Archive pour le 15 juin, 2014

Rêves : des images à messages

 

Personnages, lieux, objets… les images que nous rencontrons aux cours de nos nuits ont-elles une signification ? Oui, si l’on sait lire ces symboles et en faire les déclencheurs d’une réflexion personnelle. Premiers pas pour se lancer.

Flavia Mazelin-Salvi

images (7)Un animal, une voiture, une liasse de billets… Chacun de nos rêves s’articule plus particulièrement autour d’une image. Puisées à la fois dans l’histoire singulière du rêveur, mais aussi dans son environnement culturel – « l’inconscient collectif », selon Jung –, ces images « dominantes » symbolisent ses désirs, besoins ou préoccupations les plus fortes du moment.

L’écrivaine et journaliste Hélène Renard, spécialiste des rêves, a mis au point une méthode originale d’interprétation nourrie de psychanalyse et de symbolisme. Comme base de travail, elle propose au rêveur de se dire au réveil : « J’ai fait un rêve de… » Spontanément, des réponses s’imposent : « d’animal », « d’argent », « de tunnel »… Ce sera l’image dominante. Lorsque plusieurs images fortes se chevauchent, elle recommande pour y voir plus clair de titrer le rêve. Par exemple, vous avez rêvé de chat, de voiture et de voyage. Quel titre choisiriez-vous ? Si c’est « Le chat qui part », c’est cela qui dominera dans votre interprétation.

Ces images dominantes sont des clés offertes au rêveur pour gagner en connaissance de soi, pour mieux comprendre les émotions et les désirs qui le traversent. Elles donnent le « la » de chaque rêve et la direction fondamentale de l’interprétation. Nous avons choisi de vous présenter les sept thématiques les plus récurrentes selon Hélène Renard, et les questionnements qui peuvent en découler. Ce ne sont que des pistes pour vous interroger, mais vous saurez en trouver d’autres, plus personnelles et liées à votre actualité. Car chacun sait intuitivement quelles zones de sa vie « ses » images viennent éclairer.

La maison

Symbole de notre vie intérieure, elle représente à la fois le corps et la vie psychique du rêveur. Sa représentation onirique correspond donc à la façon dont vous vous percevez globalement. Délabrée, en désordre, elle peut indiquer que vous traversez une période de vie « brouillonne », et que vous devriez peut-être interroger vos habitudes, vos relations, votre hygiène de vie…

Evoluer dans une maison inconnue peut révéler une certaine méconnaissance de soi : quels pans de votre histoire, quelles facettes de votre personnalité laissez-vous dans l’ombre ? De la même façon, des pièces vides peuvent évoquer des ressources personnelles qui ne sont pas encore explorées. A chaque pièce correspond également un symbolisme particulier. La cuisine est le lieu par excellence de transformation et d’évolution, c’est dans cette pièce que la matière brute est travaillée et raffinée. Elle suggère qu’un changement est sans doute nécessaire pour avancer. On peut aussi lire dans cette image une invitation à se montrer plus actif et plus entreprenant dans sa vie personnelle.

L’apparition de toilettes peut évoquer une nécessité de se libérer. Qu’est-ce qui, dans votre vie, devient étouffant et demande à être évacué ? Quelle croyance, quelle émotion, quelle relation ? La salle de bains, lieu de nettoyage et de purification, peut exprimer chez le rêveur le désir de nettoyer une partie de sa vie pour gagner en énergie vitale. S’agit-il d’un mode de vie à aménager différemment, d’une relation à clarifier ?
La chambre à coucher évoque quant à elle, sans surprise, les relations conjugales et sexuelles.

Le corps

Plus que le corps tout entier, c’est généralement une de ses parties qui est mise en scène dans un rêve. La première question à se poser est très basique : à quoi sert cette partie du corps ? Parmi les images corporelles dominantes les plus fréquentes, on trouve les mains, les jambes, les dents et la gorge. Les mains sont à la fois un outil de communication et de contact (du simple bonjour à la caresse), et un outil de création.

Lorsqu’on les rêve mutilées, abîmées, attachées, sales, mordues, elles peuvent être une invitation à se questionner sur la qualité de sa vie relationnelle : multiplie-t-on les conflits ? Se sent-on maltraité ?… Mais aussi sur ses propres capacités créatrices : les ignore-t-on par méconnaissance de soi ? Les inhibe-t-on par manque d’assurance ?… Les jambes symbolisent généralement notre capacité à progresser et à trouver un équilibre. Bloquées, refusant d’avancer, elles traduisent une difficulté à faire des choix dans sa vie, à avancer ou encore à être indépendant.

Rêver que l’on perd ses dents est aussi angoissant que fréquent. Cela peut révéler un manque de « saine » agressivité, pour se défendre, pour s’affirmer, pour entreprendre. La peur de la perte renvoyant au manque de contrôle de soi peut aussi traduire une émotivité excessive. Enfin, la gorge concentre nos émotions et nos angoisses, ne parle-t-on pas de « nœud dans la gorge » ? Qu’est-ce qui vous empêche, dans votre vie, de respirer librement ? Les sensations d’étouffement, de gêne, de blocage, sont une invitation pour le rêveur à interroger tout ce qui peut faire obstacle à son bien-être émotionnel.

Les animaux

La première clé d’un rêve dominé par l’image d’un animal nous est donnée par la principale caractéristique de l’animal. Le chien évoque la fidélité, mais aussi l’instinct, qu’il soit maternel, de survie et de défense, ou sexuel. Un chien amical indique que vos instincts ne sont ni étouffés ni dominants. S’il est agressif ou menaçant, peut-être ces instincts sont-ils trop dominants ou trop refoulés. Les rêves de poursuite par des animaux inquiétants sont, en général, une façon d’attirer notre attention sur un problème que nous n’osons pas affronter.

Le chat, quant à lui, est souvent symbole du féminin, que l’on soit homme ou femme. Il peut inviter à s’ouvrir davantage à la dimension féminine de sa personnalité. Il évoque également la sexualité. Lorsqu’il est agressif, il peut signifier que la sexualité est vécue inconsciemment comme une agression.

Un peu plus inquiétants, l’araignée et le serpent s’invitent fréquemment dans nos rêves. La première, tissant sa toile et guettant sa proie, suggère l’idée d’un piège. Observez votre comportement face à l’araignée : la fuyez-vous, essayez-vous de vous en débarrasser ? Votre attitude, passive ou active, vous donnera une piste de réflexion sur la façon dont vous gérez les situations difficiles. Le serpent est l’une des figures principales de notre inconscient. Il peut évoquer le changement (le serpent mue) : êtes-vous en train d’entamer un nouveau cycle personnel, ou en ressentez-vous le besoin ? Il représente aussi la sexualité et, de manière plus large, la libido, c’est-à-dire notre énergie vitale.

La mort

Cercueil, enterrement, cimetière, défunts… Ces images très fortes sont, contrairement à ce que l’on peut croire, positives, car pour notre inconscient, la mort est signe de renaissance. Elles doivent donc être interprétées comme des incitations au changement, à l’évolution, voire à la métamorphose.

Ainsi, rêver de sa propre mort est souvent le signe que le rêveur est en train d’évoluer. Certaines parties de lui sont en train de perdre de leur vitalité pour laisser place à de nouvelles dimensions de son être. Si ces images peuvent générer angoisse ou anxiété, c’est simplement que le changement, même lorsqu’il est positif, fait peur. Dans la même perspective, le cimetière représente un lieu de régénération. Mais avant de goûter au « nouveau », il nous faut régresser une dernière fois vers l’ancien, c’est cet entre-deux que représente le cimetière.

Le bébé

Il symbolise le soi, c’est-à-dire notre être essentiel, celui qui est au-delà de notre ego. Ainsi, les rêves d’accouchement peuvent annoncer la naissance de cet être essentiel. Ce peut être, par exemple, un projet personnel important qui voit le jour, une nouvelle relation plus épanouissante, mais aussi une nouvelle façon d’être au monde, plus libre, plus consciente.

Si les beaux bébés, souriants et joufflus, symbolisent notre capacité à prendre soin de notre être essentiel, les bébés sales, tristes, négligés, suggèrent en revanche que le rêveur maltraite son être profond. Que négligeons-nous d’essentiel, quels besoins, quels désirs n’écoutons-nous pas ? Le bébé peut aussi évoquer la relation de couple : suivant son apparence et l’enjeu qu’il représente dans le rêve, il peut évoquer un lien satisfaisant ou problématique. Lorsqu’il meurt, sa mort peut indiquer une transformation de cette relation. Enfin, la métamorphose d’un bébé en petit animal peut traduire la difficulté du rêveur à laisser s’exprimer son instinct, qui a pu être étouffé par une éducation trop rigide ou trop intrusive.

La voiture

Elle symbolise la façon dont on conduit sa vie, ainsi que celle dont on se conduit dans la vie. Est-on plutôt enclin à la prudence ou au danger ? La voiture est-elle associée à des accidents ? En est-on la cause ou les subit-on ? Toutes ces questions peuvent vous aider à réfléchir sur la manière de mener sa vie et de se comporter avec soi-même et avec les autres. Conduisez-vous ? La voiture est-elle conduite par un autre ? Que ressentez-vous en tant que passager ou conducteur ? La place que l’on occupe dans la voiture révèle notre degré de dépendance ou d’indépendance.

L’argent

Billets, pièces sonnantes et trébuchantes, coffre… Ces rêves parlent de notre richesse intérieure. Si le rêve met fortement l’accent sur des images d’or ou d’argent, il faut y lire la tendance du rêveur à se dévaloriser. Quelle valeur vous accordez-vous ? Savez-vous utiliser vos talents et vos compétences ? Il est important de prêter attention à ce que vous faites de ces billets, pièces ou objets précieux : les dépensez-vous, les cachez-vous ? Leur utilisation révèle la façon dont on néglige ou, au contraire, exploite ses ressources intérieures.

téléchargement (1)A lire

Petite Méthode pour interpréter soi-même ses rêves d’Hélène Renard, avec la collaboration de Nicola Otto.
Le processus complet d’interprétation mis au point par cette spécialiste des rêves, (Albin Michel, 2004).

Publié dans:REVES |on 15 juin, 2014 |Pas de commentaires »

l’ethnopsy qui travaille avec les djinns et les esprits

 

Tobie Nathan, Né en 1948 en Égypte, Tobie Nathan est l’un des héritiers de Georges Devereux, fondateur de l’ethnopsychiatrie. Il a été le premier à créer, en 1979, à l’hôpital Avicenne, à Bobigny, une consultation d’aide psychologique aux familles de migrants. Depuis, dans le monde entier, il ne cesse de dialoguer avec les esprits. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la parution de son autobiographie, Ethno-Roman.

Isabelle Taubes

téléchargement (1)Psychologies : Vous êtes connu comme le principal représentant de l’ethnopsychiatrie, l’héritier de Georges Devereux, qui l’a introduite en France. En quoi consiste-t-elle exactement ?

Tobie Nathan : L’ethnopsychiatrie s’efforce de démontrer qu’une part de culturel et de politique est indispensable à la compréhension et au traitement d’un désordre psy. En clair : un Africain, un Malais, un Indien, un Européen seront malades différemment, et les soigner avec des thérapies qui tiennent compte de leurs attachements – le groupe d’origine, ses dieux, ses façons de comprendre le monde – se révèle généralement plus efficace. Si le patient attribue son mal-être à un envoûtement, un djinn, un esprit invisible, nous respectons cette explication. Finalement, il s’agit d’un échange : les malades nous transmettent un savoir, nous les mettons en contact avec un autre type de savoir. Cela dit, un Français peut parfaitement être guéri par un acupuncteur chinois, un Kabyle peut aller mieux grâce à un psychanalyste belge. Mais il y a des rites qui nous parlent plus que d’autres. Quand les consultations d’ethnopsychiatrie ont démarré à Bobigny, nous nous adressions essentiellement aux migrants, Africains, Maghrébins, Asiatiques. Progressivement, nous avons commencé à travailler aussi avec les autochtones : les Parisiens.

Nous aussi, en France, avons des esprits tourmenteurs ? Cela semble difficile à croire…

Quand, dans les rave-partys, des jeunes entrent en transe, qu’est-ce qui les plonge dans cet état ? Seulement la musique ? Uniquement l’alcool ? Il pourrait bien s’agir de tout autre chose… Nous sommes tous attachés à des forces invisibles qui resurgissent quand nous allons mal, à des croyances, des fantômes. D’ailleurs, en France, il y a presque autant de guérisseurs que de médecins. De très nombreux malades atteints de pathologies graves, chroniques, dégénératives, consultent un guérisseur en plus de leur médecin. Est-ce parce que je suis né en Égypte, descendant de rabbins guérisseurs et portant le prénom du plus réputé d’entre eux ? Toujours est-il que la façon occidentale de concevoir les troubles psychiques est, selon moi, aussi bête que triviale. Travailler seulement sur le psychisme individuel coupe de la vie. En ethnopsychiatrie, au contraire, la vie foisonne au coeur des séances, où nous sommes parfois très nombreux : le patient, ses proches, un traducteur qui parle sa langue d’origine s’il est étranger, les thérapeutes.

Au cours de vos études, vous vous êtes formé à la psychanalyse. Que vous en reste-t-il ?

Depuis mon adolescence, elle me passionnait, mais je n’ai jamais réussi à m’identifier à un psychanalyste. Je ne supporte pas les groupes, alors les groupes de psychanalystes… Surtout, le complexe d’Œdipe est une erreur scientifique : les enfants ne s’intéressent pas sexuellement à leurs parents, ils s’intéressent à leurs semblables. Plusieurs enquêtes menées dans les pays nordiques l’ont prouvé. Il a ainsi été demandé à vingt-cinq mille enfants des deux sexes entre 5 et 6 ans avec qui ils voulaient se marier plus tard. 70 % ont répondu : « Avec mon petit frère (ma petite soeur) », « Avec mon copain (ma copine) de classe », « Avec le chien ». Seuls 7 % manifestaient le souhait d’épouser leur père ou leur mère. Si les patients parlent autant de papa ou de maman, c’est que leur discours est programmé avant même la rencontre avec le psy. Ils savent parfaitement ce qu’il attend d’eux. En fait, le mythe d’Œdipe n’a rien de psychologique. Il nous parle de la grande question des Grecs de l’Antiquité : « Qu’est-ce qu’être un citoyen ? » Le récit œdipien a enfanté le monde que nous connaissons, dans lequel un père peut être puni pour avoir maltraité son fils, qui, comme tout citoyen, est en droit d’exiger d’être protégé par l’État. Je ne peux pas non plus cautionner la thèse selon laquelle, avec sa théorie de l’inconscient, des pulsions, Freud nous aurait offert une mythologie pour Occidentaux. Une mythologie est toujours le fruit d’une collectivité. Avec l’inconscient, il aurait pu avoir une sorte d’intuition du monde des invisibles – les djinns, les esprits… Il a préféré en faire une loi que nous ne pouvons que subir. Alors qu’avec les « non-humains » nous pouvons ruser, tricher, parlementer. 

Un rapprochement Comment vous, en tant que Blanc vivant à Paris, vous êtes-vous initié aux thérapies traditionnelles ?

Je suis allé voir des thérapeutes pour comprendre comment ils travaillaient. Je me souviens en particulier d’un guérisseur malien à qui l’hôpital psychiatrique de Bamako envoyait des patients. Régulièrement, des infirmiers venaient leur administrer des piqûres de neuroleptiques tandis que lui leur faisait travailler la terre, tout en les soignant. Je lui ai demandé : « Comment fais-tu pour guérir les malades? — Je combats les djinns, les esprits. Et toi ? — Pareil que toi ! » À quoi le guérisseur répond : « Ça doit être beaucoup plus difficile pour toi. À Paris, ils sont tellement plus nombreux. » Il avait raison. Les non-humains naissent spécialement dans les grandes métropoles, où des hommes issus d’univers radicalement différents vivent ensemble.

Comment savoir qu’ils sont là ?

Les génies se repèrent à leurs manifestations – les maladies qu’ils provoquent chez les humains, en particulier, mais aussi des bruits de pierre sur la toiture, des traces sur le tapis alors qu’il n’y avait personne à la maison, des objets déplacés. Si une personne dit toujours non, vous êtes presque sûr qu’elle est habitée par un djinn. En Égypte, on leur attribuait l’origine des tourbillons du Nil. Ils vivent dans les canalisations des maisons, dans les ruines, dans les rivières. Près de nous, mais là où nous ne vivons pas. Ils nous rappellent que nous ne sommes pas seuls au monde. Une patiente se met à parler, et c’est la voix de son père mort qui surgit, une voix grave, une voix d’homme : le défunt exige des funérailles dignes ; il va falloir persuader tous ses enfants de venir à la consultation. Avec les invisibles, il convient d’agir concrètement. De pratiquer des rites particuliers. Je viens d’une culture où l’on travaille sur eux avec des parfums, mais il est possible d’utiliser des couleurs, des écrits religieux, de fabriquer des objets protecteurs. Quand je soigne des patients, je ne m’adresse pas directement à eux, mais aux non-humains qui les tourmentent. Je les installe ainsi dans une position où il leur est plus facile de guérir, car à aucun moment je ne leur fais entendre qu’ils sont responsables de ce qui leur arrive.

Il me semble que la psychanalyse, au contraire, s’efforce de responsabiliser le patient, afin de l’aider à sortir de la position de victime ? 

C’est une autre absurdité introduite par Freud. Pour moi, « guérison » et « responsabilité » sont incompatibles. Je dis à mon patient : « Tu as un ennemi, nous allons l’identifier ensemble et voir comment lutter contre lui. » Il peut s’agir d’un esprit, mais aussi d’un humain agissant de manière occulte et qui n’a pas forcément conscience d’être un agresseur. Il ne vous apprécie pas, il vous en veut. Mais il ignore l’effet de son animosité sur vous. Le plus souvent, c’est un proche – un parent – ou un moins proche – un collègue de bureau. Aujourd’hui, d’ailleurs, la plupart des maladies s’attrapent au travail. Parce que les salariés sont obligés de se taire pour garder leur emploi. Parce qu’ils sont harcelés par des petits chefs. Parce que les rivalités s’expriment en vase clos. Je crois l’ethnopsychiatrie plus apte à dénouer les conflits professionnels que la psychothérapie classique, qui vous dit : « Ce conflit avec votre chef de service est une répétition de la situation que vous avez vécue avec votre père (ou votre mère). » Et qui contribue du même coup à accroître vos tensions. En Israël, j’ai vu des rabbis soigner, avec des résultats spectaculaires, des personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs, en leur prescrivant des actes, des rituels curatifs, un peu comme le font les thérapies cognitives et comportementales contemporaines. En fait, cette idée de dialogue avec le non-humain, avec les mondes d’avant, me semble particulièrement adaptée au monde d’aujourd’hui, où des forces invisibles sont à l’oeuvre, exacerbant les passions humaines.

En tant qu’ethnopsychiatre, comment interprétez-vous le climat d’anxiété généralisée en Europe ?

Je pense que nous sommes arrivés au bout d’une certaine façon de penser le monde et nos identités, avec des Nations, des États, des frontières. L’avenir appartient aux peuples capables d’un certain nomadisme. Regardez les Chinois. Il y a le noyau originel, la Chine, mais les Chinois ont essaimé dans le monde entier. Le secret du miracle économique asiatique tient essentiellement à cette capacité de se disperser un peu partout, tout en restant relié au pôle « Chine » grâce à Internet, au téléphone. C’est la fin du Vieux Monde où les immigrés s’assimilaient, étaient blanchis, nettoyés de leur culture d’origine. Au contraire, ils emportent avec eux leurs cultes et leurs croyances. Au début du siècle, le vaudou, religion d’ethnies du sud de l’actuel Bénin et du Nigeria, comptait deux millions d’adeptes. Mais, en traversant les mers pour s’ancrer en Haïti, à Cuba, en Louisiane, au Brésil, il a fini par en séduire quelque soixante millions – on les évaluerait actuellement à cinq millions en Afrique et à environ cinquante-cinq millions dans le reste du monde. Les Blancs s’y adonnent. Le cabinet de Bill Clinton en comptait. La crise européenne marque la difficulté du Vieux Continent à s’adapter à cette nouvelle donne, liée à la mobilité. Soixante millions de Français et à peine deux millions hors des frontières nationales… C’est très peu.

Un rêve doit déboucher sur un conseil et une action, dites-vous encore…

Tobie Nathan : Si je vous dis : « Votre rêve montre que vous êtes fâchée avec votre fille pour des histoires d’argent depuis deux mois », qu’allez-vous en faire ? Rien ! La matière du rêve n’est pas destinée à rester dans la tête, sa fonction est de nous aider à agir. Et, pour cela, j’ai besoin de savoir qui est le rêveur, d’où il vient, quelles sont les pensées de son monde, ce qu’il fait dans la vie. Revenons chez Artémidore de Daldis : un homme rêve qu’il est chauve. Si cet homme est jongleur, le rêve signifie qu’il pourrait bien réussir à présenter son numéro devant l’empereur ; je lui conseillerais donc de continuer à s’exercer. Car, quand il avait l’honneur de se produire devant le souverain, un jongleur devait se raser la tête. Le rêveur est commerçant ? Il pourrait bien se retrouver en prison : à l’époque d’Artémidore, les prisonniers avaient le crâne rasé. Sans doute a-t-il commis quelques entorses à la loi, il doit dorénavant se montrer plus prudent. 

téléchargement (1)Que peut attendre le rêveur qui soumettra son rêve à Tobie Nathan ?

Tobie Nathan : La lecture du rêve ne suffit pas pour produire une interprétation, et encore moins pour donner un conseil, je pense avoir été clair sur ce point. Un entretien téléphonique, un contact réel, est indispensable pour savoir qui est le rêveur. Après avoir échangé avec lui, je lui restituerai ce que j’ai compris de son rêve et ce qu’il peut en faire dans la réalité. Une interprétation doit déboucher sur une action, qui elle-même produira un changement. Du moins, il faut l’espérer… 

Source : Psycho.com

Publié dans:ESPRITS |on 15 juin, 2014 |Pas de commentaires »

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