Tous les chemins finissent par se rejoindre
Placés devant la grande énigme de la destinée et effrayés de la complexité du problème religieux, les hommes adoptent une attitude différente, suivant le degré d’évolution auquel ils sont parvenus :
Quelques-uns, qui se croient des esprits forts et qui ont plus d’orgueil que de profondeur d’âme, préfèrent rejeter d’emblée toute croyance, reléguant au rang des mythes les objets de la foi. Néanmoins, ils font souvent preuve d’illogisme pratique en se montrant sensibles au point de vue moral, car ils font le bien à l’occasion et seraient les premiers à se défendre, si on les accusait de déloyauté ou de dureté de coeur.
D’autres, et ce sont les plus nombreux, aiment mieux admettre, sans discussion, le credo hérité de leurs ancêtres et faire, tant bien que mal, le petit effort qu’exige l’observance des rites. Ils sont encore trop préoccupés de la vie d’ici-bas, de ses joies et plaisirs; leur croyance est superficielle et ils sentent instinctivement que, pour arriver à une conviction plus profonde, ils devraient consentir à des sacrifices auxquels ils ne sont pas encore préparés. Ils forment la masse.
Enfin, une dernière catégorie est constituée par ceux qui ont déjà souffert, par ceux que l’énigme de l’origine et de la destinée des êtres inquiète et qui ne veulent pas s’en tenir à une croyance douteuse. Ce sont les ardents, les chercheurs passionnés et qui finissent par trouver, car « qui cherche trouve » affirme l’Évangile.
Selon que l’on appartient à l’une ou à l’autre de ces trois catégories, on habite un appartement spirituel différent. « Là où est ton trésor, là aussi est ton coeur. »
Si nous cherchons les connaissances et les pouvoirs, nous n’aurons fait que changer nos chaînes par d’autres plus subtiles et nous allons au-devant d’une nouvelle désillusion. La science, en effet, n’est pas stable, car les choses sont elles-mêmes muables et sujettes à l’évolution. Telle plante qui, au moyen-âge, était considérée comme médicinale, a perdu, de nos jours, ses propriétés curatives.
Le simple bon sens, d’ailleurs, ne suffit-il pas à nous convaincre de l’incapacité de la Nature, prise dans son ensemble, à constituer notre maison spirituelle? Nos esprits n’ont-ils pas un besoin absolu de liberté, de plénitude, d’éternité? La matière peut-elle satisfaire ce besoin.
Sur quel terrain donc construirons-nous notre demeure définitive ?
Dans quel royaume la placerons-nous?
Cette question eût été à jamais insoluble, si Jésus n’était venu nous fournir la réponse : « Celui qui entend mes paroles et les met en pratique, déclare-t-Il, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison; elle n’est pas tombée, car elle était fondée sur le rocher »; oui, sur le roc de Sa parole éternelle.
On ne peut donc dire de personne qu’il suit une mauvaise route; il suit celle qui lui est destinée et qui est proportionnée à ses forces et adaptée à ses aspirations.
Toutes les religions sont bonnes, parce qu’elles comportent toutes un ensemble d’entraînements qui dépouillent peu à peu leurs fidèles de l’égoïsme et les purifient, en les débarrassant de la gangue qui recouvre leur esprit et en les préparant à recevoir, un jour, la grâce du Christ. Toutes ces disciplines sont donc respectables.
La construction de ce temple pour chacun de nous et de cette Cité mystique pour l’ensemble des êtres, c’est toute l’histoire de la Création. Apprendre à nous aimer les uns les autres et à entraîner vers cet amour les êtres inférieurs, tel paraît être un des buts que Dieu s’est proposé, en nous envoyant expérimenter la vie relative de la matière. En remontant vers la Patrie céleste, l’homme entraîne avec lui toute une armée de créatures qui gravitent dans son orbite et dont il est le soleil. Et ce retour vers le Royaume qu’il a quitté, voici des millénaires, pour atterrir ici-bas, entraîne pour lui, par la connaissance vivante que seule donne l’expérience, une augmentation de bonheur stable. Ses longues étapes dans les séjours terrestres, servent, d’autre part, à procurer le salut aux autres êtres créés qui ne peuvent voir Dieu que par son intermédiaire.
Extrait de « LE CHEMIN DE LA FOI » par Émile Catzeflis