Des peurs ancestrales

 

Ça rampe, ça grouille, et parfois ça pique ou ça mord. Ça s’immisce sous la couette, vous frôle l’épaule, vrille autour de votre assiette et finit par un piqué sur le pot de confiture maison. Aucun scrupule chez les abeilles, aucune morale chez les araignées, intrusion caractérisée dans votre espace vital. Malheureux citadins qui cherchiez le calme à la campagne… Toutes ces bébêtes ont de quoi polluer sérieusement vos vacances. Sans aller jusqu’à la phobie véritable, rare, les insectes n’ont vraiment pas la cote. Et si certains les ignorent nombreux sont ceux qui, à la vue d’un scarabée, éprouvent une peur viscérale et un dégoût tenace.

 Peurs ancestrales

Un monde étrange

Comment de si petites bêtes peuvent-elles nous faire partir ventre à terre ou battre l’air en hurlant ? Cette réaction s’explique, pour une part, par la connaissance du danger (il est vrai minime dans nos contrées). La peur dite normale fonctionne comme un système d’alarme : l’abeille pique, donc on s’en écarte. Mais surtout, notre aversion « tient à la nature même des insectes, explique Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne. Ils appartiennent au monde de l’infiniment petit, qui nous est totalement étranger. Or, tout ce qui est inconnu dérange. D’autant que leurs mouvements sont imprévisibles : on a peur d’être attaqué par surprise. C’est l’absence de contrôle qui est la chose la plus désagréable ».

 

Des peurs ancestrales

D’après les thèses psycho-évolutionnistes, la mémoire collective a imprimé dans son inconscient une série de menaces qui ont pesé sur l’homme au cours de son évolution. « Se méfier des insectes a permis à nos lointains ancêtres de survivre, souligne le psychiatre Christophe André. Aujourd’hui, leurs piqûres ne sont pour la plupart plus mortelles, mais nous en gardons le souvenir. Les espèces rampantes provoquent, elles, un dégoût tout aussi instinctif. Les vers ou les cafards sont associés à la saleté, à la contamination de la nourriture, donc à la maladie. » Par la suite, ces peurs ancestrales ont été installées dans l’imaginaire collectif, rappelle Béatrice Copper-Royer : « A travers les contes, qui associent toujours les insectes à des images négatives. Dans une maison hantée, par exemple, il y a forcément des araignées. Puis les formules toutes faites prennent le relais : avoir le cafard, ou le bourdon, ça n’est pas très positif… »

Une transmission parentale

Mais tout le monde ne développe pas le même degré de peur ou d’aversion. La mémoire collective ne saurait donc tout expliquer. Ici interviennent « l’éducation et le vécu de chacun, qui jouent à plusieurs niveaux, précise Christophe André. Pour certains, c’est un épisode traumatisant, pour d’autres un modèle parental peu rassurant ». Béatrice Copper-Royer renchérit : « Ce sont les parents qui transmettent la peur. L’enfant est toujours curieux de nature. Il explore tout ce qui se présente à ses yeux… jusqu’à ce qu’on le freine avec nos angoisses d’adultes. » Par la suite, ces peurs peuvent persister, à des degrés divers : « Quand on est peu sûr de soi, de façon générale, on se sent beaucoup plus facilement menacé par le monde extérieur », conclut-elle. Et on se persuade que les petites bêtes peuvent très bien manger les grosses !

 

Que faire ?

Apprivoisez
Moins on connaît l’objet de ses peurs, plus on le craint. Plus on laisse de place au fantasme, plus la panique grandit. En un mot : rationalisez vos peurs et désensibilisez-vous. Avant de partir à la campagne, habituez-vous en regardant régulièrement des photos, voire des vidéos d’insectes. Documentez-vous, pour évaluer leur danger réel. La peur devrait logiquement se moduler.

Respirez
Une fois sur place, ne partez pas en courant à la vue de la moindre abeille. La fuite augmente toujours la peur. Se laisser envahir par l’émotion peut transformer une simple peur en crise de panique. Respirez à fond et évaluez sereinement la situation : qui est vraiment la plus forte ? Qui court un réel danger ? Cette toute petite chose misérable, ou vous, grande chose armée d’un journal ? A vous de voir…

Conseils à l’entourage
Pensez à vos propres peurs – vous en avez forcément – avant de vous moquer de celui qui tremble devant une araignée. Inutile de le contraindre ou de lui faire une mauvaise blague : il transformera sa peur en hostilité à votre égard, plutôt que de réfléchir sur lui. En revanche, pas question de se sacrifier et de renoncer aux sorties en plein air. A force de voir les autres prendre du bon temps, il lui prendra peut-être l’envie d’en finir avec ses propres peurs pour partager ces moments de plaisir

 Sur le blog de Francesca http://channelconscience.unblog.fr/

Publié dans : PEUR |le 18 octobre, 2015 |Pas de Commentaires »

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