Les transformations du lien amoureux
L’autre n’est pas toujours choisi pour les raisons que l’on croit.
Dans l’alchimie de la rencontre amoureuse se jouent et se re-jouent nos histoires d’enfance, nos identifications, nos interdits et nos pulsions. L’autre n’est pas toujours choisi pour les raisons que l’on croit. Le Conscient a toujours ses petites histoires à raconter : la séduction, la complicité artistique ou intellectuelle, les mêmes loisirs, une passion commune, un sentiment de sécurité… mais le véritable moteur se trouve ailleurs, au niveau de l’Inconscient : par exemple, au premier regard elle a reconnu son père, elle a retrouvé la même démarche, le même timbre de voix, ou le même caractère. Ou bien, il a recherché inconsciemment une femme qui le trompe, comme sa mère avait trompé son père…
Première phase de la relation : complémentarité positive superficielle
Nos inconscients sont comme des radars, on peut d’ailleurs s’en émerveiller, en voyant comment, passée la lune de miel, passée la première phase de complémentarité positive superficielle et quand les masques tombent, l’autre apparaît dans sa vérité toute crue.
Deuxième phase de la relation : complémentarité négative sous-jacente
C’est la deuxième phase de la relation où apparaît la complémentarité négative sous-jacente. Le beau prince s’avère être un véritable goujat, la belle princesse une femme tyrannique et castratrice. Et notre radar personnel le savait, puisque justement il avait sélectionné cette personne là pour cette raison. Alors au lieu de se plaindre, de se lamenter sur ce mauvais choix (un de plus…) ne vaut-il pas mieux rechercher dans les mobiles de son Inconscient ?
En accompagnant en thérapie de couple de nombreuses personnes, on observe le mécanisme suivant : pour que survive une part du rêve initial (lune de miel), une part de soi est mise de côté. Pour continuer à plaire, pour garder l’autre et sauvegarder par tous les moyens les apparences, il est possible de se renier soi-même, de se conformer et se soumettre, selon le même modèle que l’enfant qui finit par renoncer à son désir initial devant la pression des adultes. Nombreux sont ceux qui surnagent dans le compromis, les intérêts matériels ou financiers comme ciment d’un couple qui n’en est plus vraiment un. Le désir de rompre peut frapper à la porte, mais il y a souvent la peur comme repoussoir pour envisager de reprendre sa liberté.
Troisième phase de la relation : le dépassement de la complémentarité négative
D’autres couples comprennent le sens profond de la crise qu’ils traversent et sont réellement motivés pour faire évoluer leur relation, en approfondissant le lien amoureux. C’est la troisième phase de la relation : le dépassement de la complémentarité négative qui, rendue peu à peu consciente, finit par s’épurer et être complètement transcendée. Pour y arriver, le chemin peut être long et semé d’embûches : retrouver son axe, sa pleine autonomie et continuer à être vraiment soi-même, tout en partageant sa vie avec l’être cher. Ecouter vraiment, mais sans se perdre. Parler de soi au lieu de parler sur l’autre, et envoyer des messages JE… « Je me sens en colère, je suis fatigué et j’aimerais rester seul(e) pendant une heure » « J’ai besoin d’ouvrir moi-même le courrier qui m’est destiné… » etc. Vérifier son ressenti : « je sens que tu m’en veux, est-ce que c’est vrai ? ».
S’affirmer en respectant l’autre, poser des limites afin de clarifier ce qui pour soi n’est pas supportable. L’écoute s’apprend et se travaille ; il faut parfois l’aide d’un professionnel pour se prémunir des pièges de la communication.
Ainsi, ce qui met le couple en péril peut s’avérer être un cadeau, un « tremplin » pour approfondir l’amour. Cette exploration dans la relation amoureuse entre deux êtres permet de donner à l’amour une dimension authentique, tout en l’enracinant dans une sexualité épanouie.
Il s’agit de trouver en soi les ressources pour conjuguer durée et créativité, amour et liberté. En approfondissant la relation, le couple avance vers la maturité, en sortant de la lutte de territoire, de pouvoir. Chacun a renoncé à changer l’autre…
Ce ne sont plus deux personnalités qui s’affrontent, mais deux êtres qui se ren-contrent.
Par Philippe Fréquelin
Psycho-Praticien sur le blog de Francesca http://channelconscience.unblog.fr/

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