a donné ses souffrances.
Ce n’est pas pour moi que je vous écris, mais pour ma petite Maureen, ma fille. Elle hurle la nuit, et me décrit les mêmes cauchemars. C’est une très jeune enfant. Comment cela peut-il lui arriver ? Comment puis-je y mettre un terme avant qu’elle n’éprouve les mêmes souffrances que moi ?
Voir ma fille dans cet état m’est intolérable ; sa mère m’en rand responsable, et menace de m’enlever mon enfant pour toujours. Aidez-moi, je vous en supplie. Dites-moi ce que je dois faire pour sauver ma petite fille.
Soyez remercié,
Ne juge pas ta mère trop durement, Maureen, lui disait-elle doucement. Bernadette t’aime. Sa malédiction est peut-être de t’aimer trop. Mais elle a eu la vie dure, et elle a changé. Tu comprendras quand tu seras plus grande.
L’arrivée d’Easa à Jérusalem fut surveillée par toutes les autorités de la ville, des prêtres du Temple à la garde de Pilate. Les Romains étaient sur le qui-vive, à cause des fêtes de Pâques. Ils redoutaient un soulèvement ou une émeute, provoqués par une résurgence du sentiment national juif. Et comme les zélotes nous accompagnaient, Pilate ne pouvait agir…..
[…] Il est important de savoir qui était Judas Iscariote pour comprendre sa relation avec moi, avec Easa et avec les enseignements du Chemin. C’était un zélote, comme Simon. Il désirait ardemment libérer nos rivages des Romains. Il avait tué pour cette cause, et il était prêt à tuer encore. Jusqu’à ce que Simon l’amène à Easa.
Judas a embrassé notre foi, mais sa conversion au Chemin ne fut ni rapide ni facile. Il venait d’une famille pharisiens, et respectait la Loi à la lettre. Jeune homme il avait suivi Jean et il se méfiait de moi. Avec le temps, nous sommes devenus amis et même frère et sœur, grâce à Easa, le grand pacificateur. Pourtant, en certaines occasions, les anciennes manières de Judas reprenaient le dessus, ce qui n’allait pas sans causer une tension parmi les disciples. Il avait une autorité naturelle, qu’Easa admirait, à l’encontre de certains autres. Mais je compatissais avec Judas. Son destin, comme le mien, était d’être incompris.
Judas croyait que nous devions profiter de chaque occasion d ‘élargir notre influence, et que nous y arrivions en distribuant de l’argent aux pauvres. Easa le nomma trésorier et lui confia la responsabilité d’engranger les dons qui nous permettaient d’aider les nécessiteux. Il s’acquitta de sa tâche comme l’homme intègre et consciencieux qu’il était. Mais il était aussi ennemi de tout compromis.
Notre plus grave dispute eut lieu le soir où j’entrepris d’oindre Easa, à Béthanie, dans la maison de Simon. Je pris une jarre en albâtre qui nos avait été envoyée d’Alexandrie. Elle était emplit d’un onguent coûteux et parfumé. J’en rompis le sceau et passai le baume sur le front et les pieds d’Easa, en le proclamant Messie selon les traditions de notre peuple et selon le Cantique des cantiques, tel qu’il nous fut transmis par le roi Salomon. Pour nous tous, ce fut un moment de haute spiritualité empli d’espoir et de symbolisme.
Mais Judas se mit en colère, et il me réprimanda devant tout le monde. « Ce baume coûte cher ; scellé, il nous aurait rapporté une grosse somme d’argent, qui aurait dû faire partie de ce que nous collectons pour les pauvres ».
Je n’eus pas à me défendre, car Easa le fit pour moi. Il désapprouva Judas. « Tu auras toujours des pauvres, dit-il, mais moi, tu ne m’auras pas toujours. Et permets-moi de te dire une chose ; partout dans le monde où l’on prêchera mon exemple, l’on prêchera aussi le nom de cette femme. Laisse-la faire, au nom de tout ce qu’elle a souffert pour nous ».
Cet incident prouvait que Judas ne comprenait pas totalement les rituels sacrés du Chemin et conforta dans leur opinion ceux qui ne lui avaient jamais fait entièrement confiance. Comme je l’ai dit, je ne lui en veux absolument pas, ni pour cet acte, ni pour aucun autre. Judas avait le caractère fort et bien trempé, il fut toujours fidèle à lui-même.
Aujourd’hui encore, je le pleure.
Chez Francesca :MARIE MADELEINE – LE LIVRE DE L’ELUE

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