La lune et le calendrier
Pour évoquer cette question nous nous appuierons sur l’excellent travail du Druide Auetos : « Le calendrier des Druides » .
Par ses rythmes et ses changements d’apparence, la Lune encadre le temps sacré de la tradition druidique. Les traces de calendrier et en particulier le calendrier de Coligny nous indiquent que le temps traditionnel était déterminé par les cycles respectifs de la Lune et du Soleil. Nous parlons dès lors d’un calendrier druidique soli-lunaire dont le décours et les moments clefs découlent des rapports respectifs du Soleil et de la Lune. Dans le calendrier « sacré » des Druides, la Lune marque les mois. Ou plutôt les mois sont déterminés par le cycle lunaire et pour respecter ce dernier alternent les mois pairs en 30 jours et les mois impairs en 29 jours.
Les premiers sont qualifiés de « matus » (bons) les autres « anmatus » (incomplets et donc non-bons). Chaque mois lunaire est composé de deux parties, l’une dominée en son milieu par la pleine lune tandis que l’autre est dominée par la nouvelle lune. Si la déclinaison du calendrier Druidique sur des cycles pluriannuels demande de compléter ce modèle de base nous pouvons affirmer que la position et la forme de la lune dans le ciel nocturne sont des éléments constitutifs de la pensée philosophique si ce n’est religieuse des Druides .
De la forme et position de la Lune naissent différents équilibres ou déséquilibres à la base d’une harmonie ou d’une disharmonie cosmique . Les Hommes soumis au temps vivront selon ces rythmes des jours harmonieux et d’autres non harmonieux.
Ce que des concepts plus tardifs nommeront fastes et néfastes. Cette polarisation constitutive se répète en permanence dès lors que l’on aborde la question du temps. Il y a ainsi le jour et la nuit, le ciel nocturne et le ciel diurne, le Soleil et la Lune, la saison claire et la saison sombre. Les rapports des uns avec les autres s’affinent encore lorsque l’on tient compte des périodes intermédiaires, crépuscules ou inter-saisons. Si nous consentons à simplifier les choses nous avons donc un premier couple nuit/jour. Ce couple, complété par les périodes crépusculaires génère 4 états : 2 états en apparence opposés et deux états intermédiaires, états d’équilibres qui correspondent symboliquement à des moments de mouvement, de passage ou encore de Vie/Mort.
Il en sera de même des aspects apparents de la Lune qui bien que soumis à une transformation linéaire sont reconnus par 4 aspects (quartiers). Le premier quartier est dit croissant, suit la pleine Lune, le décroissant puis la nouvelle Lune.
Pour les Druides le premier quartier de Lune a une grande importance symbolique et magique. C’est au 6ème jour de la Lune qu’ils font commencer leurs mois, années et siècles et c’est entre autre à ce moment qu’ils opèrent la cueillette rituelle du gui sur l’arbre sacré. Réactivant sans doute par là un fait mythique et cosmogonique .
Si le calendrier luni-solaire permet de marquer le temps, le caractère changeant de la Lune induit (de son propre fait) un certain nombre de combinaisons qui selon leur origine seront harmonieuses ou non harmonieuses. Pour dire les choses autrement, si le Soleil varie dans sa course, il ne varie pas dans sa forme.
En revanche, la lune varie à la fois dans sa course et dans sa forme ce qui lui donnera une dynamique forte propre à désigner une qualité particulière de courte durée. Le cycle de luminosité apparente de la Lune est sans doute le plus apparent. Dans le mois, la Lune actualise et amplifie le cycle nuit/jour. La pleine Lune est la plus lumineuse et la nouvelle Lune la plus sombre. Les symboles et énergies associés aux formes visibles de la Lune seront donc importants et en capacité à supporter un système magico-religieux important .
Il semblera donc logique de mener l’action lors de jours favorables et de s’abstenir lors des jours qui ne le sont pas. Certains mots apparaissant dans le calendrier de Coligny semblent désigner ces jours ou périodes « favorables à » ou « défavorables à ». Ce sont des jours en accord avec certaines opérations magiques, ou encore avec certains rites en dédicace aux Dieux. La traduction de certaines annotations disposées sur le calendrier de Coligny nous donne des indices sur ce qui pouvait être indiqué selon la nature des jours mais ne nous donne aucune indication détaillée. Chaque collège Druidique déclinera ceci selon sa propre tradition, sachant que ce qui les relie est bien le concept et la nature du temps réglés par les rapports réciproques des luminaires.
Sur la base de ces quelques remarques il est aisé d’imaginer le calendrier lunaire comme un calendrier des rites. Le mouvement de la Lune est rapide, son cycle est mensuel. L’astre lunaire lui-même, se transforme comme s’il était soumis à ses propres lois. Tour à tour puissant, en devenir ou invisible, il semble changer de visage à l’instar de ces divinités celtiques aux visages multiples. Que la Lune ait été liée à la magie, aux transformations et aux mouvements de la vie était naturel. Qu’un calendrier lunaire ou soli-lunaire soit un instrument pour déterminer la nature, le moment et la vocation des rites est tout aussi naturel. Nous conclurons ce bref article sur ces mots en invitant le lecteur à se laisser inspirer par la magie de la Lune, de ses cycles, mouvements et métamorphoses. Il entendra alors sans doute le chant de la Vie dans toute sa diversité et sa richesse.
(Magazine Lune Bleue/ LWE) et le lien : http://la-lwe.bbfr.net .

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