Archive pour le 2 mars, 2016

La désautomatisation et la régression

 

Cette méditation vipassana solitaire fut l’occasion de réaliser une petite expérience de chimie amusante sur notre propre esprit. Devant moi, j’avais disposé un papier portant un mot neutre, écrit en gros caractères : « CHAISE ». Difficile de trouver plus banal. Bientôt, la séance m’emmena avec fluidité vers une concentration silencieuse et lointaine. Au bout d’un temps indéfini, j’ouvris les yeux ; ils se posèrent sur la feuille blanche ; le mot était toujours là, immobile et sage. Mais il était différent ; quelque chose d’imperceptible et bizarre l’altérait, que ni l’oeil ni la raison ne parvenaient à saisir. Etais-je devenu le jouet d’une illusion d’optique ? Non, puisque l’aspect des lettres était semblable…

REVE

L’éclairage de la pièce était-il différent ? Pas davantage… Comme cette sensation étrange gagnait en densité à chaque moment, ma conscience finit par comprendre ; le sens du mot s’estompait dans mon esprit, comme si ce qu’il avait l’intention de représenter perdait en force. Le dictionnaire d e ma mémoire avait cesse  de lui offrir une définition percutante, et il se transformait en un fade assemblage de lettres, sans plus de mission, qui n’évoquaient plus rien dans mon esprit.

Courageux et téméraire, je laisse l’expérience se poursuive en fixant à présent mon attention sur la lettre E. Au bout de quelques instant, sa réalité m’apparut également. Elle cessait de susciter dans mon esprit l’éclosion automatique de son « eu », dont elle était pourtant la représentante ; Désormais, ma conscience la percevait comme le simple assemblage de trois barres horizontale s, unies à leur gauche par une barre verticale. Elle était devenue aussi peu signifiante que l’idéogramme d’une écriture dont je n’aurais rien connu. A ce moment précis, un sentiment profondément enfoui surgit à mon insu, et me fit sourire ; je ressentais de nouveau la même curiosité fraiche et naïve qu’à l’époque de mon enfance où, ne sachant pas encore lire, les lettres n’étaient encore pour moi que d’intrigants dessins.

Ce phénomène, dit « régressif », est nommé désautomatisation par certains auteurs. Il est aussi stupéfiant à comprendre qu’à vivre ; dans cette expérience de nature authentiquement mystique, l’esprit devenu flexible abandonne une partie de son fonctionnement pour renouer avec d’autres, bien plus anciens, mais qu’il avait désinvestis. Le terme désautomatisation suggère que certains automatismes du cerveau adulte sont momentanément neutralisés, au profit d’une régression qui ravive des fonctionnements propres à l’enfance – voire à la toute petite enfance. La désautomatisation ne se rencontre pas que dans les expériences mystiques, puisqu’elle est aussi décrite dans certains états de conscience modifiés par l’hypnose.

C’est pourquoi en méditation et dans les états hypnotiques cette régression vers certains modes de pensée ou de fonctionnement propres à l’enfance ouvre la conscience à des pans entiers de connaissance, qui étaient masqués par les « logiciels » de notre pensée adulte. Une connaissance que nous avions déjà vue à la fois si étrange et si familière. Etrange, par sa nature purement intuitive et affective, sans réflexion, sans conception intellectuelle.  Et familière également, car cette façon de connaître le monde est proche de celle que les enfants peuvent avoir ; mais aussi les grands sages, tout comme le suggère poétiquement le titre d’un article de psychologie cognitive : « Il y a un mystique dans toute personne ».

Voilà peut-être pourquoi ces véritables « retours en arrière » du cerveau expliqueraient les ressemblances que les expériences mystiques partagent avec les vécus de notre enfance ; la réalité intense de l’expérience ; sa coloration saturée ; le caractère entier et absolu des ressentis ; et ce quelque chose d’ineffable, hors de portée du langage.  D’ailleurs, on peut retrouver des traces de la désautomatisation dans les textes sacrés. Dans la mystique juive, un midrach évoque dans une belle parabole cette connaissance originelle qui imbibe l’enfant avant sa naissance, et qui disparaît ensuite ; le fœtus, dans le ventre de sa mère, possède la totalité de la connaissance du monde, celle de la matière comme celle de l’esprit. Tout l’univers lui est familier, mais d’une façon claire et absolue, sans mot ni pensée pour la limiter. Mais au moment de naître, il oubliera à jamais cette connaissance native. Et dans la vie terrestre il tentera sans relâche de renouer avec elle, à travers le savoir, hélas relatif, que lui prodiguera sa pensée conscient et limitant.

EXTRAIT DU LIVRE : MEDITER C’EST SE SOIGNER sur le  blog de Francesca http://channelconscience.unblog.fr/

LA MEDITATION BOUDDHISTE

 

La pratique de la méditation, si elle n’est pas universelle, a certainement été toujours largement répandue. Les chasseurs tribaux guettant le gibier, comme les méditants, demeuraient physiquement  immobiles et mentalement concentrés. Les chamanes de ces sociétés tribales méditaient de même dans la solitude lors de leur quête de la vision des esprits. Même à l’aube du bouddhisme existait une très grande diversité de pratiques méditatives. Mais toutes étaient fixées sur un même but : se libérer du samsara, la ronde sans fin des renaissances.

Tout comme les sages des Upanishad hindoues qui s’efforçaient d’identifier leur âme personnelle à l’âme universelle, les bouddhistes recherchaient l’absolu. Cependant, l’absolu bouddhiste n’était pas une absorption dans l’âme universelle, mais l’atteinte du nirvana, une condition intérieur du non-soi  ultime. La meilleur façon d‘atteindre cet état consistait à devenir moine, ce qui facilitait l’atteinte de la perfection morale. Non seulement les émotions de colère, de haine et de désir sexuel étaient considérées comme corruptrices, mais la vie émotionnelle elle-même pouvait troubler le processus méditatif.

Telle qu’elle est rapportée dans un long poème : Les Actes du Bouddha, la première méditation du Bouddha survient ors d’une sortie dans la forêt avec quelques compagnons de cour. L’expérience du futur Bouddha, aisée et naturelles, ’élève spontanément au contact de trois stimuli.

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Le premier est l’aspiration à la paix spirituelle.

Le second est la réaction compatissante du Bodhisattva à la vue des laboureurs, des bœufs épuisés et des petites créatures tuées par la charrue.

Troisièmement, la méditation a lieu quand le Bodhisattva s’est soudain séparé avec soulagement de ses compagnons, avec le désir intense d’atteindre la clarté de l’esprit.

Cette expérience se produisit avant son départ d la cour paternelle. Plus tard, quand après avoir renoncé au luxe de la vie, le Bodhisattva errant vint s’entraîner avec des maîtres de méditation, il fut vite capable d’atteindre les états de conscience correspondant aux plus hautes expériences de ses maîtres. Non satisfait de ce niveau, le futur Bouddha partit achever seul son Eveil.

Le Satipatthama Sutra (fondements de l’attention) est le plus célèbre des discours sur la méditation. Alors que le premier stade de jhama découle de la pratique d el « concentration juste » prescrite dans le Chemin octuple, la méditation d’attention vient de « la conscience juste » du Chemin octuple. Si la concentration est utile à l’atteinte de la quiétude (samatha), la conscience claire qui s’élève une fois la quiétude établie peut mener le méditant à l’Eveil complet.

Dans ce Sutra, le Bouddha analyse les quatre « fondements de la conscience claire ». Pour atteindre une complète conscience, le pratiquant doit se fixer sur les cinq agrégats de l’être humain, c’est-à-dire le corps, la sensation, la perception, les formations mentales et la conscience ordinaire avec leurs traves karmiques. Le Maître décrit les conditions et l’environnement propres de la médication. Le bhikkhu, doit se rendre en forêt, au pied d’un arbre ou dans un lieu désert. Assis les jambes croisées, le corps droit, il éveille la claire conscience de sa respiration : « Conscient il inspire : conscient, il expire. En pensant « j’inspire lentement », il comprend qu’il inspire lentement. Et ainsi de suite en de longues ou brèves inspirations et expirations. « Observant les sensations du corps entier, en calmant les activités du corps, je vais inspirer ». Ainsi s’entraîne-t-il.

En observant la respiration, le pratiquant médite sur la vie et le mouvement du corps. Ce n’est pas différent de la concentration qui entre dans un processus non méditatif ordinaire : « Ainsi qu’un intelligent tourneur de bois qui donne un tour long comprend « je tourne long », ou quand il donne un tout court comprend « je tourne court », ainsi en est-il de la contemplation du souffle. Il vit ainsi, contemplant le corps de l’intérieur et contemplant la naissance des phénomènes dans le corps et leur dissolution dans le corps […]. Il vit ainsi, indépendant et sans s’attacher à rien dans le monde ».

L’exercice est répété à propos des sensations, des perceptions, des objets mentaux et de la   conscience. La méditation d’attention peut être pratiquée aussi, couché, debout ou en marchant. Une telle conscience aiguë, instant après instant, s’applique à tous les détails ordinaires de la vie : en mâchant, en goûtant, en avalant, en urinant etc… Par l’observation continuelle de soi, les méditants en viennent à connaître leur vie passée et présente et à en comprendre les changements perpétuels.

L’inspiration et l’expiration sont interprétées comme un signe de la vie et de la mort. En observant la respiration, le pratiquant développe une conscience approfondie du processus de « montée et de déclin » qui est la marque de toute vie. Plutôt que de développer une « connaissance de soi », la méditation d‘attention conçoit la vie comme une série mouvant de processus impersonnels où l’ego se dissout dans le flot des phénomènes. Indifférents dans leur équanimité à la joie ou à la douleur, les pratiquants voient les choses telles qu’elles sont – pleine de souffrance, transitoires, sans soi – telles que le Bouddha les a décrites.

 Quand cette abstractions devient une expérience, les phénomènes « extérieures oud ans la conscience individuelle deviennent simplement ce qui EST.

Propos de Tom Lowenstein sur le blog de Francesca http://channelconscience.unblog.fr/

Publié dans:MEDITATION |on 2 mars, 2016 |Pas de commentaires »

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