La fin de la pensée est le commencement de l’amour
L’amour est probablement le mot le plus utilisé dans toutes les langues. Nous parlons toujours d’amour, et nous le qualifions d’érotique, de platonique, de profane, de divin, de paternel, de maternel, de filial, d’amour de soi, etc. Toutes ces catégories ont ceci en commun qu’elles sont caractérisées par et dépendantes d’une image mentale particulière; c’est-à-dire qu’elles impliquent la pensée en rapport avec l’objet de cet amour. Puisque j’ai énoncé que l’amour naît de la cessation de la pensée, je ne peux évidemment avoir eu à l’esprit aucun des types d’amour mentionnés plus haut.
J’essaie d’exprimer quelque chose de tout à fait différent et qui est aussi très simple même si, plus nous en parlons, plus cela semble compliqué. Je ne veux pas en venir à une nouvelle catégorie d’amour à laquelle personne n’a jamais songé; ce n’est pas non plus le mysticisme, ni la sentimentalité, ni ce que l’on appelle ordinairement la « sympathie ». Essentiellement, cela concerne l’établissement de véritables relations dans la vie de l’individu.
La relation avec les autres, comme nous le savons pour la plupart d’entre nous, est une chose substituée, quelque chose d’abstrait, d’intellectuel. J’aborde un individu avec l’idée, l’image que j’ai de lui; et lui m’aborde de la même façon, avec l’image qu’il a de moi. Donc, cette relation est substituée, irréelle; parce que ce sont ces images, qui sont le résultat de la pensée et de la mémoire, qui se rencontrent.
La véritable relation n’est possible que si l’esprit est vide d’idées, d’opinions, d’abstractions; c’est-à-dire qu’il n’y a relation, communion, que dans l’observation silencieuse. Une telle observation n’a pas de centre, d’observateur, qui pèse, compare, juge. La relation qui naît de l’observation sans un centre n’est pas ce que l’on appelle l’ »amour » de façon conventionnelle, qui n’est que le simple effet réciproque d’une image sur une autre, mais une communion dans laquelle l’observateur, l’observé et l’observation ne font qu’un. Une telle vision n’est donc pas faussée, elle est délivrée de l’effort, délivrée de tout conflit d’intérêts, délivrée du désir de changer l’autre, délivrée de l’exigence, délivrée de la jalousie.
Parce que nous avons créé et fermement établi le centre immuable, l’observateur, avec lequel nous abordons toute relation, une telle communion est très rare de nos jours. J’ai simplement choisi de l’appeler Amour — bien que le mot n’importe pas — parce qu’en une telle vision, dans un tel état d’expérimentation et dans cette façon de vivre, le monde redevient un tout.
Propos de Robert Powell Sur le blog de Francesca http://channelconscience.unblog.fr/

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