L’Ange comme métaphore
À partir d’une théorie ancrée dans la physique classique, relativiste, Philippe Guillemant nous entraîne ainsi irrésistiblement vers la métaphysique et la spiritualité. Il évoque les merveilleux Dialogues avec l’ange pour reprendre à son compte la métaphore de l’Ange, de l’Esprit conçu comme identité intemporelle, ou « entité » par laquelle les réponses nous parviennent. Peu importe au final que l’on considère que c’est l’Univers, la Nature ou Dieu lui-même qui nous entend et nous parle.
Ce qu’il faut retenir est que nous sommes libres de nos choix et que ceux-ci façonnent notre devenir d’une façon concrète et tangible, amenant des potentialités multiples à s’actualiser en une seule réalité. Pour que nos choix soient réellement libres et non conditionnés, des notions familières au lecteur comme l’intuition, l’intention, l’attention ou le lâcher-prise doivent guider ces choix. L’ange des Dialogues n’appelle-t-il pas lui aussi sans cesse à « être attentif» ?
Dans un schéma de synthèse qu’il propose sur son site Internet, Philippe Guillemant résume le « bon usage de nos lignes temporelles».
Nos comportements influencés par les conditionnements que sont la peur, les addictions, l’avidité, etc., nous entraînent irrémédiablement sur un chemin de vie où la souffrance et la destruction vont dominer. Alors que si nous privilégions les attitudes d’authenticité, de confiance, d’intuition, toutes favorables à l’éveil spirituel, nous allons à coup sûr vers l’accomplissement et la création. On pourrait y voir l’expression d’une tautologie ou du simple bon sens, mais Philippe Guillemant enfonce le clou et propose que l’amour, au sens du don de soi, soit l’essence même du libre arbitre. Lorsqu’il l’interroge, son « ange » lui répond par des signes de plus en plus forts et clairs, au point qu’il entame avec lui un véritable dialogue qui n’est pas sans rappeler non plus la fulgurance des Conversations avec Dieu.
Cependant, Philippe Guillemant reste un scientifique et il propose une véritable théorie dont il entend bien tester certains aspects à l’aide d’une méthodologie irréprochable. Il ne se contente pas de procéder par analogies mais prolonge les idées fondatrices du grand physicien Olivier Costa de Beauregard sur la rétrocausalité, qui remontent aux années 1950. Tout physicien sait en effet que les équations de la physique sont réversibles par rapport au temps, mais la « flèche du temps » et son « écoulement » semblent tellement évidents à notre sens commun qu’il apparaît irrationnel de vouloir s’en affranchir.
L’illusion du temps
Et pourtant, certains physiciens peu suspects d’accointances ésotériques sont allés plus loin encore en affirmant que le temps n’existe pas! Son écoulement ne serait qu’une illusion de perception liée au cadre dimensionnel dans lequel nous sommes plongés.
Par exemple, le physicien Carlo Rovelli et le mathématicien Alain Connes parlent d’un type d’espace (non commutatif) qui engendre son propre temps.
Mais alors que la réflexion de Philippe Guillemant reste dans le cadre de la physique classique, d’autres modèles tentent de s’inscrire dans celui de la phy sique quantique. Ainsi, François Martin a proposé le concept de « psyché quantique ». Partant de la riche correspondance sur les synchronicités entre Jung et Pauli, il s’appuie également sur les travaux de David Bohm. Ce dernier a proposé qu’il existe un monde manifesté (le monde matériel) et un monde non manifesté, d’où proviennent l’espace et le temps. Selon lui, esprit et matière se déploieraient à partir de ce socle commun, au-delà de l’espace et du temps, et les synchronicités sont précisément les manifestations de cette unicité fondamentale. De sorte que François Martin affirme lui aussi que « passé, présent et futur ne sont que des illusions », ou que « passé, présent et futur coexistent dans une même entité : le présent ». Le lien qui s’établit lors d’une synchronicité, entre un événement dans le monde physique et un événement dans le monde psychique d’un individu, est dit « acausal ». On ne peut pas le caractéri ser en termes de cause et d’effet comme un événement déterministe classique. En revanche, l’analogie s’impose avec la notion « d’intrication quantique » qui voit deux particules garder un lien par-delà l’espace et le temps lorsqu’elles ont été une fois en contact. François Martin propose donc que les inconscients individuels soient liés entre eux de cette façon, ainsi qu’à l’inconscient collectif. Il a élaboré en 2005 un modèle de champs quantiques de la psyché qui est une interprétation du modèle « en couches » de l’inconscient collectif selon Jung.
Tout est simultané
On le voit, ces chercheurs ne font pas du passé table rase et reconnaissent l’apport des grands anciens. Mais de Jung et Pauli, on parvient avec Massimo Teodorani au « gourou de la santé » Deepak Chopra, ce qu’il justifie par l’idée un peu fumeuse que ce lien quantique qui relie finalement tout ce qui existe est également à l’origine de nos capacités de guérison… Teodorani propose cependant une idée intéressante en imaginant que les syn chronicités pourraient, dans des contextes de crise, être des projections de l’inconscient collectif (comme la peur du nucléaire). Alors qu’il mentionne au passage les ovnis non pas comme des phénomènes extraterrestres, mais comme des manifestations physiques du psychisme, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec un certain… Jacques Vallée. Pour ce dernier, les synchronicités sont l’expression d’une « communication », c’est à-dire d’un transfert d’information. Et de nous livrer de quoi méditer : « Nous devons reconnaître l’Univers comme un sous-système d’une méta-réalité de structures d’informations; tout est structure d’information et tout est simultané. »
Jocelin Morisson dans NEXUS 79

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