L’illusion de la mort
https://www.youtube.com/watch?v=iezmBBqcVBA#t=208
La mort est une porte d’entrée vers Dieu. Elle est le seul phénomène à avoir échappé à la corruption humaine. Elle demeure pure, incorruptible, inviolée. Tant que l’être humain n’acceptera pas la mort comme étant inséparable de la vie, il demeurera un être incomplet. Lorsqu’il l’acceptera, il deviendra un être entier. Depuis des siècles, on nous enseigne que la mort est à l’opposé de la vie. C’est pour cette raison que nous vivons dans la peur. Nous ne pouvons nous détendre, nous laisser aller devant la mort. Et si, au contraire, la mort était le point culminant de la vie ? Craindre la mort nous condamne à craindre la vie. Pourtant, la mort est une des choses les plus sacrées qui soit.
Lorsque l’on meurt, un chapitre de notre vie meurt, mais pas le livre. On tourne la page et un nouveau chapitre commence. Dans la pensée chrétienne et musulmane (qui découle de la conception juive selon laquelle nous n’avons qu’une vie), tout devient une course contre la montre. Il en résulte une telle tension que nous vivons continuellement dans un état de stress. La vie est tellement empoisonnée par la pensée de mort, que le bonheur est presque impossible. Toute source de joie est entachée par l’impression de perdre son temps. À cause de l’idée qu’on ne vit qu’une fois, la méditation, tellement indispensable à un bon équilibre, devient inaccessible. On n’a tout simplement pas le temps de méditer.
Et pourtant, comme la vie pourrait être une fête si on reconnaissait que la mort est une expérience fabuleuse, peut-être même la plus extraordinaire qui soit. Selon notre conception occidentale, la mort est la fin de la vie, alors que dans la conception orientale, elle n’est qu’un évènement dans le long processus de la vie. Il y aura d’autres morts, innombrables même. Et chaque vie atteint son apogée dans la mort, avant le début d’une autre vie. Le sentiment de brièveté de la vie est néfaste, car il apporte de l’angoisse et parfois, du désespoir. L’accumulation des richesses n’apporte aucun réconfort, car dans la mort, on entre nu et dépouillé. Sauf pour celui qui a accumulé des richesses intérieures, telles la paix, l’amour, la sérénité, la joie sur lesquelles la mort n’a pas d’emprise. Elles servent de base pour le départ d’une autre vie.
Chaque mort qui survient dans notre entourage, nous rappelle notre propre mort. Comme elle est fréquente, elle engendre la peur. Le seul moyen de nous libérer de la peur est celui de nous libérer de la mort. La mort n’est qu’une idée, elle n’est pas une réalité. On voit quelqu’un mourir et tout ce que l’on voit, c’est une personne qui ne respire plus, son cœur s’étant arrêté de battre. Mais ce processus constitue-t-il la fin de la vie ? La vie est-elle seulement une respiration ou une pulsation cardiaque ? Si la vie se résumait à respirer, pourquoi continuer de respirer ? La vie est quelque chose de bien plus grand que la respiration. Au plus profond de nous-mêmes, nous savons cela. Nous savons que nous sommes immortels. C’est comme pour l’amour qui ne consiste pas seulement qu’à s’embrasser ou à se tenir par la main. On ne connaît l’amour que lorsque l’on est soi-même immergé dans l’amour, imprégné d’amour.
Pour apprécier la vie, il faut se débarrasser de l’idée de la mort. Alors toutes les autres peurs disparaissent. La culpabilité également, car cette dernière n’est qu’un artifice des religions. Celles-ci ont rendu l’homme coupable de tout et de rien. Elles l’ont tellement traumatisé qu’il lui est difficile de jouir de la vie. Le sentiment de culpabilité empoisonne tout. Toutes les religions ont conspiré contre l’homme pour lui faire croire qu’il est coupable, car un être non troublé par la culpabilité, ne peut être tenu en esclavage. Or, les religions ont besoin d’esclaves pour satisfaire les ambitions démesurées de quelques individus assoiffés de pouvoir.
Les religions et la mort marchent main dans la main. Si la mort n’existait pas, à quoi serviraient les religions ? Ce n’est pas la vie qui incite à être religieux, c’est la mort. Cette dernière pousse les gens à chercher quelque chose qui leur échappe. Imaginons un instant un monde où la mort ne serait pas reconnue. La question : « Et après la mort ? » perdrait toute signification. L’idée du paradis et de l’enfer n’aurait plus aucun sens. C’est la crainte de la mort qui a engendré les religions. Comme il est facile pour le religieux de contrôler son prochain ! L’homme qui croit à la mort a besoin du religieux pour s’accrocher à une bouée, à quelque chose qui l’éloigne de sa plus grande crainte : la mort.
Le dévot, dans n’importe quel temple, synagogue ou église, s’humilie et humilie le dieu qui est en lui. Le dieu intérieur n’a pas besoin d’un dieu extérieur à adorer. Seuls suffisent l’éveil, la conscience, la connaissance de notre être profond. L’homme qui prend conscience de ce qu’il est vraiment, cesse d’être mortel : il devient immortel. Il l’a toujours été, mais dans son ignorance, il s’est imaginé en entité mortelle, en un être qui va mourir. Le corps physique est mortel, mais la vie en nous, la conscience en nous sont immortelles. La mort n’est qu’une illusion !
***
Source :
Bhagwan Shree Rajneesh. La mort, l’ultime illusion ; traduit de l’anglais par Anand Raji. Paris : Le Voyage Intérieur, c1988, 141 p. (cote Dewey : 294.523 R161m)

Vous pouvez laisser une réponse.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.