BD : le maître de l’ésotérisme
Vingt ans de recherches auront été nécessaires à Didier Convard pour nouer l’intrigue de son célèbre «Triangle Secret».
Dessinateur à l’origine, Didier Convard a progressivement abandonné le dessin pour se consacrer à l’écriture.
De Didier Convard, le grand public connaît surtout aujourd’hui l’étonnant suspens du Triangle Secret, cette bande dessinée à l’intrigue ésotérico-historique palpitante. Un immense succès, vendu à plus de 2 millions
d’exemplaires, poursuivi de belle manière par sa suite (I.N.R.I), et dont la formule originale (un scénariste travaille avec plusieurs dessinateurs pour augmenter le rythme de parution) tout comme le sujet (les mystères et secrets du christianisme) ont donné lieu à de multiples viennent-ensuite par d’autres auteurs.
Etonnamment, ce projet éditorial inédit fut presque le fruit du hasard. «Parce qu’au départ, explique Didier Convard, il s’agit d’un roman inachevé dormant dans un tiroir. Lors d’un dîner, au début des années 1990, j’en ai parlé avec l’éditeur Jacques Glénat. Il a tout de suite croché et m’a demandé de lire le manuscrit.
Et quelques jours plus tard, il me demandait d’en faire une adaptation en bande dessinée.»
Les premiers contrats déjà en sortant de l’école d’art
Transposition périlleuse d’autant qu’avant cela cet érudit a longtemps travaillé comme dessinateur plutôt que comme scénariste. «J’ai commencé très jeune en BD. Je sortais à peine d’une école d’arts appliqués lorsque j’ai obtenu mes premiers contrats. J’avais déjà envie d’écrire des histoires, mais le dessin m’apprenait les cadrages, la mise en scène, les découpages: une vraie grammaire de l’image qui m’a été très utile pour mon métier de scénariste à venir.» Cachetonnant dans des revues pour jeunes, de son propre aveu pour des feuilletons guère passionnants, il doit attendre 1978 et le passage au célèbre
Journal Tintin pour voir son horizon s’éclaircir. «J’ai créé pour eux la série Neige, avec Christian Gine, et son bel accueil auprès du public m’a propulsé chez Glénat. Ce qui m’a donné l’occasion de me détacher progressivement du dessin pour raconter des histoires plus adultes.»
Ce sera Les Héritiers du Soleil ou encore Toussaint et Finkel toujours avec Christian Gine. «La charge narrative devenait si lourde que j’ai lâché peu à peu le dessin. Et puis je me suis aperçu que l’écriture était sûrement le mode d’expression qui me convenait le mieux. Bien plus que le dessin qui m’a souvent laissé insatisfait.»
Un succès immédiat qui se transforme en triomphe
Lorsque paraît le premier tome du Triangle Secret, en 2000, Didier Convard appartient déjà au cercle assez fermé des auteurs reconnus de la bande dessinée classique, dite franco-belge. Mais le succès immédiat de cette saga, qui se transforme rapidement en véritable triomphe, le propulse parmi les incontournables au même titre qu’un Van Hamme, un Juillard ou un Charlier. «Le Triangle représente une vingtaine
d’années d’enquête, de recherches, de lectures. Qui n’ont rien à voir avec Dan Brown, soit dit en passant.
D’ailleurs, je ne l’ai jamais lu.» Chez lui, la passion pour l’ésotérisme remonte à l’enfance. «J’avais un grand-père adoptif féru de symbolisme. Comme j’étais déjà un grand lecteur, il m’a petit à petit initié.» Le petit Didier (il est né en 1950) se plonge dans ce qu’il perçoit comme une allégorie de la vie elle-même: «Je vois l’ésotérisme comme quelque chose de caché et pourtant de très visible, dont il nous manque la clé. Comme dans l’existence: tout est devant nous, mais nous ne le comprenons pas. C’est aussi vrai dans les rapports humains: nous savons rarement décoder l’autre.»
Devenu depuis lors franc-maçon, ce Parisien (qui s’exile souvent en Champagne où se cache son atelier)
Source : Migros Magazine | No 52, 27 Décembre 2011 |

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