Les cycles lunaires et leurs influences
Environ deux semaines après la phase la plus brillante de la Lune, la nouvelle Lune se lève avec le Soleil, laissant le ciel nocturne à la seule lumière des étoiles. L’ensemble du cycle dure environ 29,5 jours d’une nouvelle Lune à l’autre.
A la pleine Lune, la Terre se trouve entre la Lune et le Soleil, et nous apercevons la Lune, telle une grande pièce argentée brillante. Les nuits suivantes, cette pièce se rétrécit lentement, et le ciel nocturne s’assombrit. Chaque soir, la Lune se lève environ 50 minutes plus tard, construisant petit à petit un «canal d’obscurité» entre le coucher du Soleil et le lever de la Lune, emprunté par les prédateurs pour leur chasse nocturne.
En Tanzanie, le Soleil se couche à 19 heures toute l’année, ce qui n’empêche pas les gens de continuer leurs activités extérieures bien après la nuit tombée. Cependant, c’est sans compter, la présence des lions… Si ceux-ci ne chassent pas sous la pleine Lune, au fur et à mesure que la lumière lunaire diminue d’intensité, leurs créneaux de sortie pour la chasse augmentent, leur permettant ainsi de parcourir plus de distance pour trouver leur proie. Ainsi, des chercheurs ont constaté que les attaques de lions sur les humains avaient essentiellement lieu dans les 10 jours qui suivent la pleine Lune.
Lorsque la Lune passe dans notre ciel pendant la journée, se levant à l’aube et se couchant avec le Soleil, certaines cultures appellent cette phase «la lune noire», d’autres «la nouvelle lune». Quelque soit le nom qu’on lui donne, ces nuits pendant lesquelles la lumière se fait plus rare, permettent à de nombreuses créatures de sortir de leur tanière.
Les eaux des Philippines sont au cœur du Triangle de corail, une région à l’ouest du Pacifique remplie de centaines de récifs coralliens et de milliers d’espèces de poissons de récif. Les pêcheurs traditionnels de l’île de Samal profitent ainsi de la richesse de ces eaux environnantes. En étudiant les prises de ces pêcheurs, les chercheurs ont remarqué une tendance : au cours de la pleine Lune et des jours qui suivirent, les poissons de récif étaient difficiles, voire impossibles à trouver, alors que les jours de nouvelle Lune, plus de 80% des étals de marché proposaient toute une variété de poissons de récif. En effet, durant les nuits sombres autour de la nouvelle Lune, les poissons, moins susceptibles d’être vus par des prédateurs aquatiques, sortent de leur repère, au grand bonheur des pêcheurs environnants.
On retrouve aussi ce fonctionnement avec des espèces terrestres. Par exemple, dans le parc national de Doñana en Espagne, les chercheurs ont observé que les lapins, tapis dans leurs terriers pendant la pleine Lune, s’aventurent à l’extérieur, à la nouvelle Lune, répondant ainsi, à un changement de comportement des prédateurs, plus susceptibles de sortir chasser à la pleine lumière de la pleine Lune.
Dans de nombreuses cultures, la Lune est associée à l’Amour, à la romance, et plus généralement aux comportements passionnés et irraisonnés chez l’Homme. Et, à vrai dire, si l’influence lunaire n’est pas avérée chez l’Homme, la «romance lunaire», n’est pas un mythe chez les invertébrés.
Le long de la Grande Barrière de corail en Australie, les chercheurs et les plongeurs affluent en effet, chaque printemps austral, pour voir la symphonie des coraux libérant leurs gamètes, tous à la fois, quelques jours après la pleine Lune. Lorsque les chercheurs examinèrent de plus près ce phénomène, ils constatèrent qu’un gène encodant une protéine du corail, sensible à la lumière bleue, s’exprime les nuits de pleine Lune.
Cinq jours plus tard, les coraux commencent à frayer. Chez d’autres espèces, les cycles lunaires modifient l’environnement, permettant ainsi l’apparition de la prochaine génération (comme les marées rythment par exemple, l’afflux de nourriture de certaines espèces et, par là même, leur cycle de reproduction). De récentes recherches ont également mis à jour, des espèces qui utilisent les cycles lunaires pour trouver leur nourriture, ou pour trouver leur congénères, bien que la lumière de la Lune ne leur soit pas accessible, prouvant ainsi l’existence d’une horloge interne circalunaire, qui, associée au rythme circadien, permet à l’animal de survivre. Les gonades du ver marin Platynereis dumerilii, par exemple, maturent suivant le cycle lunaire. Arrivés à maturité, les vers libèrent leurs gamètes autour de la nouvelle Lune.
Des recherches en laboratoire, menées sur ces vers, ont démontré que les vers respectent ces cycles, même lorsqu’ils sont privés de la lumière lunaire. Si les recherches menées sur l’influence des cycles lunaires sur les comportements d’humains, ont été étonnamment contradictoires jusqu’à présent, une nouvelle recherche suggère que le cycle lunaire pourrait effectivement avoir un effet sur la qualité du sommeil. Menée par des chercheurs de l’Université de Bâle en Suisse, cette étude, a, en effet, constaté que même, en milieu clos, et en l’absence de repères extérieurs, les participants de cette étude, dormaient moins profondément et de manière entrecoupée, au cours de la pleine Lune.
Si ce phénomène, de rythme circalunaire, avait déjà été établi chez d’autres espèces animales, comme nous l’avons vu plus haut, celui-ci n’avait jamais été démontré auparavant chez l’Homme. Les schémas cérébraux, les mouvements oculaires et la sécrétion d’hormones des participants, ont ainsi été étudiés pendant leur sommeil, ainsi que leurs évaluations subjectives sur la qualité de leur sommeil.
Le résultat a été que leur sommeil, durant la pleine Lune, a été globalement de 20 minutes plus court, qu’ils se sentaient moins reposés, et qu’ils dormaient 30% moins profondément durant cette période. Les mécanismes responsables de ce phénomène sont encore inconnus, mais Malcolm von Schantz, neurobiologiste moléculaire à l’Université de Surrey, pense que cela pourrait être la preuve d’une horloge interne circalunaire, à l’instar de nombreuses autres espèces animales, vestige de notre passé de chasseur. La plupart d’entre nous vivent dans des endroits où il est difficile de voir la lumière de la Lune, et la plupart des connexions entre nous et la Lune, transmises à travers les générations, ont été remises en question.
Pourtant, pour chaque étude qui nie le lien entre la Lune et les naissances, par exemple, les sages femmes ou les obstétriciens jureront qu’ils ont vu plus de bébés naître pendant la pleine Lune. Il y a encore quelques siècles, nos vies s’égrenaient en harmonie avec les cycles naturels, dont ceux, primordiaux, de la Lune, et, même si la preuve biologique de ces effets a disparu, nous portons encore cette histoire culturelle en nous, et ces horloges internes continuent de compter les heures, cachées quelque part en nous, loin de nos écrans et de nos lampes, nos fausses lunes…
Retrouvez les articles de Krynn sur son site : http://www.magiesdumonde.net/blog
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