D’après nature
Par Lee Jae-Hyo
Sphères de bois ou nébuleuses de pierres, les sculptures de l’artiste sud-coréen lui sont soufflées par la nature. Une fidèle complice qu’il respecte infiniment.
A Yang Pyung où il vit, dans la province de Geonggi, au sud de Séoul, la forêt et la rivière Han ne sont jamais très loin. La nature est sa plus fidèle complice. « J’éprouve un immense respect pour la nature. C’est elle qui me souffle mes œuvres. Je ramasse les rondins de bois dans les forêts, les pierres viennent du lit de la rivière. Choisir les uns ou les autres détermine déjà l’œuvre à venir », explique Lee. L’énergie de la nature, l’épure de ses lignes, l’humilité de ses éléments, décident des formes. « Je ne sais pas vraiment qui, du matériau ou de l’artiste, commande l’autre ! C’est comme si ma main suivait la pensée de la matière… Le bois possède ses caractéristiques propres. Je ne travaille pas contre lui, mais avec lui. C’est le matériau lui-même qui dicte mon geste, sa texture qui décide de la forme. On ne peut pas l’imposer de l’extérieur. » Et la forme parfaite, récurrente dans le travail de Lee, est la sphère « qui se cherche dans la plupart de mes œuvres », dit-il.
Souvent monumentales, ses pièces requièrent un long et dur travail physique. Lee fait alors appel à ses voisins, « qui ne connaissent rien à l’art », pour l’aider à les manier. Une belle connivence s’est instaurée entre eux. Le plus souvent, Lee façonne ses œuvres dans son atelier, même s’il préfère les voir exposées en plein air. « La plupart sont en bois, un matériau vivant, sensible au climat. Comme pour les hommes, le temps patine l’œuvre. C’est important. »
Il faudrait pouvoir les toucher, éprouver la caresse du bois poli, tellement poli qu’il est aussi lisse qu’une soie. Les sentir aussi, humer les veines du bois, le métal des pierres. « Certaines de mes œuvres “en creux” sont utilisées comme des sièges ou des sofas. Je ne fais pas de pièces de design à proprement parler. Mais pourquoi pas ? La frontière est parfois incertaine entre le design et l’art. Le plus important, c’est de vivre l’œuvre. »
Lee Jae-Hyo n’est pas seulement un créateur. Il est un intercesseur, capable de révéler, au travers de ses œuvres patiemment élaborées, la nature intime de la matière, son essence quasi spirituelle.
lee Jae-Hyo Né en 1965, Lee a grandi dans l’usine de briques de son père. « La cour était mon terrain de jeu. Les outils et les matériaux naturels, mes premiers jouets », se souvient le plasticien, nourri des maîtres du land art, diplômé en arts plastiques de l’université Hongik et lauréat du prix international de la sculpture en paysage forestier en 2002.
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