Vision Tuscaroras sur les bouleversements terrestres d’aujourd’hui
Pendant qu’un moine bouthanais réalisait un mandala de sable dédié à la guérison de la Terre, Erich Lancaster (E. L.) éclairait les bouleversements terrestres au travers des « Vision Quest » (Quêtes de vision ) qui font parties intégrantes des traditions amérindiennes depuis des millénaires.
Il commença par préciser que les phénomènes de pollution et d’exploitations excessives par l’homme n’expliquaient pas, à eux seuls, cette étape terrestre si cruciale. Il ne s’agit pas uniquement d’un problème environnemental causé par l’homme, mais d’un véritable cri de la Terre- Mère. Ce qui est en train de se dérouler n’appartient pas simplement à notre époque. Cela s’inscrit dans un plan bien plus vaste. Dans la tradition Tuscarora, Terre-Mère se manifeste régulièrement. Les cycles sont d’environ 60 ans. Il y a déjà des milliers d’années, la Terre-Mère avait poussé un cri en voyant les Hommes s’éloigner d’elle. L’un des cris eut lieu quand les nations devinrent sédentaires, c’est-à-dire à l’arrivée des Espagnols, lorsque ceux-ci implantèrent leur agriculture et leur élevage. La majorité des Amérindiens était auparavant nomade. En 2004, La Terre-Mère a de nouveau alerté les humains par des bouleversements importants car ses précédents appels n’avaient pas été entendus.
Conscience originelle
Lors de ce séminaire, certains intervenants ont parlé des bouleversements planétaires liés à un processus nécessaire d’ouverture de conscience pour l’humanité. Cela a légèrement fait sourire notre homme car pour les Tuscaroras, tous les êtres humains naissent avec une conscience. «La Terre-Mère ne met pas au monde des enfants sans conscience. C’est plus tard, devenu adulte, que l’homme choisit ce qu’il veut faire de sa conscience». Le grand chef Seattle a dit :
«Les adultes sont des enfants qui portent des costumes». Cela a beaucoup fait rire les autochtones, mais derrière cette phrase se cache une grande vérité. Enfant, nous avons la conscience puis en devenant adulte, nous faisons des choses de plus en plus intellectuelles qui s’appuient beaucoup sur le mental et nous nous éloignons de cette conscience originelle.
Que ce soit en Europe, en Afrique ou en Australie, la difficulté, aujourd’hui, pour les hommes qui traitent des problèmes complexes, est de ne plus être reliés à leur conscience. Pour certains, ils ignorent même le chemin pour la retrouver.
Aujourd’hui, beaucoup de personnes cherchent des racines dans d’autres traditions ou dans d’autres pays. C’est ainsi que certains traversent l’Atlantique jusqu’à des nations amérindiennes pour en retrouver le chemin. Les nations amérindiennes respectent et sont admiratives des racines de toutes les traditions, mais cette démarche occidentale reste un étonnement pour eux.
En cherchant davantage de liberté, les enfants de la Terre se sont coupés de leurs racines. La Terre-Mère ne reconnaît plus ses fils. Ce cri présent de Terre-Mère est lié, chez les Tuscaroras, à la prophétie de la loutre. Il y a très longtemps, des loutres sont apparues dans le plus ancien village de l’île de la Reine-Charlotte, là où il n’y en avait jamais eu. Elles ne trouvaient plus de quoi se nourrir.
Pour les autochtones, ce fut un signe de Terre-Mère car un esprit qui se manifeste montre qu’elle souffre et est en danger. Il est nécessaire de se ré-accorder au Grand Esprit. Aujourd’hui nombre d’espèces comme les baleines sont en voie de disparition… Autrefois, les îles de la Reine-Charlotte en regorgeaient.
L’agriculture et l’élevage intensifs sont arrivés aux limites du vivant. Les sols sont détériorés, voire morts sur une grande superficie planétaire. Comment la Terre peut-elle nourrir ses enfants si ces derniers la tuent ? Les cultures intensives ne respectent pas la terre et les hommes l’exploitent sans conscience.
Originaires de la Caroline du Sud, les Tuscaroras sont de langue et de cultures iroquoises. Chasseurs et cultivateurs de maïs, de courges et de haricots, ils habitaient dans de longues maisons rectangulaires. En 1708, leur chef, King Hancock se montra amical et bienveillant avec les colons anglais qui arrivaient. Cependant, ces derniers leur prirent les meilleures terres et en firent des esclaves.
Ces rapts et raids guerriers firent beaucoup de morts. En 1712, les colons, aidés d’autres indiens Catawbas, assiégèrent le village principal de K. Hancock. Il se rendit contre un engagement de ne pas prendre des Tuscaroras pour esclaves. Les engagements ne furent pas tenus.
En 1713, les survivants fuirent vers le Nord où ils demandèrent de l’aide à la ligue des 5 nations créée par les Iroquois qui s’appelaient alors les Haudenausee, ce qui signifie «Peuple de la maison longue».
En 1722, les Tuscaroras seront la sixième nation de la ligue, avec les mêmes droits que les premiers.
Originaires des Appalaches. Ils ont migré (de force) au Canada où ils vivent dans l’exode permanent. Étant de pacifiques agriculteurs, ils sont un peu les gitans de l’Europe. Les Mowahks, par exemple, sont beaucoup plus nombreux et de nature combative ; de ce fait, ils ont davantage de moyens pour réagir.
L’exode s’est fait dans trois directions : les Appalaches, l’état de New York et le Canada.
Le gros problème de la Caroline du Sud est d’avoir un sous-sol qui regorge de gaz. Les autochtones ont été expulsés dès la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle à cause de l’exploitation du gaz par les États-Unis. Aujourd’hui, à New York, deux chefs représentent la nation Tuscarora : Stuart Paterson pour le clan des castors et Kenneth Paterson pour le clan des loups. Ce sont eux qui sont habilités à traiter entre le Conseil tribal et les autorités gouvernementales. Aujourd’hui, certaines familles Tuscaroras se sont fédérées avec des familles Haïdas Gwaii afin de mener conjointement des projets et ainsi de mieux se faire entendre.
Extrait de Sacrée Planète.
