Le travail maçonnique COMME VOIE D’EVEIL
Depuis le Moyen-Âge, la franc-maçonnerie a fait frissonner, fantasmer, rêver des milliers de gens et, de ces frissons et émerveillements, de nombreuses et magnifiques œuvres littéraires et musicales sont nées, exaltant la quête initiatique, la quête de soi, la quête de l’absolu tout comme la réalisation de l’unité tant sur le plan sociétal que sur le plan intérieur ou méta physique.
Et pourtant, comme nous le rappelle bien tristement l’actualité, elle souffre toujours autant de méconnaissance et endure, comme ses pratiquants, le discrédit, la suspicion voire parfois la violence, pouvant aller jusqu’à la violence institutionnelle d’un état de Vichy ou de certains états actuels, entraînant les pratiquants de cette veille fraternité initiatique dans les camps de la mort de l’état nazi et, par réaction, dans la discrétion la plus absolue.
Bien sur cette discrétion n’est aussi que le reflet d’une discrétion bien plus intime, puisque la base de tout le travail maçonnique est de l’ordre de l’intime, du subtil et que, comme tout éveil à soi, au réel, à la nature des choses, il est bien difficile à transmettre par des mots…
Malgré les importantes avancées dues à leurs actions et valeurs humanistes constatées de par le monde et liées au respect de l’humanité dans toutes ses dimensions, au respect de l’intégrité, de l’autonomie tant psychologique, religieuse que sociétale et ce quel que soit le sexe, la couleur de peau, l’orientation sexuelle, le niveau socioculturel, les clichés (issus en grande partie d’un farceur Leo Taxil et d’un curé délirant, l’abbé Barruel) perdurent et servent de support aux projections de ceux qui ont le moins d’intérêt à ce que l’humanité se libère des dogmes, qu’ils soient religieux, politiques ou autres…
La réalité de la franc-maçonnerie révèle un tout autre visage : celui d’une école de vie qui enseigne sans dogme, d’une voie de développement personnel, d’une fraternité initiatique per mettant à ceux qui la pratiquent d’aller vers leur plus belle version d’eux même, d’aller vers une réalisation à la fois intime et extime du meilleur d’eux-mêmes vers l’idéal maçonnique que représente la devise française.
Qu’est-ce que le travail maçonnique ?
Nous sommes tous des êtres de cœur, des êtres psychiques, des êtres spirituels, des êtres sociaux, des êtres relationnels et avons aussi tous notre lot de souffrance, de désir, de plaisir, d’envie, d’ambition, d’objectif. Nous sommes des êtres multi dimensionnels et appréhendons le monde par différents moyens, visuels, kinesthésiques, auditifs, et sous de multiples plans… et c’est avec cet ensemble de paramètres particuliers de notre personnalité que nous allons travailler au sein d’un environnement symbolique, la loge, et avec les outils que l’on va nous donner progressivement et qui sont les outils que nous trouvons dans tous les garages, sur tous les chantiers du monde pour construire une maison : une équerre, un compas, un fil à plomb, une règle, un maillet, un ciseau…
Ici, le travail ne s’effectue pas sur de la pierre, mais sur la chair, l’esprit, la psyché en employant la méthode analogique, l’introspection, l’écoute des différences, le partage ; en faisant à la fois résonner et raisonner le pratiquant, en utilisant par une approche « ratio- émotionello-intuitive », globale, holistique, tous les potentiels et dynamiques que nous recelons tous et que nous mettons progressivement en lumière, afin de les utiliser pleinement en sagesse.
La franc-maçonnerie est, à l’image des chantiers des cathédrales dont elle est mythiquement issue, un chantier de construction, mais là, il s’agit d’un chantier de construction de soi.
Nous devenons en fait, en étant francs-maçons, les artisans créateurs de qui nous sommes… de la plus belle version de qui nous sommes tous ! La maçonnerie est donc une méthode de développement personnel, une voie d’éveil ?
Oui et c’est aussi, à mon sens, l’unes des rares à être un outil non dogmatique et, surtout, pour employer un terme actuel, multimédia. C’est une « machine » à fabriquer des individus libres, autonomes là où tout dans la société vise à l’inverse. La franc-maçonnerie réelle, au-delà des fantasmes que l’on peut tous lire ici ou là, n’est au final, qu’un ensemble d’outils, de symboles, de techniques permettant à tous ceux qui éprouvent le besoin de cheminer hors des sentiers d’une pensée dogmatique, hors d’un prêt-à-penser omniprésent, de « grandir », de s’affirmer et ce, le plus librement qui soit.
Mais comme le sous-entend ce quatrain datant de 1744: « Pour le public, un franc-maçon sera toujours un vrai problème qu’il ne saurait résoudre à fond qu’en devenant maçon lui-même ».
Article de Alain Subrebost
