Archive pour le 6 avril, 2014

La communication induite avec les défunts

 

Eye3Perdre un être cher… La douleur d’une vie pour de nombreuses personnes. Comment apaiser sa peine et revivre normalement ? Et s’il était possible de communiquer avec l’esprit d’un défunt ? La méthode Allan Botkin, basée sur l’EMDR, change notre façon d’envisager la thérapie du deuil.

Durant ses années d’expérimentations, le Dr Allan Botkin constate que ses patients ressentent généralement trois types d’émotions : la colère, la culpabilité et la honte. Il s’aperçoit que derrière se cache souvent une profonde tristesse et que le travail sur cette émotion en particulier agit également sur les autres. Il demande donc à ses patients de se focaliser principalement sur la tristesse. 

Une fois que celle-ci a diminué, et après le balayage oculaire, le thérapeute demande au patient de garder les yeux fermés. Il a ainsi plus de facilité à se mettre en état de réceptivité sans attente particulière afin d’être ouvert à toute information pouvant provenir du défunt. D’après le Dr Olivier Chambon, le contact s’établit dans environ deux tiers des cas. Le patient reçoit alors des informations « sous forme de contact physique, de voix entendues télépathiquement et de visions qui tout à coup se sont imposées à lui », peut-on lire dans son livre. Pour lui qui a expérimenté cette technique sur lui-même avec l’aide d’un autre thérapeute et l’emploie sur des patients ayant des difficultés à se remettre d’un deuil, il ne s’agit « ni d’hallucination, ni de rêve, ni de mécanisme de défense, ni même de désir inconscient. ». Les messages des défunts peuvent d’ailleurs aller à l’encontre de ce qu’attend le patient. Il peut s’agir d’informations extrêmement précises concernant par exemple une assurance vie, rangée dans tel tiroir dont le vivant ignorait l’existence, ou d’avertissement sur une situation à venir comme un problème de santé. Le Dr Olivier Chambon aime à dire que les défunts sont « de bons psychothérapeutes ». La plupart du temps, « ils précisent qu’ils vont bien, qu’ils sont pleins d’amour pour les vivants, qu’ils leur ont pardonné ceci ou cela ou qu’ils demandent pardon pour certaines choses faites de leur vivant et qu’ils regrettent maintenant. » C’est ce qu’a vécu Priscilla il y a tout juste un an. Agée de 28 ans au moment des faits, elle consulte le Dr Olivier Chambon pour des crises d’angoisse. Au cours d’une séance d’EMDR, elle travaille sur une problématique de sentiment d’abandon. Son angoisse diminue et soudainement, l’image de sa grand-mère maternelle lui apparaît. Priscilla la voit seule, dans sa chambre, couchée dans la position du fœtus. C’est ainsi qu’elle a été découverte 5 ans plus tôt après son décès. Priscilla s’adresse à elle et s’excuse au nom de sa famille de ne pas avoir été plus présents de son vivant, pensant que cela aurait pu changer les choses. A ce moment précis, elle réalise qu’elle porte en elle une culpabilité dont elle ne soupçonnait aucunement l’existence. Elle sent ensuite comme une présence sur sa droite et entend mentalement les propos de sa grand-mère : « Je ne vous en veux pas. Mon heure était arrivée et de toute façon, même si vous aviez été là, cela n’aurait rien changé. »Priscilla voit ensuite l’image de son grand-père, décédé 15 ans plus tôt. Sa grand-mère se tourne vers lui et s’adresse de nouveau à sa petite-fille : « Aujourd’hui je suis avec mon papy (c’est de cette manière qu’elle appelait son mari) là où je suis. Même si j’en avais la possibilité, pour rien au monde je ne voudrais revenir. Dis à tes frères et à ta mère que je les aime et que je ne leur en veux pas. » Priscilla a du mal à réaliser ce qu’il vient de se produire. Pourtant, au plus profond d’elle-même, elle sait qu’il ne s’agit pas d’un rêve. Et même si ce contact est plutôt furtif, ces paroles réconfortantes lui apportent beaucoup. Elle se sent immédiatement libérée de la culpabilité dont elle n’avait pas conscience. Elle observe par ailleurs que le sentiment d’abandon qu’elle ressentait très fortement dès qu’elle se retrouvait seule la quitte progressivement. « Depuis cette séance, j’ai le sentiment d’avoir grandi, de mieux me connaître » analyse-t-elle.

Une transformation instantanée pour le patient

La technique de l’IADC est une « super thérapie du deuil » estime le Dr Olivier Chambon. Dans son livre, il observe que les spécialistes de la thérapie du deuil reconnaissent que les anciennes recommandations consistant à oublier le défunt, ne pas conserver d’objets lui appartenant, et à ne pas entretenir de conversations intérieures « étaient inadaptées et potentiellement dommageables. Au contraire, il faut entretenir la relation qui a finalement changé de niveau : cette relation est devenue plus subtile, mais les liens d’amour peuvent être cultivés plus profondément. » Ainsi, selon lui, la méthode Allan Botkin « accélère incroyablement le processus de deuil ». Les personnes qui vivent cette expérience « en retirent du réconfort, de la compréhension, et une bien meilleure acceptation de la mort. La relation est maintenue, elle n’est pas finie, elle est juste d’une autre nature, elle reste dynamique, interactive, et les gens s’aperçoivent que leurs défunts n’ont pas souffert. » Leur rapport à la mort change: « guand ils ont un contact avec un défunt, les patients savent qu’ils le retrouveront. Ils ont moins peur de la mort et de leur propre mort » confie le Dr Olivier Chambon.

Une expérience « transpersonnelle » bouleversante pour les patients comme pour les thérapeutes. La méthode Allan Botkin permet d’ajouter de nouveaux témoignages de contacts avec des défunts aux milliers d’autres déjà recueillis à travers le monde lors d’autres phénomènes péri-mortels tels que les EMI (Expériences de mort imminente). La vie après la vie, une hypothèse pour certains, une réalité pour de plus en plus de thérapeutes et de personnes.La communication induite avec les défunts dans CHANNELING couv_1186Expériences extraordinaires autour de la mort, Olivier Chambon & William Belvie
Editions Trédaniel (Juin 2012 ; 256 pages) 

Publié dans:CHANNELING, La MORT |on 6 avril, 2014 |Pas de commentaires »

En contact avec l’invisible

 
confidences d’un médium

Henry Vignaud est sans doute l’un des plus grands médiums actuels. Quel est l’ordinaire de cet homme aux capacités extraordinaires, dont le métier est de faire le lien entre les morts et les vivants ? Confidences autour de son parcours et de ses perceptions.
En contact avec l'invisible  dans MEDIUM 628_Henry%20VIGNAUD

Vous recevez jusqu’à 25 personnes par semaine, depuis plus de 20 ans. Arrivez-vous encore à trouver votre don surnaturel ?
Voir des esprits et communiquer avec eux fait partie de mon quotidien, mais je ressens toujours une forme d’émerveillement. Face aux preuves de survie, d’abord, mais aussi quand je vois combien, par mon intermédiaire, certains retrouvent la paix et l’espoir. 

Avez-vous parfois la pression ?
Les perceptions ne sont pas automatiques. Il peut y avoir des filtres spirituels, ou des écrans créés par l’énergie des vivants. Je reçois parfois des gens très durs, très exigeants. L’autre jour, une dame me reconnaît sur le quai d’une gare. « Mon fils unique est décédé, j’ai rendez-vous avec vous dans quelques mois, m’apprend-elle. Je ne sais pas si je vais tenir jusque là… Je n’ai jamais consulté de médium. Si je n’obtiens pas de signe, je me suicide. » Quand les gens sont dans une telle détresse, je prie pour obtenir des informations ! Mais à la clé, il peut y avoir des moments très forts.

Êtes-vous parfois surpris par des esprits ?
Je suis toujours curieux de découvrir leur intention. J’aime ces moments où l’âme s’impose à moi pour que je dise des choses. Hier par exemple, pendant une voyance, je vois apparaître la mère de mon client. Puis presque malgré moi, je lance à toute volée, en reprenant son ton tonitruant : « Arrête d’aller en boîte de nuit et de draguer les autres femmes alors que tu es marié ! » Le monsieur le reconnaît : « Mon épouse est dépressive, elle prend des médicaments pour dormir ; alors parfois j’en profite pour sortir… » Pas de quoi plaire à sa mère, une femme très droite et très autoritaire ! J’aime aussi quand des gens découvrent par mon intermédiaire des informations qu’ils ignoraient : comme cette dame, dont j’avais vu l’arrière-grand-père jouer de l’harmonium dans une église ; sur le moment, elle m’avait dit « non, ce détail ne colle pas ». Vérification faite, c’était vrai ! Ces indications invitent les gens à s’intéresser à leurs aïeux ; elles renforcent le lien.

Recevez-vous des gens parasités par des esprits ?
Ce n’est pas très fréquent, mais ça arrive. Je me souviens d’une dame ; à peine était-elle entrée que j’ai perçu la densité d’un esprit, une main se matérialiser et taper fortement sur ma table. Je capte tout de suite qu’il s’agit de son mari, mort six ou sept mois auparavant. « Ça commence bien, il est très en colère ! »préviens-je. Je me concentre, il me montre des scènes de lui, assis sur un canapé, saoul, entouré de canettes de bières, gueulant comme un putois, frappant sa femme et ses enfants. Je vois aussi qu’il est mort au volant, brutalement. J’apprends qu’il s’est tué le jour où il a reçu le papier du divorce. Son irritation et son désir de la posséder venaient du fait qu’il refusait qu’elle soit en vie et pas lui. Je ne suis pas dégageur d’âme, mais j’essaie de parler à l’esprit intérieurement, et je conseille aux gens d’en faire autant, dans un état de recueillement qui favorise la connexion.

Vous avez l’air de ne pas capter uniquement des informations, mais des émotions.
L’âme aussi à des sentiments ! Je ne reçois pas que des données visuelles ; dans l’injonction de l’esprit, il peut y avoir de la souffrance, de la joie, de l’amour… C’est ça qui est passionnant ! Lorsque l’esprit a gardé un humour ou une façon de parler savoureuse, cela peut mener à de grands moments de rigolade. 

Est-ce toujours aussi enthousiasmant ?
Une séance peut être très fatigante. Si certaines énergies tonifient, d’autres plombent. Entrent en jeu l’atmosphère du lieu, l’énergie des vivants, celle des défunts… Accéder au bon degré vibratoire pour canaliser l’esprit demande beaucoup d’énergie. A la fin, je suis parfois en hypoglycémie ! On peut y laisser la santé… Parfois, je me sens vieux de toute cette souffrance, toutes ces expériences, toutes ces histoires partagées, parfois très intimement.

Vous avez aussi des dons de clairvoyance. Sont-ils vraiment un moyen d’obtenir des réponses, ou du moins des orientations ?
Je sais que les choses que je perçois auront lieu, mais pas comment ni quand. Il y a quelques années, une amie me titillait pour savoir si je voyais quelqu’un dans sa vie. Sa question me provoque un cliché : « Je te vois invitée à une cérémonie, dans une grande propriété, lui dis-je. J’ai l’impression qu’une situation cocasse te rapproche d’un homme : vous avez tous les deux l’air différent des autres. » Je ne comprenais pas ce que ça voulait dire ! Les mois passent. Une copine lui propose de l’accompagner à un mariage. L’événement a lieu dans un château, loué pour l’occasion. Mon amie se pointe : on a oublié de la prévenir qu’il s’agissait d’un mariage costumé ! La seule autre personne a ne pas avoir eu l’information, c’était un jeune homme… Ils sont aujourd’hui les parents d’une charmante adolescente.

Vous vivez parfois des situations embarrassantes ?
Un jour, une très belle femme, très chic, arrive pour une voyance. Dès le début, je distingue nettement un matelas et un lit. Un peu gêné, je tente : « Vous envisagez de changer de literie ? » Réponse négative. Je continue la séance ; je la vois beaucoup bouger, parfois avec des hommes d’affaires, à l’étranger. Mais ce plumard ne cesse de revenir… Elle finit par m’avouer qu’elle est call-girl de luxe !

Avez-vous déjà sauvé des vies ?
Il m’est arrivé de détecter un cancer chez une femme venue pour une voyance. Prenant mon indication au sérieux, elle est allée consulter un spécialiste, alors qu’elle ne souffrait de rien. Le médecin a confirmé qu’elle avait un début de tumeur, prise suffisamment à temps pour être soignée. Idem avec une jeune fille, venue avec ses parents à une séance publique. Un défunt s’est présenté pour eux, me montrant très précisément une noirceur au niveau des ovaires, une opération, la prise d’un traitement. Ces gens m’ont envoyé une lettre magnifique pour me dire que ma vision était exacte et me remercier de les avoir alertés. Mais je n’y suis pour rien : je ne suis qu’un passeur !

Sentez-vous un engouement ?
Les gens sont de plus en plus ouverts. De grands universitaires m’invitent à la Sorbonne pour échanger avec eux, des psychothérapeutes m’envoient des patients lorsqu’ils pensent que mon intervention peut aider… Le public s’intéresse au bien-être, aux soins énergétiques, aux approches transpersonnelles. Attention toutefois à ne pas croire n’importe quoi. Ce ne doit devenir ni une addiction, ni un enfermement. Je connais un monsieur qui voit dans chaque problème relationnel le signe de prétendues possessions, alors qu’il ne s’agit que de psychologie humaine ! La connaissance est importante, mais il faut rester dans une dynamique de recherche et d’échange.

Que vous a apporté votre don de plus positif ?
D’abord un profond éveil intérieur. La surprise de vivre ces phénomènes, puis la curiosité qu’ils ont suscité en moi, m’ont fait grandir. Ressentir des forces d’amour, venues de l’au-delà, m’a fortifié. Exercer en tant que médium me permet aussi de me nourrir de rencontres humaines. Parfois je pleure avec mes clients, submergé par leur émotion ! L’autre jour, un peintre de 80 ans vient me voir pour sa femme défunte. De belles preuves m’apparaissent. Alors que je lui parle, les yeux fermés, le monsieur me prend la main et se met à l’embrasser, comme si c’était celle de son épouse. Il était tout en gratitude, c’était super touchant. Pour moi, il n’y a rien de plus beau que de lire la libération sur un visage, le voir s’illuminer, les yeux pétiller, l’être se rouvrir à la vie, ici et maintenant.

couv_462 dans MEDIUMEn contact avec l’invisible, Henry Vignaud & Entretien avec Samuel Socquet
InterEditions (2013 ; 192 pages)
Collection : Nouvelles Evidences

Publié dans:MEDIUM |on 6 avril, 2014 |Pas de commentaires »

Paralysie du sommeil

entre rêves et réalités…

Imaginez que vous vous réveilliez, le corps bloqué, le souffle oppressé, la conscience inondée de perceptions étranges – dont celle d’une présence immatérielle à vos côtés. Plus courante qu’il n’y paraît, l’expérience a un nom: paralysie du sommeil. A quoi tient-elle ? Que faut-il en penser ? Que faire pour la dompter ?
Paralysie du sommeil dans REVES 553

« J’étais étudiant, raconte David Hufford, professeur au Penn State College of Medecine (USA). Epuisé par un bachotage intense, je m’étais couché tôt. Une heure plus tard, je me réveille ; j’entends un bruit de porte et des pas étouffés. Bizarre : j’avais fermé à clé. J’essaye de bouger, de crier. Impossible. Je commence à paniquer. Soudain, je sens une forte pression sur ma poitrine, quelque chose enserrer mon cou. Je n’arrive plus à respirer, je me dis que je vais y passer ! Puis mes muscles finissent par réagir, je saute du lit et m’enfuis. »

L’histoire paraît abracadabrante. Elle concerne pourtant, au moins une fois dans leur vie, 30 à 40% des gens.« Rien ne me préparait à ce type d’expérience, commente David Hufford. J’étais jeune, en bonne santé, ne consommais aucune substance. Je n’étais pas non plus particulièrement croyant, m’apprêtant plutôt à devenir un bon matérialiste. »

Entre rêve et réalité

Déstabilisants, parfois source d’angoisse, ces épisodes, isolés ou récurrents, sont connus de la science sous le terme de « paralysies du sommeil ». Premier point important, le blocage de l’activité musculaire est parfaitement normal pendant le sommeil : il évite qu’on vive physiquement ses rêves. Le trouble survient quand, par une sorte de mauvais timing, cette inhibition s’invite à un moment où la conscience n’est pas totalement endormie. Piégé entre sommeil et éveil, le cerveau perçoit un état qu’il n’est pas censé distinguer. « Ce processus biochimique est parfaitement compris, confirme David Hufford. Il explique l’impossibilité de bouger le corps, ainsi que la sensation de pression sur la poitrine et de manque d’oxygénation, liée au blocage involontaire des muscles respiratoires », sous l’effet de la panique.

Permet-il aussi d’expliquer les autres sensations ? Là-dessus, les scientifiques sont plus circonspects. « 80% des personnes ayant vécu une paralysie du sommeil témoignent de perceptions extraordinaires », rappelle David Hufford. Auditives, comme « des souffles, des voix, de la musique, des grincements ». Visuelles, via souvent la distinction d’une présence, sous la forme d’une ombre, d’un halo ou d’une masse sombre. « Certains disent la voir nettement, d’autres plutôt percevoir où elle est, où elle va, quelles sont ses intentions », précise David Hufford. D’autres impressions, encore, peuvent être évoquées : « J’ai vécu une dizaine de paralysies du sommeil lorsque j’étais étudiante, témoigne Patricia Serin, psychologue clinicienne.J’avais l’impression qu’une ombre s’approchait de moi jusqu’à me fixer puis m’attaquer. Parfois, en pleine agression, un bourdonnement m’enveloppait, je me sentais sortir de mon corps pour m’éloigner de cette violente intrusion. J’atterrissais une fois l’entité partie, avant de plonger d’épuisement dans un sommeil profond. »

 
Pour Allan Cheyne, professeur de psychologie à l’Université de Waterloo (Canada), qui a étudié plus de neuf mille cas, ces perceptions s’apparentent biologiquement aux rêves. « Cheyne explique que deux mécanismes cérébraux interdépendants gèrent notre sommeil, décrypte Patricia Serin. L’un nous permet de nous réveiller, l’autre de nous maintenir en état de rêve. Lorsqu’ils ne fonctionnent pas correctement, le premier n’inhibe plus le second, et l’on se réveille sans cesser de rêver. » Mis en alerte brusquement, inquiet de sentir le corps paralysé et la respiration oppressée, le cerveau nourrirait l’activité onirique d’images internes, représentatives de nos peurs.Mais alors, comment se fait-il que les visions induites par les paralysies du sommeil convergent tellement ? Les rêves, eux, varient énormément d’un individu à l’autre !

Selon David Hufford, qui a étudié le sujet pendant trente ans, dans plus de douze pays, ces similitudes ne peuvent être le fruit d’une influence culturelle. « Les témoignages concordent partout dans le monde, à toutes les époques », rappelle-t-il. Au point que la paralysie du sommeil se retrouve dans les folklores d’Orient et d’Occident, sous forme d’une vieille sorcière en Amérique du Nord, d’un démon mâle ou femelle en Europe du Sud, d’une kanashibari au Japon, d’un djinn au Maroc, d’un elfe en Europe du Nord… « Aujourd’hui, ces légendes sont aux oubliettes, mais des gens continuent de vivre ce type d’expérience. Elles ne sont donc pas le fruit de croyances. »
Ni de troubles neurologiques. Car si certaines prédispositions favoriseraient le déclenchement de la paralysie du sommeil, « aucun processus physiologique connu n’est capable de produire des contenus hallucinatoires aussi complexes »Autre hic : l’expérience est bien réelle. Tous ceux qui la vivent disent s’être sentis aussi lucides qu’en état de veille. Et tous s’en souviennent parfaitement le lendemain – ce qui n’est pas le cas des rêves.

« Les travaux de l’anthropologue Michael Winkelman suggèrent que les humains sont câblés pour voir des esprits, indique Ryan Hurd, auteur d’un guide sur la paralysie du sommeil. Nul ne sait s’ils sont des représentations mentales, symboliques, fomentées par notre inconscient pour nous passer un message, ou s’ils ont une existence propre, extérieure à nous. Mais le vécu, lui, est authentique. » 
Alors de quoi s’agit-il ? « Etat modifié de conscience », répond David Hufford, comme ceux qu’on atteint parfois volontairement par l’hypnose, la transe, les psychotropes ou la méditation intense. « On ne dispose pas d’une cartographie précise de ces états, mais on sait qu’ils existent. » Dans ces moments, le cerveau serait capable de capter d‘autres champs vibratoires et de percevoir d’autres dimensions du monde, différentes à la fois de l’univers du rêve et de la réalité matérielle ordinaire. Moteur de ce processus : une certaine sensibilité. Innée chez certains, elle peut émerger chez d’autres dans ces moments où la vie nous submerge, où une brèche se crée dans nos systèmes de défense habituels : suractivité physique ou intellectuelle, horaires chaotiques, retard de sommeil, anxiété, mort d’un proche, naissance d’un enfant, passage à l’âge adulte, crise de la cinquantaine, problème professionnel, difficultés socio-économiques, changement d’environnement… « J’ai remarqué que ça m’arrivait surtout lorsque j’étais stressée ou fatiguée », note ainsi Leila, victime de paralysies de sommeil depuis trois ans.
Jusqu’à révéler, parfois, des malaises plus profonds. « Les troubles post-traumatiques peuvent promouvoir la paralysie du sommeil », indique le psychiatre Devon Hinton dans un article de Sciences News – par exemple chez les victimes d’abus sexuels ou les rescapés d’actes violents. « En plongeant dans l’inconscient, la psychanalyse peut proposer des explications à des paralysies du sommeil régulières, telles qu’un refoulement, un déni, une phobie, une tendance à l’hystérie, la paranoïa ou la dépression », ajoute Patricia Serin.

Voie de transformation

Si ça vous arrive, pas de panique. « Vous n’êtes ni fous, ni maudits ! rassure Hufford. Par méconnaissance, beaucoup de psychiatres, devant de tels symptômes, concluent à un épisode psychotique. Savoir que la paralysie du sommeil est courante, qu’elle peut arriver à n’importe qui, l’inscrit dans une normalité. »

Qu’on soit convaincu d’être harcelé par des esprits ou qu’on jette sur l’expérience un regard très rationnel, l’important est d’abord de retrouver confiance dans sa capacité à surmonter le trouble. Puis d’envisager la paralysie du sommeil comme la manifestation d’un déséquilibre, une invitation (certes musclée) à l’identifier et tenter de le résoudre. « Le poète Robert Bly décrit ces ombres comme tout ce qu’on évite de regarder en face, tels un trait de caractère, une histoire personnelle ou collective, une situation difficile, commente Ryan Hurd. Ces visions ne s’invitent pas dans nos nuits pour nous faire peur, mais pour être entendues. »
Jusqu’à en faire, pourquoi pas, une opportunité de transformation personnelle. « Les paralysies du sommeil sont perturbantes mais pas dangereuses, témoigne Jean-Christophe Terrillon, professeur au Japan Advanced Institute of Science and Technology. A moins d’être cardiaque au point de succomber à la panique, elles sont sans conséquence physiologique. Explorer la peur qu’elles suscitent conduit à un changement psychologique radical, d’un état défensif à une attitude courageuse d’observation et d’apprentissage. » Ce que Patricia Serin appelle « une voie d’accomplissement de soi », dont il faut « apprendre à utiliser les ressources pour se transcender ».OK, mais comment ? « Sur le moment, le premier réflexe, qu’on soit religieux ou non, est souvent de prier », observe David Hufford. Sous une forme ou une autre, concentrer son esprit sur des choses positives et rassurantes semble assurément une première clé. Dieu, le Dalai Lama, votre mère, votre copain, peu importe ! « Vous pouvez aussi imaginer un cercle d’amour tout autour de vous, propose Ryan Hurd. Ça semble ridicule, mais ça marche. »

Le plus important : se calmer. « Qu’on pense rêver ou être éveillé, il s’agit d’admettre qu’on vit une paralysie du sommeil, qu’on va s’en sortir, recommande Patricia Serin. La peur active dans notre cerveau deux types de réaction : se battre ou fuir. Impossible dans une paralysie du sommeil, puisque le corps est bloqué ! On passe alors en mode terreur. » Pour l’évacuer, il faut « reprendre aussi tranquillement que possible la maîtrise de sa respiration, en l’amplifiant et en la ralentissant », visualiser une partie précise de son corps – comme le bout de ses doigts ou de ses orteils – puis essayer de les faire bouger.
Et, si l’on estime être attaqué par une entité, « s’affirmer face à l’intrus, en exigeant qu’il parte et ne nous dérange plus », préconise Patricia Serin. « Dans cette expérience, nous ne sommes pas des victimes passives, estime aussi Ryan Hurd. Le corps est bloqué, mais le reste est modelé par nos peurs et nos pensées. Si le visiteur se fait insistant, demandez-lui ce qu’il veut, comment vous pouvez l’aider. Face à cette présence, soyez curieux, ouvert mais ferme. Si vous êtes dans l’acceptation et la confiance, l’expérience se métamorphosera. La nature reflète le visage que l’on tourne vers elle. »Une fois la crise passée, pour éviter qu’elle recommence dans la foulée, David Hufford conseille d’allumer la lumière, « se lever, boire un verre d’eau », voire faire quelques exercices avant d’aller se recoucher, « mais pas sur le dos ! Les trois-quarts des paralysies du sommeil surviennent quand on dort dans cette position »Patricia Serin, elle, recommande de noter sur un carnet les détails de l’expérience, les émotions ressenties, le contenu de la journée précédente, afin de mieux l’apprivoiser. « Seul ou avec un psy, on peut ensuite associer avec d’autres vécus, des souvenirs, des traumatismes. Le fait de pouvoir en parler représente déjà un grand soutien. »

Au-delà, pour tous les spécialistes, les paralysies du sommeil régulières doivent inviter à repenser son mode de vie. Exit les drogues, l’alcool et les excitants. Exit les pics de stress, les nuits trop courtes, les retards de sommeil accumulés. Exit les activités stimulantes avant d’aller se coucher. Au programme : régime alimentaire équilibré, chambre paisible et fraîche, volets formés (la lumière favorise le phénomène), soirées calmes, activités permettant de se poser, de se reconnecter à son intériorité, d’exprimer sa créativité… Certains affirment même devenir suffisamment sereins et ancrés face à l’expérience pour en faire un tremplin vers d’autres dimensions. « Leur terreur initiale se transforme progressivement en excitation ou en ravissement », confirme Allan Cheyne, notamment lorsque la paralysie du sommeil ouvre vers un rêve lucide ou une sortie hors du corps (maîtrisée)… Autant d’états modifiés de conscience qui « questionnent deux siècles de postulats sur le nature non-empirique et non-rationnelle de la spiritualité », conclut David Hufford. 

Plus de conseils pratiques autour du sujet

Publié dans:REVES |on 6 avril, 2014 |Pas de commentaires »

Vestiges de vies passées

 

D’après Stanislav Grof, certains états non ordinaires de conscience se manifesteraient sous forme de crises psychospirituelles. L’expérience de son épouse Christina, que Grof relate dans « Quand l’impossible arrive », témoignerait quant à elle d’une grande souffrance vécue dans une vie antérieure.
Vestiges de vies passées dans VIES ANTERIEURES impossible_arrive
Guy Trédaniel Editeur
(…) (L)a vie dans la Maison ronde avait sur nous un impact psychologique très puissant. Entrer en méditation était extrêmement facile ; souvent, je glissais dans un état de transe où je perdais toute notion géographique ou historique, ayant l’impression que notre petit nid était situé quelque part dans un univers archétypal, au-delà de l’espace et du temps. Christina qui, à l’époque traversait sa crise spirituelle, connut là-bas une intensification extraordinaire de son processus intérieur. Un weekend, ses expériences furent aussi fortes que celles induites par une séance psychédélique. Après un moment de grande anxiété et de sensations physiques désagréables, elle revécut avec force ce qui lui sembla être le souvenir d’une vie antérieure. Elle se retrouva à Salem, une ville située en Nouvelle-Angleterre, dans la peau d’une adolescente sujette à des épisodes d’états non ordinaires de conscience. Ses voisins, des chrétiens fondamentalistes, pensèrent qu’elle était possédée par le diable. Accusée de sorcellerie et jugée par deux magistrats, revêtus de robes cérémonielles, elle fut condamnée à mourir noyée. 

Ce souvenir de vie antérieure culmina avec l’exécution de la sentence. Christina se sentit portée jusqu’à un étang, attachée à une planche, puis plongée dans l’eau, la tête la première. Elle put remarquer que l’étang était bordé de bouleaux. Revivant sa noyade, elle se mit à hurler, à étouffer et à cracher beaucoup de mucus, à la fois par la bouche et par le nez. La quantité de sécrétions nasales produites était impressionnante. Lorsque s’acheva l’expérience de Christina, tout le devant de ma chemise de flanelle était imprégné de mucus séché. 

Quand nous vivions à Hawaï, Christina souffrait de sinusite et d’allergies aiguës. Elle avait passé de nombreux examens et tests médicaux, et pris divers traitements, dont une série de piqûres de désensibilisation. Ses médecins, frustrés par l’échec de toutes leurs tentatives de guérison, lui avaient finalement suggéré une opération chirurgicale consistant à gratter et à nettoyer la cavité des sinus. Christina avait refusé une alternative aussi radicale et avait fini par accepter sa pénible condition. A la suite de l’épisode où elle avait revécu son jugement et sa mort à Salem, elle découvrit à sa grande surprise que ses problèmes de sinus avaient disparu. (…)

Cet épisode connut une suite très intéressante, de nombreuses années plus tard, quand Christina et moi nous rendîmes à Boston pour y animer un atelier de respiration holotropique. Celui-ci s’achevait le soir et notre avion pour San Francisco ne décollait que le lendemain, en fin d’après-midi. Il nous restait donc une bonne partie de la journée pour faire du tourisme. Nous décidâmes d’appeler Marilyn Hershenson, une amie psychologue, qui avait fait partie du cercle de Swami Muktananda. Nous étions devenus très proches au début des années 1980, lorsqu’elle nous avait aidé à coordonner une grande conférence internationale du transpersonnel, à Bombay. Marilyn, ravie de notre coup de fil, se proposa de passer la journée avec nous et de nous servir de chauffeur. (…)

Comme nous n’étions qu’à quelques kilomètres de Salem, nous profitâmes de l’occasion pour aller visiter la ville, après le déjeuner, avant notre départ pour la Californie. Sur le chemin, Christina demanda à Marilyn, qui avait passé toute son enfance dans ce lieu, s’il y avait un étang dans les environs. Marilyn l’assura que non. Elle prit ensuite une mauvais direction, fait surprenant, puisqu’elle connaissait très bien la ville, et ce détour imprévu nous conduisit à un étang, au bord de l’océan. On aurait dit qu’à l’origine, c’était une baie, qui avait été séparée de l’océan par une vieille digue en pierre. 

Christina sortit de la voiture, hagarde. Elle regardait dans toutes les directions, déçue. « Je ne vois pas de bouleaux », dit-elle, en avançant vers l’étang. « Où vas-tu ? » nous lui demandâmes. « Il doit bien y en avoir, par ici », répondit-elle en continuant de marcher. Nous garâmes la voiture pour la suivre. Finalement, de l’autre côté de l’étang, Christina découvrit un bouleau, le tronc brisé et les branches immergées dans l’eau. « Vous voyez, ils se trouvaient là, s’exclama-t-elle, celui-ci est sans doute le dernier. »

De retour à la voiture, nous décidâmes de visiter le tribunal où avaient eu lieu les procès. En route, Christina raconta à Marilyn qu’elle avait identifié les deux juges de sa vie passée comme étant son ex-mari et son père dans son existence actuelle. « Mais il n’y avait qu’un seul juge, au procès ! » objecta Marilyn. « Il y avaitdeux juges ! » insista vivement Christina. Le tribunal était fermé. A la porte d’entrée se trouvait une grande plaque, décrivant les procès, qui confirma à Christina que deux juges participaient bien aux procès de Salem.

Avant de revenir à la voiture, j’achetai dans un magasin de souvenirs une petite brochure sur Salem où étaient racontés les procès de sorcellerie. (…) L’information la plus intéressante découverte dans cette brochure touristique était que l’ancienne Salem, où s’étaient déroulés de nombreux évènements historiques, s’appelle aujourd’hui Danvers. Ce fut pour nous un choc, car Danvers était la ville où nous avions tenu, en 1978, une grande conférence de l’International Transpersonal Association. C’est là que nous avions présenté, pour la première fois, le concept d’ « émergence spirituelle », signifiant que de nombreuses manifestations d’états non ordinaires de conscience – que les psychiatres classiques qualifient de psychose et traitent souvent avec des méthodes radicales, telles que le coma à l’insuline et les électrochocs – sont en réalité des crises psychospirituelles. (…) Cette synchronicité incroyable nous stupéfia. Parmi tous les emplacements possibles pour cette conférence, c’était sur le site même de son ancienne incarnation et à son insu, que Christina avait présenté, avec moi, notre plaidoyer contemporain en faveur d’un changement radical d’attitude à l’égard des états non ordinaires de conscience. Et sa souffrance et sa mort, dans cet épisode karmique, étaient dues à une incompréhension et à une mauvaise interprétation de ces états. (…)

L’existence de souvenirs de vies antérieures, aux caractéristiques remarquables, est un fait indiscutable que peut vérifier tout chercheur sérieux, à l’esprit suffisamment ouvert, disposé à étudier ces éléments. De même, il est clair qu’aucune explication plausible à ces phénomènes n’existe dans les limites du cadre conceptuel de la psychiatrie et de la psychologie officielles. Si elles ne constituent pas nécessairement une « preuve » irréfutable que nous survivons à la mort et que nous nous réincarnons en tant que même unité de conscience distincte, ou même âme individuelle, toutes ces données impressionnantes posent néanmoins un défi conceptuel formidable à la science traditionnelle et ont le potentiel d’en faire éclater le paradigme actuel. Pour avoir observé des centaines d’expériences de vies antérieures et en avoir connu de nombreuses moi-même, je ne peux qu’être d’accord avec Chris Bache quand il dit que « les données concernant ce sujet sont si riches et si extraordinaires que les scientifiques qui ne considèrent pas que le problème de la réincarnation mérite une étude sérieuse sont soit non informés, soit bornés. » (Bache, 1988)

couv_88 dans VIES ANTERIEURESQuand l’impossible arrive, Dr. Stanislav Grof
Editions Trédaniel (Février 2007 ; 390 pages)
Collection : ARTICLES SANS C

Publié dans:VIES ANTERIEURES |on 6 avril, 2014 |Pas de commentaires »

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