Archive pour le 11 août, 2014

Au Nom du Coeur

 

Entretien réalisé par Jef Gianadda
Le Matin, Octobre 97

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            Entretien avec Paule Salomon

A la veille de ses stages et conférences en Suisse romande, la philosophe et thérapeute française Paule Salomon nous éclaire sur  » La brûlante lumière de l’amour « 

Dans son nouveau livre, Paule Salomon affirme que « l’amour est une brûlure et quand cette brûlure est acceptée, elle peut se transformer en lumière ». Eclairage.

- « Apprendre à aimer est sans doute la tâche la plus importante de toute une vie. » Pourquoi, selon vous, y rencontrons-nous tant de difficulté ?

- Je pense que la difficulté d’aimer vient essentiellement de l’ego. Chacun d’entre nous a une grande partie de énergie orientée vers l’ affirmation de soi et de sa valeur. Nous héritons tous d’une grande difficulté relationnelle, celle d’ouvrir son coeur, parce que nous nous défendons contre toutes les agressions extérieures qui nous catalogueraient. Ce sont les jugements des autres, puis les nôtres, portés sur nous, qui vont être, d’une certaine façon, les écrans les plus forts entre nous et notre capacité d’aimer.

- Vous parlez de « l’infirmité du coeur (qui) est une maladie plus répandue qu’il ne semble ». Comment la guérir ?

- En s’ouvrant à l’ amour de soi et à celui, plus vaste, de la vie, dimension très intérieure qui a à voir avec l’âme. Si l’amour est un mystère, c’est bien parce qu’il procède de la vie intérieure, une dimension atrophiée dans notre monde actuel. L’amour ne peut pas se passer d’une conscience vaste.

- Vous dites aussi : « La rencontre du sacré et du profane est sans doute la grande affaire des décennies à venir « . Croyez-vous à une prise de conscience suffisamment authentique et universelle permettant d’y parvenir ?

- J’y crois, parce que jamais autant de gens ne se sont tenus à la frontière de ce possible. Nous sommes de plus en plus nombreux à prendre conscience du processus.

- Votre définition de l’amour ?

Une vibration qui vient du coeur et qui se transforme en sensation physique, sans être forcément liée à une seule personne. Au fur et à mesure que cette dimension se développe chez quelqu’un, elle va s’étendre à tout le monde. C’est ce qu’on appelle la compassion dans le bouddhisme. C’est le meilleur de chacun qui peut entrer en relation avec le meilleur de chacun. Il se passe quelque chose qui donne une profonde satisfaction ; tout le contraire du manque et de la frustration.

- Vous posez une série de question dont :  » Allons-nous quitter la souffrance et la crucifixion pour entrer dans le plaisir d’exister ?  » Qu’en pensez-vous ?

- C’est une intuition que j’ai eue très jeune, qu’après s’être nourrie et enrichie à travers la souffrance, la civilisation allait découvrir que le bonheur et le plaisir étaient des sources de créativité bien aussi grandes, que de plus en plus de créateurs découvriront l’immensité de l’extase. J’y, crois encore, mais après avoir moi-même traversé les écueils de ma vie, je me rends compte qu’être quelqu’un qui ne fait pas entrer la souffrance dans sa vie demande beaucoup de connaissance de soi. Ce n’est pas si simple.

Entretien réalisé par Jef Gianadda

Le Matin, Octobre 97

Publié dans:AMOUR, DEVELOPPEMENT |on 11 août, 2014 |Pas de commentaires »

Tolérance ou déni de reconnaissance

- Chez certains philosophes, la tolérance est définie de manière différente. Michael Walzer (1998) distingue ainsi plusieurs « régimes de tolérance », de « l’acceptation résignée de la différence dans l’intérêt du maintien de la paix » (la tolérance dans une acception stricte du terme), jusqu’à « l’ouverture à l’autre, une certaine curiosité à son égard », et même « l’adhésion enthousiaste à la différence ». Une acception aussi large du concept de tolérance apparaît évidement discutable.

images (1)S’agissant cependant des attitudes ou dispositions des populations, elle permet de poser la question du type de « tolérance » nécessaire à – ou qui tout au moins favorise – la réalisation de certains objectifs: paix ou cohésion sociale, « vivre ensemble » harmonieux, mais aussi égalité effective entre les divers groupes composant une société donnée. La stricte tolérance de certaines minorités – au sens de la reconnaissance de leur droit de vivre et d’exister, quand bien même elles suscitent par ailleurs des attitudes négatives – ne constitue certainement de ce point de vue qu’un pis-aller.

La « tolérance » au sens strict apparaît en effet compatible avec des comportements constituant, de manière parfois indirecte, un préjudice pour les minorités ethniques et qui contribuent au maintien d’inégalités entre ces minorités et le reste de la population. Ainsi, d’après plusieurs auteurs – qui reprennent notamment les acquis de la psychologie sociale – le « déni de reconnaissance » de certaines minorités constitue un véritable préjudice et une source importante d’inégalités entre groupes différents (Taylor, 1994). Ce « déni de reconnaissance » se traduit en effet en actes, par des comportements qui sont parfois subtils: manières d’éviter ou de « ne pas voir », de « rendre invisibles » certains individus en fonction de leur origine, en ne leur adressant pas, dans les interactions quotidiennes, les signes, les marques tacites (attitudes faciales, regards) de la « reconnaissance », du respect ou de l’estime (Honneth, 2006).

Ces comportements, qui peuvent paraître anodins, renvoient aux individus qui en font l’objet une image dégradée d’eux-mêmes, la mésestime de soi participant de la démobilisation – individuelle (s’agissant des stratégies personnelles de « réussite » ou de promotion sociale) ou collective (mobilisation politique contre des injustices vécues) – des individus appartenant à certaines minorités. De même, la stricte « tolérance » n’empêche pas l’existence de stéréotypes concernant les minorités ethniques. Ces stéréotypes favorisent la persistance, dans les démocraties contemporaines, de discriminations, sur un mode éventuellement indirect ou involontaire, au sens où celui qui discrimine n’a pas toujours conscience de mobiliser, dans ses comportements ou ses choix, les stéréotypes auxquels il adhère (attitudes et conduites analysées par certains sociologues ou psychologues sociaux comme des formes de « racisme symbolique »).

Une acception extensive, et par là exigeante, de l’idée de tolérance attire ainsi l’attention sur un certain nombre d’attitudes qui, si elles ne sont pas à proprement parler xénophobes, « intolérantes » (au sens strict) ou racistes, ne s’opposent pas moins à la réalisation d’un « vivre ensemble » harmonieux, ou d’une égalité effective entre les groupes composant une société donnée. Il conviendrait d’interroger, de ce point de vue, les conséquences de certaines formes d’indifférence à l’endroit des difficultés que rencontrent certaines minorités ou, a contrario, les attitudes solidaires ou altruistes pouvant favoriser certaines formes d’action et d’implication politique (Boltanski, 2007). S’agissant des attitudes relatives aux minorités ethniques, la focalisation des recherches, dans les dernières décennies, sur la question du « nouveau racisme » a peut-être empêché l’émergence d’une réflexion sur la question de l’indifférence et de la solidarité, de leurs conséquences et de leurs causes.
[...]

Extrait de l’article « Tolérance » du Dictionnaire Historique et Critique du Racisme, sous la direction de Pierre-André Taguieff

Publié dans:TOLERANCE |on 11 août, 2014 |Pas de commentaires »

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