LA LUNE : Culte et Influence
Culte de la Lune, adoration, vénération de l’astre lunaire, divinité lunaire, à la fois personnification et symbole…
La Lune, impliquée dans les rythmes primordiaux de la vie et du cosmos, a été, de tous temps, sacralisée, et enfouie au cœur des contes et sagesses populaires, engendrant ainsi une mythologie et un symbolisme répandus à travers les époques et les cultures. Au fil des décennies, de nombreuses recherches scientifiques furent menées, analysant l’activité cérébrale et les statistiques de visites des services hospitaliers et psychiatriques, afin de confirmer ou d’infirmer d’éventuels effets de la Lune sur le comportement humain. Cependant, les résultats de ces nombreuses recherches ne peuvent être tenus pour concluants, car contradictoires les uns avec les autres.
Ainsi, si l’influence des cycles lunaires a été établie avec certitude sur certaines espèces animales, la science reste sceptique quant à une influence sur l’Homme. Pourtant, il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas si longtemps, lorsque l’électricité n’était pas partie intégrante de nos vies, nous étions soumis aux rythmes du Soleil et de la Lune : jusqu’au 17ème siècle, les citadins utilisaient encore des almanachs pour planifier leurs voyages nocturnes ; en automne, les agriculteurs profitaient de la lumière de la Lune pour continuer la récolte jusque tard dans la nuit ; etc… Durant des millénaires, les êtres humains ont observé la Lune, avec espoir et passion, se demandant quelle force provoquait cette insatiable attirance.
Pline l’Ancien, qui avait, le premier observé et compris le phénomène des marées, dû à l’attraction combinée du Soleil et de la Lune, pensait que la gravité lunaire devait également jouer un rôle sur nos humeurs internes. Si cette théorie a été réfutée aux vues de la science moderne, il reste difficile de se séparer du sentiment que cet astre, qui se dessine, si grand, dans notre ciel nocturne, et tient tant de place dans nos imaginations, n’est pas qu’un simple satellite, froid et distant – alors même que sa course résonne dans la faune et la flore qui nous entourent, et remonte aux racines de nos psychés.
Le culte lunaire Bien que la Lune n’ait pas joué un rôle prépondérant dans l’histoire des religions, son culte est évoqué depuis les premières traces écrites (et sans doute bien avant), que ce soit en Egypte, à Babylone, en Inde ou en Chine, et perdure de nos jours, dans diverses parties du monde, en particulier chez certains groupes d’Afrique et chez les Amérindiens. Le culte de la Lune est fondé sur la conviction que les phases de la Lune sont liées à celles de la croissance et du déclin des plantes, des animaux, et la vie humaine.
Dans certaines cultures, la nourriture était déposée dehors, la nuit, pour absorber les rayons lunaires, qui étaient réputés avoir le pouvoir de guérir et de prolonger la vie. De la même manière, parmi les Bagandas d’Afrique centrale, il était de coutume pour une mère, de baigner son nouveau-né à la lumière de la première pleine lune, afin de le bénir, le fortifier et le protéger. La Lune a, par ailleurs, souvent été assimilée à la sagesse et à la justice, comme dans le culte du dieu égyptien Thot et le dieu Sin mésopotamien. Cependant, la Lune a surtout été à la base de nombreuses légendes amoureuses et de nombreuses superstitions – le terme «lunatique», par exemple, est une dérive d’une de ces superstitions ; les fous étant autrefois considérés comme des individus «frappés par la Lune» (moonstruck en anglais).
Beaucoup d’anciens peuples considéraient la Lune comme l’astre prépondérant, ainsi chez les astrologues babyloniens, le Soleil était d’une importance secondaire dans leurs calculs. De la même manière, le dieu babylonien Sin (la Lune), était la plus ancienne divinité – c’est d’ailleurs de cette divinité ancestrale, que le Mont Sinaï tient son nom. Chez les Assyriens et les Chaldéens, la Lune était la divinité suprême, préexistante à tous les autres dieux, et le premier temps du monde était connu comme le temps du Dieu-Lune. Le symbole du culte lunaire était d’ailleurs souvent associé à la royauté, en Assyrie, (comme le symbole solaire dans d’autres cultures) ; on retrouve par exemple sur une gravure du roi hittite Barrekub, l’emblème de «Baal de Harran» (une lune pleine dans un croissant de lune), symbole d’un Dieu-Lune ancestral, vénéré dans le nord de la Mésopotamie.
Si la Lune est aujourd’hui associée à la féminité, elle fut pendant longtemps associée aux attributs masculins.
En effet, la Lune, apparaissant comme un corps plus grand que le Soleil, elle prit, dans l’imagination des peuples, un rôle masculin, tandis que le Soleil, avait un rôle féminin. Et ainsi, dans les anciennes civilisations, le vocabulaire associé à la Lune était-il formé de noms et mots masculins. L’évolution des modes de vie (moins de chasse) allant de paire avec l’éloignement inexorable de la Lune, l’importance des astres s’inversa, ainsi que leur personnification, la Lune devenant féminine et le Soleil masculin. En effet, la vénération de la Lune était à son apogée chez les peuples chasseurs (lorsque le rôle des hommes, chasseurs, était essentiel à la subsistance du peuple – ainsi la Lune était elle assimilée à la puissance du chasseur et personnifiée sous des traits masculins), tandis que le culte du Soleil est devenu pré- pondérant avec la sédentarisation des populations et l’émergence de l’agriculture (l’importance lunaire passant alors en second plan, ses attributs devinrent féminins et liés à l’image de la Terre-Mère). A noter que les cultes animistes (des roches, des collines, des arbres et des animaux) se sont développés à partir de la déification du Soleil, de la Lune et les étoiles, auxquels étaient associés les éléments terrestres. En Inde, par exemple, les étoiles étaient considérées comme les âmes glorifiées des grands hommes. De la même manière, les adeptes du culte chaldéen des étoiles, se considéraient comme les enfants du Père-Ciel et de la Terre-Mère.
Petite anecdote aussi méconnue : Pâques, une célébration lunaire Le dimanche de Pâques découvre facilement ses racines païennes, basées sur le culte du Soleil et de la Lune. En effet, il est «planifié» le premier dimanche suivant la première pleine lune qui suit le 21 Mars, la date nominale de l’équinoxe de printemps. La coutume que l’on retrouve dans de nombreux pays, à cette occasion, de manger des petits pains, ceint d’une croix (appelés Hot Cross Buns) est également clairement d’origine païenne. C’est en effet, en l’honneur d’Eostre (la divinité du Printemps et du renouveau, célébrée originellement à l’équinoxe de Printemps, et dont le culte fut assimilé par l’Église, donnant ainsi naissance aux Pâques), que les Saxons, mangeaient ces petits pains marqués d’une croix. On retrouve aussi ces petits pains, chez les anciens Grecs, lors des célébrations d’Artémis, déesse de la chasse. Chez les Égyptiens, des gâteaux similaires étaient consommés dans les célébrations du culte de la déesse Isis. La croix imprimée sur ces petits pains, rapporte initialement au culte de la Lune, représentant les quatre phases lunaires.
(Magazine Lune Bleue/ LWE) et le lien : http://la-lwe.bbfr.net .