Pourquoi on adhère à Sainte Rita
Nul besoin d’être croyant et pratiquant pour être inspiré au quotidien par cette femme atypique que l’Église se décide à canoniser le 24 mai 1900, soit près de cinq siècles après sa naissance. Il est vrai que de nombreux témoignages confirment le fait que son aura dépasse tous les clivages religieux. Son intercession est d’ailleurs toujours recommandée lors de cas désespérés…
Près de Gascia, un petit village situé à une centaine de kilomètres de Rome, durant le mois de mai 1381, la petite Margherita voit le jour au sein d’une famille surnommée les Porte-paix de Jésus-Christ. Sa mère, Amatta Ferri, et son père, Antonio Lotti, sont en effet connus pour avoir la capacité de résoudre les conflits de voisinage à une époque où la vendetta (règlements de compte sanglants entre clans et familles) fait rage. Une jolie légende veut encore que celle que ses parents appellent désormais Rita fut visitée par un essaim d’abeilles dans son berceau sans que les insectes ne lui fassent le moindre mal. Bien au contraire. On raconte aussi qu’un paysan qui venait de se blesser au bras, avec sa faucille, fut instantanément guéri alors qu’il tentait de les éloigner.
L’acceptation
Rita, fille unique, grandit animée d’une foi inébranlable. Elle, dont le désir était de se consacrer entièrement à la vie religieuse, accepte pourtant d’être mariée, à l’âge de 16 ans, à un jeune homme noble et fortuné que tout oppose aux vertus chrétiennes. Violent, buveur, coureur, Paolo Mancini représente l’exact contraire de l’idéal de Rita. Mais il en faut plus pour entamer la confiance que la future Sainte accorde à la Providence. Si cette épreuve lui est proposée, pense-t-elle, c’est qu’elle a du sens. À elle de ne pas se laisser aller à des plaintes sans lendemain. Elle choisit résolument la douceur et la patience plutôt que la haine et la révolte envers son mari, intimement convaincue qu’in fine, c’est lui qui est le plus à plaindre. Sans doute a-t-elle une conscience aiguë que seule la foi peut déplacer les montagnes. Elle décide alors d’offrir ses souffrances pour la conversion de son mari. Paradoxalement et contre toute attente, à la suite de la naissance des jumeaux du couple, Paolo prend conscience des qualités exceptionnelles de son épouse. Son comportement change et le couple traverse une période heureuse. Toutefois, le passé rattrape cet homme qui tombe dans une embuscade en 1416. Rita devient veuve à 27 ans et chargée de famille, de surcroît. Ses peines sont loin d’être terminées car ses deux fils jurent de venger leur père. Rita n’a de cesse d’empêcher un déferlement de violence. Fidèle à sa foi, elle continue à garder confiance malgré la perte de ses deux enfants qui, succombant à la maladie, n’ont pas eu le temps de mettre leur plan à exécution qui en aurait fait des meurtriers. À l’heure du trépas, et aussi surprenant que cela puisse paraître, ils pardonnèrent aux assassins de leur père…
Une espérance sans faille
Sainte Rita, indépendamment de sa croyance, montre l’exemple libérateur d’une vie de lâcher-prise. À aucun moment elle ne laisse les circonstances prendre le pas sur l’authenticité de sa foi. D’autres, devant tant de tribulations, auraient pesté contre un destin si cruel et renié leur espérance. C’est ici que se situe la leçon universelle de cette Sainte. Il est effectivement aisé de discourir d’Amour avec un grand A lorsque rien ne vient troubler nos certitudes intellectuelles. Sainte Rita donne à comprendre que ce sont les actes et le comportement au quotidien qui authentifient une existence consacrée à la paix de l’âme et à la sérénité. Bien sûr, il s’agit-là d’un destin exceptionnel et nul n’est tenu de subir les affres d’un chemin aussi épineux. Cependant, la vie de la Sainte assure qu’il ne faut jamais désespérer. La logique du comportement hors du commun de Rita finit par être un véritable cadeau en ce sens qu’elle accède à son désir, entrant enfin au couvent bien qu’ayant été mariée et mère de famille. Auparavant, les institutions religieuses exigent d’elle que les deux familles rivales, à l’origine de la rixe ayant coûté la vie à son époux, fassent officiellement la paix. Événement qui a lieu devant l’évêque de Gascia en 1417. Ainsi, adhérer à Sainte Rita revient à accéder à une espérance sans faille en analysant tous les liens évolutifs qui se rencontrent objectivement chez tout être humain.
Hélène Vally