L’ancienne lumière solaire est sur le point de s’éteindre
Lorsque suffisamment de personnes modifient leur façon de voir les choses, les solutions deviennent alors évidentes et se manifestent fréquemment selon des voies que l’on n’aurait même pas imaginées avant de changer de perception. Nous avons détruit une bonne partie de notre monde à cause de notre culture ; nous pouvons en préserver l’essentiel en transformant notre culture. Néanmoins, c’est par la compréhension des choses et de leur fonctionnement que nous découvrons les outils mis à notre disposition dans notre environnement essentiellement dans notre façon de vivre et de concevoir le monde -, outils positifs et indispensables pour effectuer les transformations nécessaires. Ainsi, dans ce contexte, même les « mauvaises nouvelles » sont, en réalité, de bonnes nouvelles.
Au sens littéral du terme, nous sommes tous véritablement constitués de lumière solaire. La chaleur radiante du soleil, la lumière visible et les rayons ultraviolets représentent l’origine de quasiment toute forme de vie sur terre. Tout ce qui vit autour de nous n’existe que pour une seule raison quelque part, un jour, une plante fut capable de capter la lumière du soleil et de la stocker.
Tous les animaux vivent de ces plantes, soit directement (les herbivores), soit indirectement (les carnivores qui dévorent les herbivores). Ce phénomène s’applique aux mammifères, aux insectes, aux oiseaux, aux amphibiens, aux reptiles, aux bactéries… à toute créature vivante. Chaque forme de vie, à la surface de notre planète, existe grâce à une plante qui fut, un jour, capable de capter la lumière du soleil et de l’emmagasiner. Puis, une entité ingéra cette plante et son énergie solaire, transmettant ainsi cette puissance à son propre organisme’.
De cette façon, l’abondance ou la pénurie de nos réserves alimentaires fut, jusqu’à ces derniers siècles, largement déterminée par la quantité de lumière solaire qui baigna notre sol. Et il en est exactement de même en ce qui concerne les formes de vie non humaines de notre planète. En effet, vous pouvez constater que de nombreuses zones autour de l’équateur, abondamment baignées par la lumière du soleil, bénéficient d’une profusion de vie végétale et animale, alors que, dans les régions polaires relativement privées de soleil, les créatures vivantes sont beaucoup moins nombreuses et leur diversité, bien moindre.
Nous utilisions les peaux d’animaux et les arbres (qui avaient consommé la lumière solaire au cours des années précédentes de leur existence) pour fabriquer notre habillement et construire nos abris. Tous ces éléments étaient le fruit de la lumière solaire du moment.
Nos ancêtres, désormais en mesure d’utiliser la lumière solaire stockée par les végétaux il y a des millions d’années, se mirent, pour la première fois, à consommer plus de nourriture et de chaleur que ne pouvait en fournir la lumière solaire « actuelle » qui inondait alors quotidiennement la planète. Et la population humaine dépassa le seuil que la Terre aurait pu supporter, si les humains s’étaient contentés de recourir à la lumière solaire « actuelle » comme unique source d’énergie et de nourriture.
En d’autres termes, si les ressources en charbon de nos ancêtres s’étaient épuisées, ces individus se seraient trouvés confrontés à un choix terrible : abandonner les zones cultivables (avec les risques de famine que cette option comportait) pour reconstituer les zones forestières afin de pouvoir se chauffer, ou disposer de suffisamment de nourriture mais endurer les froidures hivernales. (Bien entendu, ils auraient pu, également, abandonner les régions froides et s’entasser plus près de l’équateur. Mais les migrations historiques s’en éloignèrent toujours, tendance encouragée par la constante disponibilité de combustible pour le chauffage.)
Nous constatons le même phénomène aujourd’hui : la disponibilité d’un combustible conduit les populations à dépendre entièrement de lui et à en souffrir s’il vient à faire défaut. En mettant à profit cette ancienne lumière solaire emprisonnée dans le carbone pour répondre à leurs besoins en chauffage et en énergie, ce qui permettait ainsi le remplacement des animaux de trait par des tracteurs, nos ancêtres augmentèrent considérablement leur production de nourriture. En effet, les animaux de trait, tels les chevaux et les boeufs, se nourrissaient de lumière solaire « actuelle » : l’herbe qu’ils ingéraient chaque jour et qui poussait grâce à la lumière solaire quotidienne. Et c’est la raison pour laquelle leur productivité était limitée – ne pouvant convertir en énergie plus que ce qu’ils assimilaient en une journée – comparativement à un tracteur fonctionnant au pétrole et pouvant transformer en un jour autant de lumière solaire qu’en consommeraient des centaines de chevaux.
Extrait du Livre : Les dernière heures du Soleil ancestral de Thom Hartman – aux Editions Ariane
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