Quelles preuves attendre d’une réincarnation
On n’a pas encore pu prouver l’existence de l’âme, aspect permanent de l’homme, par une démonstration indiscutable. On n’a guère plus de chances de prouver les pérégrinations de l’âme d’un corps à un autre.
L’âme n’est pas une entité objective, pouvant être saisie par les sens d’un observateur. On ne peut (jusqu’à présent) la suivre dans ses évolutions, d’une incarnation à l’autre. On ne connaît de l’âme que ses effets. On l’aperçoit en ombres chinoises. De même, on ne connaît de la conscience que des effets : des états de conscience, rendus possibles par le fonctionnement d’un instrument approprié — physique ou subtil. Selon toute probabilité, on ne détectera jamais de la réincarnation que des effets. Et c’est bien là le drame : des causes fort différentes peuvent produire les mêmes effets apparents. Quel que soit le cheminement suivi dans l’apparition d’une preuve, il passe toujours par un être humain — en particulier par les coulisses de son psychisme. Autrement dit, par le laboratoire le plus prodigieux dans ses capacités de production d’images, à partir de matériaux puisés dans son propre fonds, ou dans la sphère psychique collective, et sous l’impulsion des stimulations les plus diverses.
À ce jour, on n’a pas encore prouvé l’inexistence de la réincarnation
Quand un individu apporte un témoignage de la réincarnation, il convient en premier lieu de chercher à préciser les conditions dans lesquelles il a été recueilli, et jauger la fiabilité du témoin. Et avant de conclure à la réincarnation, il faut se souvenir qu’il y a bien d’autres explications possibles, à éliminer d’abord par une critique sérieuse. C’est la méthode scientifique suivie par Ian Stevenson dans ses enquêtes.
Les ressources de la psychologie et de la psychanalyse sont à exploiter avant d’attribuer à la réincarnation les scènes (souvent violentes) vécues par un sujet soumis à l’une des techniques connues de régression dans les « vies antérieures ». L’analyse du contenu et du déroulement de ces scènes est souvent révélatrice de problèmes sous-jacents au fond de la personnalité actuelle. Certains psychiatres assurent d’ailleurs que ces problèmes ont parfois leur racine… dans l’incarnation précédente
Les expériences de parapsychologie menées scientifiquement ont confirmé l’existence de pouvoirs tels que télépathie (transmission de pensée entre deux sujets), clairvoyance (perception extra-sensorielle d’informations : objets, images, paysages…), psychométrie (perception d’images, d’événements induite par le contact d’un objet, l’atmosphère d’un lieu, etc.).
L’existence d’une trace permanente des événements, d’une sorte de mémoire de la Nature enregistrée de façon indélébile (dans la Lumière Astrale, la psychosphère de la terre, ou la noosphère nouvellement « découverte » par des Soviétiques) s’accrédite de plus en plus. Les électrons de Jean Charon viennent aussi à la rescousse avec leur mémoire de surdoués.
Résultat : un individu armé de pouvoirs parapsychologiques semble bien se trouver en mesure de pêcher des informations, là où il faut, pour « raconter une vie passée », qu’elle ait été réellement vécue par un autre, ou qu’elle soit forgée d’éléments disparates, en procédant
— a. par télépathie, en puisant dans le mental de personnes vivantes des détails « criants de vérité »
— b. par clairvoyance, en collectant à distance des images existantes, ou en puisant dans un livre ou un registre de mairie des informations précises pour donner du corps à un récit
— c. par lecture des archives permanentes de la Nature où est consignée toute l’histoire des hommes.
Bien entendu, le sujet peut exercer ces pouvoirs sans le savoir lui-même. On ne peut jamais écarter cette hypothèse parapsychologique, surtout dans les techniques de régression où ces pouvoirs sont sollicités.
Un vivant peut être « possédé », transitoirement par ce qui semble la personnalité d’un défunt, comme lorsqu’un médium paraît complètement métamorphosé en une autre personne aux yeux des assistants. Il est rare que ceci arrive à l’état normal.
On peut imaginer des situations où une personnalité vivante serait seulement parasitée par les restes psychiques d’un défunt : elle conserverait alors son identité, tout en se sentant un peu dans la peau de l’autre personnalité qui la colonise, et en se souvenant ainsi d’une vie passée — qui est peut-être celle d’un inconnu.
Comme on le voit, avant de conclure à la réincarnation, nous avons une longue liste d’hypothèses différentes à écarter.
La vérité sort de la bouche des petits enfants. On les sait inventifs, mais pas au point d’imaginer des histoires complètes, avec une foule de détails, mettant au jour une vie antérieure vérifiable. C’est l’intérêt des cas Stevenson. À lire les descriptions qui en sont faites, on a vraiment l’impression qu’une ancienne personnalité a « repris du service » dans un corps neuf, à côté d’une nouvelle qui va s’affirmer petit à petit, au point d’oublier l’intruse : les souvenirs de vie passée s’effilochent avec le temps. Souvent d’ailleurs ils n’apparaissent chez l’enfant que sous l’effet d’un choc émotif (chagrin, gronderie, etc.).
Au moins dans les cas très forts, la réincarnation semble bien la bonne explication, lorsque des dizaines de points précis se vérifient.
(Extrait de La Réincarnation, Des preuves aux certitudes Éditions Retz 1982)