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Nous ne connaissons pas les effets a posteriori de nos histoires d’amour sur le monde invisible. C’est pourtant ce qui détermine la qualité du dialogue avec l’au-delà.
Parmi les rencontres avec « l’autre rive » qui m’ont particulièrement ému, je me souviens de cette femme désirant éclairer différents points de son existence et mieux comprendre qui elle était. Alors que nous parlions ensemble, un halo de lumière se manifeste à ses côtés, dans lequel doucement apparaît la silhouette d’un jeune homme. Il reste là un instant, semble regarder par-dessus l’épaule de cette femme. Ce type de manifestation n’étant pas si fréquente, je m’arrête de parler afin de mieux entendre en moi cette présence ; « Vous êtes avec ma mère, quant à moi je suis mort dans un accident de moto. » Je suis un peu troublé par cette annonce car, d’une part la personne en face de moi ne m’a rien dit de particulier et d’autre part si la mort du jeune homme vient de se produire, je ne me vois pas l’annoncer même avec quelque prudence. Comprenant mon inquiétude – la ressentant surtout – le jeune homme ajoute ; « Mais elle le sait, il y a plus d’un an que cela s’est produit. »
Présent dans cette brillance
Avec mille précautions, je préviens la personne qu’un jeune homme souriant se tient à ses côtés et qu’il la regarde avec beaucoup d’affection. Je ne dis rien d’autre, dans l’attente de sa réaction. Je ne connais pas l’histoire de cette femme, ni celle de ce jeune homme et je ne veux pas la choquer. Le jeune homme est toujours présent dans cette brillance, son image semble bouger comme si j’assistais à une projection sur un écran qui ondulerait légèrement, faisant perdre parfois la netteté. Mon regard se fixe de nouveau sur cette dame. Les larmes aux yeux, elle me dit ; « C’est mon fils. Vous le voyez, il est venu. » Sa réaction m’encourage et son émotion me rassure. En fait, je comprends qu’elle est venue pour cela.
Soulagé, porté par le bonheur de cette femme et l’amour qu’il lui porte, je suis tout écoute. De la même manière qu’il devait lui parler de son vivant, le jeune homme confie à sa mère ; « Je vais bien. Je suis en paix, il n’y a pas de souffrance. Je ne suis pas mort sur le coup comme tu le sais, quelques instants après. Mais le choc a été si violent que c’est comme si j’avais été projeté hors de mon corps. Et la seule pensée que j’ai eue, c’est… Oh, maman va être inquiète. Aussitôt, je me suis retrouvé auprès de toi. Tu servais du café à tes collègues de service où tu étais de garde au centre hospitalier. La pendule sur le mur indiquait minuit passé. Tu riais tout en ayant le souci de tes malades, je le ressentais. Je savais que tu ne me voyais pas, que tu ignorais tout. Puis j’ai pensé à ma sœur et instantanément je me suis retrouvé au pied de son lit. Elle dormait et je l’ai contemplée. Et c’est parce que je l’ai regardée qu’elle a bougé, ouvert les yeux et qu’elle m’a vu. Elle en a été surprise, mais a cru à un rêve. A nouveau, j’ai vu mon corps, mais cette fois étendu sur une table et j’ai compris alors que j’étais mort. »
Un monde de ressentis
Et ce fils d’expliquer à sa mère tout l’amour qu’il éprouve pour elle, « pas l’amour que mon cœur de fils te portait de son vivant… il s’agit d’autre chose. » Il attendait de pouvoir communiquer avec elle. Pour lui, le temps n’existe pas mais il ressent l’impatience de sa mère. Et c’est maintenant que devait se faire cette rencontre, partager ce bonheur. Il lui dit aussi qu’il a beaucoup à faire, qu’avec d’autres, dans un ailleurs comme l’on dit sur Terre, il a choisi d’accueillir et d’aider ceux qui sont victimes de mort violente. Et il demande à sa mère de ne pas chercher à reprendre contact avec lui et dit qu’il donnera de ses nouvelles par rêve. Qu’elle sache simplement qu’il est bien, heureux et qu’il y a toujours une partie de moi qui est là, qu’il ne vit pas ailleurs, qu’il est juste là avec ceux qu’il a aimés, qu’il lui est difficile de trouver les mots mais qu’il pourrait dire ceci ; « Il n’y a aucun éloignement entre les êtres que vous prétendez morts et vous autres qui êtes vivants. C’est juste une autre façon de vivre. Notre vie est parfaitement réelle tout autant que la vôtre. Elle est organisée autrement, c’est un monde fait de ressentis, de vagues successives d’amour. » Et cet homme confie à sa mère que, chaque fois qu’elle pense à lui, une vague d’amour le submerge. Il la reconnaît car seule sa mère peut l’aimer ainsi et penser à lui de la sorte. Il est alors aussitôt avec elle. Cette même force comporte d’autres fréquences vibratoires et c’est ainsi qu’il reconnaît s’il s’agit de sa sœur ou de son père. Il sait toujours qui pense à lui, qui l’aime autant. Il est donc omniprésent dans le cœur de tous, mais aussi sur le plan humain à les accompagner.
Le rejoindre en esprit
Par rapport à sa mère, il explique que, non seulement, il perçoit ses pensées mais il continue de vivre avec elle au niveau de l’âme, au niveau intérieur. C’est comme si elle le portait. En effet, bien que l’âme de sa mère soit au cœur d’une expérience humaine (l’incarnation), leurs âmes ne sont pas assujetties à la matière. Sur leur plan de conscience, elles se rejoignent, sont toujours complices. L’âme d’une mère porte l’âme de son enfant. C’est ce qui permet les retrouvailles au moment de la mort, retrouvailles prévues car l’amour ressenti et vécu intensément a des conséquences sur un plan spirituel. Les liens ne sont plus seulement physiques, mais deviennent des liens spirituels éternels. Cela explique pourquoi le jeune homme demande à sa mère de ne pas chercher à l’appeler uniquement sur un plan humain. Désormais, leur relation se poursuit à un niveau plus subtil et il lui explique avec une grande délicatesse qu’elle doit, parce qu’elle le peut, le rejoindre en esprit, communiquer avec lui davantage à travers sa pensée et son cœur. Et pour cela, elle doit écouter en elle et faire confiance à ce qu’elle ressent.
A la fin du contact, il lui redit tout son amour. La maman est en larmes d’émotion et de bonheur. Elle retrouve son calme et m’explique enfin l’histoire qui s’est révélée en tout point exacte. Elle est infiniment heureuse de ce contact et ne doute pas un instant que son enfant de dix-neuf ans est toujours vivant, même si son absence physique lui pèse parfois. La perte d’un être cher est toujours difficile, alors celle d’un enfant…
J’étais moi-même très heureux qu’elle ait retrouvé son fils et qu’elle sache que lorsque des émotions surgissent en elle, c’est parce qu’elle le porte toujours comme au moment de sa grossesse ; que leurs âmes dialoguent dans une autre dimension de l’esprit.
Quelques mois plus tard
Quelques mois plus tard, une jeune femme demande un entretien. Au cours de celui-ci, le jeune homme se présente de la même manière : présence d’un halo lumineux dans lequel s’installe une forme plus précise. Il semble touché de voir cette jeune femme. Sans me prêter davantage attention –il sait que je le vois – il me dit qu’il s’agit de sa belle-sœur envoyée par sa mère. Cette dernière n’a pas osé revenir parce qu’il le lui avait déconseillé. C’est alors qu’une force en moi me fait dire à la jeune femme : « Christian est là et m’explique qui vous êtes, que vous venez aux nouvelles car sa maman n’a pas osé le faire. Les nouvelles sont toujours les mêmes, c’est-à-dire aussi lumineuses, agréables et pleines d’amour. Il prie pour que votre espoir qui est aussi son souhait se réalise, celui d’avoir un enfant. Est-ce bien cela ? » La jeune femme est interloquée. Et comme il l’avait fait avec sa mère, Christian recommande à sa jeune belle-sœur de ne pas renouveler l’expérience ; elle doit compter sur elle-même, sur sa foi, sur ce qu’elle est, sur sa force intérieure. Car en vérité, tout ce qu’elle a envie de vivre et qu’elle ne se sent pas capable d’affronter humainement, elle l’a décidé avant de venir au monde et la réussite est prévue. Elle doit donc avoir confiance. Puis il me remercie avant de se fondre dans la lumière qui semble l’emmener en se refermant sur lui.
En séchant ses larmes, la jeune femme m’avoue qu’elle ne croit pas à tout cela, que sa belle-mère lui a effectivement demandé ce service et qu’elle a accepté en voyant toute sa peine. Elle me remercie du réconfort que lui ont procuré les propos de Christian.
Deux ans plus tard…
Deux ans après, la maman de Christian est revenue. Je ne l’ai pas reconnue mais son fils s’est de nouveau présenté. Avant même de s’adresser à elle, il tient à m’expliquer certaines choses qui rejoignent en tous points différents témoignages de personnes décédées puis : « Elle a besoin d’être réconfortée, je le comprends bien mais il faut aussi qu’elle saisisse l’enseignement que mon amour lui donne. » Je transmets alors le message d’amour de Christian à sa maman, nuancé de recommandations ; il lui rappelle ce qu’il lui avait suggéré la première fois. Elle réagit en s’adressant à lui directement : « Mais ça me fait tellement de bien. Ne refuse pas d’avoir des contacts avec moi, sinon ça veut dire que je te dérange. » Et Christian d’expliquer : « Ce n’est pas de dérangement dont il s’agit, parce qu’il n’y en a pas. Mais comment peux-tu devenir consciente de ma présence en toi et avec toi en chaque instant si tu utilises toujours un intermédiaire ? Pour beaucoup d’autres, ça reste nécessaire, mais de là où je suis, je sais ce dont tu as besoin. C’est pourquoi je t’incite à t’appuyer sur ta foi et sur la confiance que tu éprouves. En consultant, tu les remets en question et c’est comme si tu recommençais à zéro. Bien sûr que je ne t’interdis rien et je te donne ce conseil uniquement pour que l’au-delà fasse peu à peu partie de ta propre vie, devienne ta propre lumière, ta quête, ta vérité. Pour le moment, c’est toujours la vérité d’un intermédiaire même si tu connais les faits et que, par émotion, tu sais que cela est juste avec tous les détails qui la portent. Il serait tellement mieux pour ton évolution spirituelle que tu puisses grandir seule à cette vérité, te l’affirmer et la vivre dans la réalité. C’est ainsi que mon absence physique te pèsera moins. Tu vas me sentir vivre pleinement dans ton quotidien. Tu dois réussir à t’éveiller à ta propre richesse spirituelle comme à celle que moi-même je véhicule.
Dans ton for intérieur
Nous ne sommes pas désunis mais bien ensemble. Tu le crois, c’est bien, mais tu dois le vivre ; alors, seulement tu comprendras que je ne suis pas mort mais que je reste vivant. Tu le sauras parce que tu vas aborder cette vie-là chaque jour un peu plus dans ton for intérieur. C’est là que tu peux déjà me retrouver sans que tu sois obligée de mourir au plan humain. Maman, à ce moment-là, ma mort te devient « utile » dans ta quête personnelle parce que je t’ai ouvert une fenêtre sur un autre monde que tu aurais toujours voulu ignorer mais que désormais tu veux vivre. Tu comprends mieux pourquoi je te déconseillais de revenir ? C’est juste pour que tu comprennes qu’en prenant contact avec toi-même, tu te place dans ma force qui vit en toi. Tu vas savoir utiliser tes valeurs et non pas tes manques. Chaque fois que tu es en demande, tu l’es à travers tes manques. Cela t’aide psychologiquement et sur un plan spirituel, mais d’une manière plus lente. Voilà, chère maman, mon message qui nous relie aujourd’hui et jusqu’au jour où je t’accueillerai. »
La maman a parfaitement compris ce que disait son fils parce qu’elle l’a ressenti au plus profond d’elle-même. Au fur et à mesure que je traduisais en mots ce que Christian me disait, la vie se révélait en elle. Je n’ai plus jamais revu cette femme, ni même qui que ce soit de la famille. Avant de s’en aller, Christian s’adresse à moi : « C’est la dernière fois que l’on se voit car maman a ressenti tout ce que je lui ai dit et, puisqu’elle a compris, elle me laisse à ma présence et donc par notre amour réuni, nous existons ensemble. »
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