Archive pour le 10 octobre, 2015

Le Noir qui fait souvent peur

nuit-peurEn pleine nuit, il se réveille, traverse l’appartement. Pas de lumière, il faut faire vite : « Je crains de voir des yeux brillants dans la nuit ou des ombres sur les murs. Je me force à ne pas y penser, mais j’ai peur. » Pourtant, Paul est un grand garçon, il a 50 ans. Enfant, il pouvait appeler au secours, on le rassurait. Aujourd’hui, il n’en parle plus à personne : l’angoisse est restée, et la honte s’y est ajoutée. «Contrairement à la peur, qui avertit d’un danger réel, la phobie se développe sans raison apparente et provoque l’incompréhension de l’entourage », note la psychologue Béatrice Copper-Royer. Du coup, ceux qui en souffrent restent enfermés dans leur angoisse jusqu’au lever du jour. Le ventre noué, ils n’ont d’autre solution que de multiplier les stratégies pour éviter toute situation anxiogène : laisser les lumières allumées, regarder dix fois de suite sous leur lit, refuser de sortir seuls le soir… « Or, l’évitement ne fait que renforcer la peur, souligne le psychothérapeute Luis Véra. Les rituels mis en place pour se protéger finissent par devenir obsessionnels et empêchent de vivre normalement. » 

Une absence de repères

Mais de quoi ont-ils peur ? D’un agresseur au coin d’une rue, d’un monstre derrière le rideau… « Plus que tout, ils craignent d’être surpris, poursuit Luis Véra, de se retrouver démunis face à un danger imprévu et de perdre la tête. Et si, tout à coup, les monstres existaient réellement ? Et si l’irrationnel faisait irruption dans le réel, bouleversant ses règles et ses lois ? C’est cette perte de contrôle qui suscite l’angoisse. » Aussi, ces phobiques anticipent-ils le danger, croyant pouvoir y échapper. Ils sont vigilants à l’extrême car l’obscurité les prive de tout repère. « Ils se retrouvent face à eux-mêmes, explique le psychanalyste Paul Denis. Les conflits internes prennent alors toute la place. Le monstre ou l’agresseur symbolisent ces démons intérieurs. Qui viennent en outre combler un vide angoissant : avec eux, on n’est plus seul…» 

Un grand vide intérieur

« Pour l’enfant, la nuit est une rupture dans la relation avec sa mère, affirme Paul Denis. Pour retrouver celle-ci, il utilise ses ressources psychiques : il pense à elle et, même s’il ne la voit pas, il sait qu’elle est toujours là. » Il peut s’endormir tranquille, elle lui tient la main… Sauf quand le lien mère-enfant est trop distendu ou trop fusionnel : ces séparations sont alors source de profonde angoisse. « Une mère fragilisée ne peut pas communiquer à son enfant la sécurité intérieure suffisante pour lui permettre d’affronter la nuit et la solitude, remarque Béatrice Copper-Royer. Dans l’esprit de ce dernier, quand tout disparaît de son champ de vision, tout meurt. » L’angoisse de la mort, séparation ultime, se trouve donc au cœur de cette peur du noir. 

Chez certaines personnes, les terreurs nocturnes de l’enfance ne se sont jamais véritablement apaisées. « N’ayant pas reçu les armes nécessaires, l’adulte ne sait pas comment calmer son anxiété, constate Paul Denis. Il n’est, en fait, pas devenu une personne rassurante pour lui-même. » Chez d’autres, ces terreurs vont être brutalement réactivées par un accident de la vie – difficultés professionnelles, séparation, deuil. « Démuni, seul dans le noir, c’est alors l’enfant en eux qui appelle sa mère », conclut Béatrice Copper-Royer. 

Que faire ?

Luis Véra, psychothérapeute
« Apprivoisez le noir progressivement. Installez-vous d’abord pendant quelques minutes dans une pénombre relative. Respirez, réalisez qu’il ne vous arrive rien. Répétez l’exercice, en augmentant graduellement sa durée et l’intensité de l’obscurité. Chaque fois, ayez bien conscience de le faire dans un but thérapeutique. »

Paul Denis, psychanalyste
« N’ayez pas honte d’utiliser une veilleuse la nuit. Lisez un bon roman, pensez à vos projets de vacances : se nourrir d’images positives empêche de donner prise à la panique. Mais si l’angoisse perdure, consultez. Il faut en comprendre les causes profondes. »

Béatrice Copper-Royer, psychologue
« Interrogez-vous, seul ou avec un thérapeute. Ai-je connu une nuit effrayante ? Comment se passait le moment du coucher, enfant ? Remonter le fil de ses peurs permet de les désamorcer. »

 

Publié dans:PEUR |on 10 octobre, 2015 |Pas de commentaires »

Naître à la mort

 

 spirit

« L’expérience de la naissance est la première expérience de l’émergence de la mort », déclarait Françoise Dolto dans Parler de la mort (Mercure de France, 1998). Notre venue au monde nous installe parmi ceux qui vont mourir. Elle implique d’emblée une perte : celle du placenta protecteur vécu par le nouveau-né comme une part de lui-même. Dès l’âge de 2-3 ans, l’enfant peut réaliser qu’une personne de son entourage est morte. Mais il s’imagine qu’elle est partie habiter dans un autre univers d’où elle reviendra peut-être. Pour un petit, mourir c’est vivre autrement. Inutile de s’inquiéter s’il ne pleure pas toutes les larmes de son corps et manifeste surtout de la curiosité (« Où il est papy, maintenant ? »). La mort intrigue les enfants, comme la sexualité et la procréation. En revanche, une absence de questionnements de sa part signale une difficulté : l’enfant se tait pour ménager ses parents s’il saisit leur incapacité à parler de ce décès. Or ce silence risque de le rendre inapte, plus tard, à assumer la confrontation avec la mort… sans se mortifier.

La peur s’installe

C’est une étape normale du développement de l’enfant. Vers 7 ans, l’idée de la mort devient très active. « J’y pensais tous les soirs avant de m’endormir, se souvient Delphine. J’étais angoissée à l’idée que j’allais mourir un jour. Pour me rassurer, j’ai imaginé un personnage, Monsieur Tout-le-Monde, nécessairement promis à la mort. Puis je me suis identifiée à lui. Alors, j’ai pu me dire que mourir était une chose normale et ma peur s’est atténuée. » Certains enfants, eux, ne cessent de craindre que « maman meurt ». Cette inquiétude provient d’un malaise ressenti par le tout-petit qui, lorsque sa mère s’absente, a peur qu’elle ne revienne pas, analyse Ginette Raimbault, psychanalyste et auteur de L’Enfant et la mort (Dunod, 1998). D’ordinaire, ce type d’angoisse s’apaise avec l’apprentissage de la solitude. 

Très tôt la conscience de la mort donne lieu à une peur des morts inspirée, selon Freud, par la culpabilité : nos relations aux autres sont toujours teintées d’ambivalence, l’être le mieux aimé est simultanément haï. Aussi, quand une personne proche s’en va, nous nous sentons coupables – plus ou moins consciemment – des sentiments hostiles que nous lui portions. D’où les scénarios d’enfants et les dessins campant monstres et fantômes. Ceux-là mêmes que nous retrouvons dans la littérature fantastique et les films d’épouvante. Toutefois, sauf situation névrotique où la culpabilité demeure inentamable, notre psychisme sait aussi se protéger et transformer les morts en êtres bienveillants. Mais, d’une façon générale, les morts impressionnent. Les précautions oratoires adoptées pour les désigner témoignent de notre embarras. D’un défunt, on préfère dire qu’il est parti ou plongé dans le sommeil de l’éternité. Saint Paul nommait les morts « ceux qui dorment ».

Publié dans:La MORT, PEUR |on 10 octobre, 2015 |Pas de commentaires »

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