LE RITE ANCIEN ET PRIMITIF DE MEMPHIS – MISRAIM
Depuis des temps immémoriaux, il y a toujours eu et il y a encore des écoles ésotériques, des centres occultes, des ordres initiatiques où les hommes et les femmes animés du désir de percer les Secrets de la Nature sont admis au cours d’un impressionnant rituel. Le Rite maçonnique de Memphis-Misraïm compte parmi ceux-là. Dès l’Antiquité s’était forgée l’idée que le pays du Nil était la source de toute sagesse et le berceau de l’initiation. Ainsi se constitua une tradition occulte qui forme à travers les siècles la chaîne d’or de la Gnose dont les principaux maillons sont les hermétistes, les gnostiques, les templiers et les Rose-Croix. Assurant à son tour la transmission de ce précieux dépôt, le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm peut ainsi répondre aux attentes des hommes et des femmes de notre temps épris d’ésotérisme authentique Le Rite de Misraïm ou Rite d’Egypte fit son entrée en France en 1814 grâce à Marc Bédarride et à ses deux frères, Michel et Joseph, qui le ramenaient d’Italie où ils avaient servi dans l’armée napoléonienne. Il semblerait que ce Rite ait eu une ascendance commune avec le Rite de la Haute Maçonnerie Egyptienne de Cagliostro.
Il devait ensuite revenir à Jacques-Etienne Marconis de Nègre, fils d’un officier ayant fait sous Bonaparte la campagne d’Egypte en 1798, de compiler les rituels d’inspiration égyptienne arrivés à sa connaissance et de lancer en 1838 le Rite de Memphis ou Rite Oriental.
Dans les années 1870, en Angleterre, John Yarker fusionna les deux Rites sous le vocable de Rite Ancien et Primitif de la Maçonnerie. La Grande Maîtrise en fut confiée en 1881 à Garibaldi. Plongeant ses racines dans les mystères de l’Egypte antique, ce Rite entend se rattacher ainsi à la Tradition ancienne et primitive dont le pays des Pharaons fut l’héritier.
Le Rite fut introduit en France par Papus en 1908. Cela marquait le retour de Memphis et Misraïm sur leur terre natale où ils avaient complètement disparu. Après le décès de Papus en 1916, son adjoint Teder lui succède brièvement comme Grand Maître pour la France. Après la guerre de 1914-1918, Jean Bricaud redonne force et vigueur au Rite. Constant Chevillon prend sa suite en 1934. La franc-maçonnerie est interdite en 1940. À la Libération, Henry-Charles Dupont remplace Chevillon qui a été enlevé et exécuté en 1944 par des miliciens de Doriot. Et c’est Robert Ambelain, son successeur de 1960 à 1985, qui va le fixer dans ses formes actuelles et lui donner un rayonnement mondial.
Les trois premiers degrés symboliques, socle commun avec la franc-maçonnerie universelle, se prolongent par les hauts grades philosophiques semblables à ceux du Rite Ecossais Ancien et Accepté du 4e au 33e. Au-delà, du 34e au 95e degré, se déploient les grades hermétiques spécifiques au Rite donnant accès au travail ésotérique le plus avancé. C’est notamment le cas des 87e, 88e, 89e et 90e degrés connus sous le nom d’Arcana Arcanorum – le mystère des mystères – qui véhiculent des secrets traditionnels concernant la constitution occulte de l’homme, son destin posthume, l’existence d’un monde astral et la possibilité d’établir des rapports entre le monde terrestre et le monde divin.
Au total, le Rite est organisé sous forme d’une majestueuse pyramide de 95 degrés initiatiques, mais tous ne sont pas pratiqués. Kléber, le successeur de Bonaparte à la tête de l’expédition d’Egypte, avait nommé une commission de savants chargée d’étudier les relations de l’Egypte antique avec l’Afrique. Il voulait de la sorte vérifier l’assertion émise par Volney dans son récit Voyage en Syrie et en Egypte (1787). À la suite d’Hérodote, cet auteur était convaincu que les anciens Égyptiens avaient des racines africaines. Dans cette lignée afro-centrique, Cheikh Anta Diop étudia l’égyptologie en Sorbonne et obtint son doctorat en 1960. Se basant sur l’analyse de son peuplement, de la genèse de sa civilisation, de sa parenté linguistique, il soutient que l’Egypte antique a été la première grande civilisation de l’Afrique noire. En conséquence, toute la sagesse de l’Antiquité, parce qu’elle vient d’Égypte, a une origine africaine.
Dans ces conditions, pour les Africains, le Rite de Memphis-Misraïm est d’une certaine façon le leur, et ils en sont fiers. Il est du devoir de l’honorable Société des Francs-Maçons d’accueillir les postulants présentant les qualités requises pour recevoir l’initiation. Memphis-Misraïm propose aussi cela, mais il va plus loin et possède quelque chose que les autres Rites n’ont pas. Autant ces derniers puisent leur imaginaire dans une histoire relativement récente, européenne et de filiation judéo-chrétienne, autant le Rite de Memphis- Misraïm revendique hautement une origine plus ancienne, africaine et préchrétienne.
La Grande Loge Unie de Memphis-Misraïm est la deuxième obédience mixte la plus importante de France oeuvrant exclusivement au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm. Créée en 2009, présente à l’international, la Grande Loge Unie de Memphis-Misraïm est une obédience tolérante qui reçoit et accueille tous les Francs-Maçons pourvu qu’ils soient de bonnes mœurs et prêt à tailler leur pierre, c’est-à-dire œuvrer sur eux-mêmes. Le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm est déiste, spiritualiste et d’essence égyptienne. Il permet véritablement de travailler sur la voie initiatique. Il permet de nous libérer de notre conditionnement, d’apprendre à désapprendre pour vraiment devenir soi-même et non ce que l’autre voudrait que l’on soit.
La Grande Loge Unie de Memphis-Misraïm propose dans ses loges un espace de liberté où règnent l’harmonie et le plaisir simple de se retrouver pour œuvrer ensemble à l’édification d’un monde meilleur. Un monde où la devise républicaine liberté, égalité, fraternité, soit partout mieux respectée malgré la crise et l’aune unique du dieu argent. Cela commence en loge, le dernier espace républicain où vous pouvez être sûr que lorsque vous prenez la parole, personne ne vous la coupe.
L’harmonie et la fraternité sont deux éléments clés de ses travaux en loges. Cela est primordial pour vivre en toute simplicité mais de manière puissante ce que nous nommons l’égrégore, c’est-à-dire l’énergie du groupe engendrée par le rituel de Memphis-Misraïm.
Pour parvenir à cette harmonie de nos loges, il faut sans cesse travailler à notre propre harmonie pour accéder à notre propre réalisation intérieure. Il est inutile d’essayer d’améliorer son voisinage ou le monde si l’on ne commence pas par soi-même. « Connais-toi toi-même » est-il écrit sur le fronton du temple de Delphes. Chaque femme, chaque homme est un diamant brut, mais encore faut-il qu’il façonne cette pierre précieuse. Avec l’initiation maçonnique, nous recevons la lumière, mais encore faut-il la faire grandir. Notre lumière intérieure se nourrit avec le rituel et l’amour fraternel des Sœurs et Frères.
La maçonnerie donne à celui qui le demande des outils symboliques. Nous travaillons en coulisse, nous répétons nos vieux rituels qui datent de plusieurs siècles pour ensuite être vraiment à notre place sur la scène de notre existence, dans notre vie et notre présent de chaque jour.
C’est cela le travail maçonnique, plus opératif que spéculatif comme on veut bien le dire.
Ce rituel a donné de grands hommes à la Franc-Maçonnerie. Il suffit de le suivre et de le pratiquer en toute sincérité et humilité.
Selon la formule consacrée, il faut que le demandeur soit libre et de bonnes moeurs. Qu’il soit motivé pour travailler à sa propre réalisation. Qu’il rejette tout fanatisme et tout extrémisme. Qu’il soit aussi en accord en un principe supérieur agissant dans tout l’univers, une force et une énergie que nous nommons le Sublime Architecte des Mondes.
Pierre-Louis B Historien, Magazine ESSENTIEL
auteur de « Memphis-Misraïm Une Voie d’Eveil Spirituel »
