Amour véritable et émotion

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Il existe donc une gamme infinie d’émotions, qui se situent entre l’amour humain ordinaire et l’amour divin. Les psychologues indous ont décrit avec un luxe de détails toute une hiérarchie de « rasa » ou saveurs émotionnelles correspondant aux différents niveaux évolutifs de l’amour, depuis l’émotion amoureuse libidineuse, jusqu’à l’amour mystique, en passant par l’amour « tendresse », par l’amitié pure, par l’émotion esthétique, par la dévotion. 

Disons tout de suite que pour Krishnamurti, ainsi que pour les maîtres du Bouddhisme Zen et les Advaitistes, l’Amour divin ne se perçoit pas sous la forme d’une émotion. L’énoncé d’une telle affirmation provoque en général un mouvement de recul ou de surprise chez la plupart.

L’amour divin ne peut-il donc être « éprouvé » ? 

Certainement qu’il peut être « éprouvé », mais d’une façon telle qu’il est impossible de la définir.

Dans ce domaine, chaque mot devient un piège. L’Amour véritable est un « Etat d’Etre impensable, incomparable ». Il est, à fortiori, rigoureusement impossible de le définir dans les termes du langage courant. Les philosophes orientaux sont plus prudents que nous à cet endroit. Ils nous disent en effet :  « Ceux qui le connaissent n’en parlent pas. Ceux qui en parlent, ne le connaissent pas. » 

Voilà le comble du paradoxe !

Tout en admettant qu’une grande part de vérité se trouve dans cette pensée, nous constatons que la plupart des Grands Sages, tels le Bouddha, Jésus, Ramakrishna, le Maharshi, Krishnamurti ont proclamé aux foules la vision nouvelle résultant de leurs expériences divines. Nous ne pouvons donc définir l’Amour véritable. Définir l’Amour divin équivaudrait à définir le Divin Lui-même. Ce sont là de pures impossibilités, car l’Infini ne se laisse pas circonscrire par les cadres rigides et limités de nos définitions. 

Pour Krishnamurti, le processus de l’émotion n’est pas différent de celui de la pensée. Les émotions, les pensées, les plaisirs sont considérés d’un même point de vue : ce sont les éléments essentiels du processus du « moi ». Il y a là, autant de distractions que nous poursuivons irrésistiblement pour tenter de recouvrir une pauvreté intérieure fondamentale « L’esprit », dit-il (Krishnamurti Ojai 1949, p. 183) « ne peut jamais expérimenter; il ne peut connaître que des sensations. L’expérience n’a lieu que lorsque l’esprit cesse d’être l’expérimentateur ». L’état d’amour véritable ne se réalise que par la dissolution du processus du « moi ». 

« Il nous faut parvenir à une fin », nous dit encore Krishnamurti (Ojai 1949, p. 183), « ce qui n’implique ni un désespoir, ni une terreur. Connaissez le fonctionnement de l’esprit; voyez ses rouages, et lorsque vous l’aurez vu dans son ensemble, il parviendra à sa fin, sans que vous ayez eu à imposer cette fin. Alors seulement sera possible ce  8renouveau qui est Eternel ». Dans une telle réalisation les pensées et les émotions sont l’objet de processus totalement différents de ceux qui se déroulent chez l’homme ordinaire non intégré. Chez la plupart, la pensée et l’émotion sont séparées entre elles par des cloisons étanches. 

Dans le cas de l’homme intégré, il y a non seulement équilibre entre les fonctions affectives et mentales mais intégration. Nous pourrions dire qu’un tel homme tend plus à penser par le cœur et à sentir par l’esprit. C’est là, l’une des raisons pour lesquelles Krishnamurti emploie souvent l’expression « penser-sentir » ou « esprit-cœur ». La condition de déséquilibre dans laquelle se trouvent nos facultés affectives et mentales et le manque de coordination existant entre elles entraînent une dissociation de notre structure psychologique. Cette dissociation est responsable de la faiblesse dont nous faisons preuve vis-à-vis des images mentales qui nous sollicitent. 

« Nous sommes plus souvent « agis » que nous agissons intégralement nous mêmes », disait Bergson. Et comme l’exprime C.G. Jung, nous sommes possédés par nos facultés. Nous ne les possédons pas. L’homme intégré par l’expérience de l’amour véritable « possède » ses facultés. Il n’est plus « possédé » par elles. Il les utilise en parfaite connaissance de cause. Il est libre d’elles.

Ceci signifie qu’un homme intégré peut éprouver certaines émotions, certaines pensées, mais il est libre de toute « auto-identification » à leur égard. Cette attitude n’entraîne pas un amoindrissement des facultés mais leur plus haut épanouissement. 

EXTRAIT de : L’Amour Humain  A L’Amour Divin de Ram LINSSEN -  Editions ETRE LIBRE

 1953 –  http://www.revue3emillenaire.com/doc/livres/Robert-Linssen-Amour-Humain-Amour-Divin-1953.pdf

 

 

Publié dans : AMOUR |le 13 mars, 2014 |Pas de Commentaires »

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