ETRE CONNECTE A L’ENSEMBLE DU VIVANT

 

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Tu dis dans une interview vidéo qu’être un chaman « c’est être connecté à l’ensemble du vivant » que signifie « être connecté à l’ensemble du vivant » lorsque je prends le métro ou que je suis au travail ou avec les enfants, peux-tu nous expliquer plus en détail ?

Il faut au moins deux choses. La première c’est avoir eu l’ouverture. Si par exemple, vous voulez vous connecter aux odeurs, il est important que vous ayez l’odorat. Donc pour un chaman, la première des étapes c’est ouvrir l’ensemble de ses sens et ouvrir aussi la géométrie de l’intestin, c’est-à-dire le filtre qui donne une réalité aux vibrations du monde qu’il reçoit. La seconde chose c’est d’avoir conscience de sa fonction. Sa fonction est qu’il est le gardien de l’harmonie. Ce qui est à l’intérieur est le reflet de l’extérieur. Donc quand l’extérieur le touche, il se connecte à la partie intérieure qui est sollicitée. Pour qu’il y ait connexion, il faut que les deux parties soient réunies. Et pour lui, c’est la vie qui le connecte. De fait, la vie est constamment celle qui enseigne. Alors quand il est dans le métro, il ne se ferme pas, il ne va pas dans la source de paix qui est en lui, mais se laisse, comme une feuille, porté par le vent des vibrations extérieures.

Quand ces vibrations extérieures, supposons, amènent de la colère, parce qu’il rencontre quelqu’un qui est en colère, il touche la partie intérieure de lui où il reste une porte où il reste peut-être une petite colère mais où il y a la racine ou la graine de la colère. À ce moment-là, il se met en conscience dans cette colère et en fait juste une saison. La colère, ça peut être la frustration donc à ce moment, il laisse venir ce qu’il se passe pour lui avec la colère et la transforme dans la « loi de la vie ». Ainsi l’énergie qu’il va dégager, comme elle sera aussi connectée au monde extérieur qu’il a provoqué, va créer une goutte de vin dans cet ensemble important que peut être la colère et va peut-être permettre une transformation de l’énergie, à son niveau, mais aussi au niveau connecté.

Voilà ce que c’est qu’être dans le métro quand on est un chaman, ou ailleurs. On est toujours en mouvement et on pense que la vie, telle une vague qui percute constamment sur les rochers, que la vie nous sculpte et qu’on est dans un incessant mouvement.

Qu’est-ce que tu appelles « la troisième voie » dans ton approche chamanique ? 

La troisième voie est le schéma de réunification entre le cerveau droit et le cerveau gauche. Le cerveau gauche est surdéveloppé dans le conditionnement occidental. Le cerveau droit est surdéveloppé dans le conditionnement des peuples racines que j’enseigne.

Le cerveau gauche est le gardien de la permanence culturelle, de la culture que l’on transmet de père en fils, de génération en génération depuis des milliers d’années. Ce qui fait qu’on dit « in fine l’homme n’évolue pas ». Pourquoi ? Parce que chaque génération transmet sa réalité du monde à l’autre génération et que notre culture est essentiellement empirique. On construit une ligne droite, une verticalité, et effectivement, à un moment, on arrive dans des extrêmes qui font que le monde va s’effondrer. Dans le cerveau droit, on est dans la « perma-culture », qui est aujourd’hui un outil alternatif extraordinaire de connaissances pour chacun. La perma-culture c’est la permanence de la culture c’est-à-dire l’éternité dans le cycle. On sait que tout vient, tout meurt. On est contre l’attachement. Et c’est la transformation qui crée le mouvement. C’est garder l’équilibre dans ce renouveau essentiel.

On ne construit pas, on n’en fait pas un trésor, on danse !
Voilà les deux. Aujourd’hui, il y a quelque chose d’extraordinaire c’est qu’il faut trouver l’éternité dans le mouvement, sans peur. La physique quantique a approché ce concept sur le plan mathématique mais effectivement notre conditionnement ne peut pas entendre ça, ne peut pas entendre que je suis l’auteur de la réalité. Par contre, c’est ce qu’ont vécu au quotidien les peuples racines dont je me sens très proche. Alors on peut réunir les deux : l’application avec la théorie ! Et cela, c’est tout simplement rééquilibrer notre cerveau droit et notre cerveau gauche.

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Tu expliques que nous passons au niveau collectif une période « extrêmement violente »… faut-il accepter de passer de vieux repères à de nouveaux repères ou de vieilles valeurs à de nouvelles valeurs ? 

Mais bien sûr que l’on est dans une période violente. Mais qu’est-ce que ça veut dire violente ? Ça veut dire que l’on a des contractions parce que toute naissance est une souffrance. Même si on met la péridurale.

Mais ça veut dire quoi une naissance ? C’est quand même, pour le bébé, un passage extraordinaire. On passe du monde aquatique au monde terrestre. On perd, là-aussi, la moitié de son corps, le placenta et il va falloir développer une partie que l’on ne connait pas et pourtant que l’on a fabriqué, qui sont les poumons.Alors ceci résume ce qui nous arrive. Nous sommes à la fin de quelque chose. Comme le ver à soie qui doit devenir un papillon, nous avons à vivre cette phase de mutation, où l’on va perdre certaines choses, où l’on ne sait pas ce que l’on va trouver et où on a construit, surement, à l’intérieur de nous, quelque chose qui est à développer pour pouvoir être adapter au monde de demain.

Qu’est-ce qui fait qu’un indien le vit mieux qu’un occidental ? C’est que l’occidental c’est la culture du mort, c’est-à-dire « on préserve ce qui a été ». Donc on est le ver à soie qui a beaucoup travaillé pour avoir plus de feuilles et on n’a aucune envie d’aller dans le cocon pour se transformer. Voilà pourquoi on a un vrai problème aujourd’hui.

Mais si on rééquilibre les deux cerveaux, le droit et le gauche, alors on a l’intuition qu’on va là où on doit aller, que cette transformation, on a les outils pour le vivre et on préserve la confiance en la vie, qui est la valeur essentielle qui reste dans toute l’éternité.

Quelle est la place de la sexualité et du désir sexuel dans ton enseignement chamanique ? Est-ce que pour toi la sexualité s’oppose à la spiritualité comme dans certaines traditions ou es-tu plus proche du Tantra ?

Mais ça, ça ne peut arriver que dans un conditionnement d’un cerveau occidental ou d’un cerveau vertical. La spiritualité est au même titre que la sexualité. On est dans le même niveau, on est dans l’expression de la vie. La sexualité est une expression de la vie, une porte de plus dans laquelle je rencontre l’autre et une porte de plus qui me connecte à la source.

Voilà ce que c’est que la spiritualité. Ni plus, ni moins. Elle peut être dans un premier temps l’expression de la reproduction comme on le retrouve partout ; cette pulsion qui fait que l’espèce se reproduit. Elle peut être un champ de jeux, elle peut être un champ qui va dans cet espace, qui est un espace qui ramène à la source. Ce sont des espaces essentiels à la vie. Donc il n’y en a pas un de plus que l’autre. La spiritualité est une expression de la vie.

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Que penses-tu de cette « nouvelle tendance » dans le milieu spirituel, être poly-amoureux ou poly-amoureuse ? Crois-tu vraiment que ce soit possible de vivre avec plusieurs partenaires sans se blesser et se perdre dans la jalousie ? 

Dans le schéma amérindien, cette question ne se poserait pas. A nouveau, la relation à l’autre dépend de la nature de chacun. Certaines des espèces sont polygames, d’autres vivent en couple ; on le trouve chez les oiseaux ou comme chez les mammifères, comme chez toutes les autres espèces. Nous faisons partis des espèces de la terre et donc certains hommes ou femmes ont besoin de multiples partenaires et d’autres, ont un tempérament plutôt fidèle. Ça, c’est la réalité de l’incarnation et on reste au plus près de la réalité de son incarnation.

Dans un autre cadre, qui est la voie du chaman, on doit pouvoir s’accoupler avec le monde. C’est-à-dire à tous les gens, mais aussi avec les arbres, avec la terre, avec les animaux, avec la sève qui se trouve dans une fleur. On doit pouvoir s’accoupler à tout. Donc ça va au-delà du poly-amoureux ou poly-amoureuse. Mais dans ce cadre (celui du chaman), on utilise un outil extrêmement érotique, extrêmement sensuel, et qui amène dans des états de transe et d’orgasme aussi profond qu’un rapport sexuel, c’est-à-dire le tambour. Dans le battement du tambour, on laisse monter la transe et ça nous ouvre une porte vers un voyage incroyable. Et dans ce voyage, l’accouplement aux énergies du monde se font et se confondent et nourrissent l’être vivant. Dans le rapport sexuel, avec un-e partenaire, l’autre est aussi un tambour qui nous mène à la source mais il-elle nous y amène avec le côté limité de l’espèce.

Au quotidien, dans tes journées, comment tu fais pour essayer de rester dans la pleine conscience ? 

Eh bien, c’est un peu ce que je disais au début de notre entretien. C’est-à-dire que si j’ai ouvert mon odorat, je ne suis pas en train de penser : « je sens des choses ». Par contre, je dois garder, et c’est ce qui est le plus difficile, cette fraicheur du moment où j’ai enfin senti le parfum. Et cela, nécessite tout simplement je crois, de rester dans la joie du vivant. C’est ce qui permet d’être le mieux connecté à la pleine conscience.

 

Tu as créé le centre Le Cœur du Hérisson à 1H15 de Paris, dans la vallée de la Charentonne. Le lieu permet d’héberger environ une trentaine de personnes, il s’y passe différents types de stages (yoga, chamanisme, thérapie etc..) et des rencontres de personnes « connectées », que souhaites-tu développer à travers Le Cœur du Hérisson ?

Qu’est-ce que j’attends du Cœur du hérisson que nous avons créé, il y a 10 ans, avec mon mari ? Je n’attends rien, je laisse la vie faire. Le Cœur du hérisson c’est comme un utérus : viens s’y déposer ce qui doit s’y déposer. Viens naitre ce qui doit naitre. Moi, je m’en réjouis parce que je suis juste la gardienne, pour quelques temps, de ce lieu. Il y en aura d’autres après moi. Mais en attendant ce qui sera né appartient à la vie et donc amène la joie. C’est un utérus, c’est une énergie extrêmement puissante car elle donne le leurre que l’on peut tout contrôler et en fait, ceux qui viennent ici se laisse déstabiliser par la paix qui y règne. C’est une joie pour moi tous les jours que ce lieu soit ensemencé en permanence par des êtres merveilleux.

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Interview complète de Gislaine Duboc sur sa vision du chamanisme :

Image de prévisualisation YouTube

 

Eveil chamanisme (agenda, vidéothèque et le blog) :
http://eveil-chamanisme.fr/

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