Le Repas de Jésus
jésus a dit : un homme avait des invités et lorsqu’il eut préparé le repas il envoya son serviteur afin qu’il convie les invités il alla au premier et lui dit mon maître te convie il dit j’ai de l’argent pour des marchands ils viennent ce soir et je leur donnerai des ordres je m’excuse pour le repas il alla vers un autre et lui dit mon maître te convie il dit j’ai acheté une maison et il me faut un jour je ne serai pas disponible il vint chez un autre et lui dit mon maître te convie il lui dit mon ami va se marier et je ferai le repas je ne pourrai pas venir excuse moi pour le repas il alla vers un autre et lui dit mon maître te convie il lui dit j’ai acheté une ferme et irai recevoir le revenu je ne pourrai pas venir je m’excuse le serviteur vint et dit à son maître ceux que tu as conviés au repas se sont excusés le maître dit à son serviteur va au bord des chemins ceux que tu rencontreras amène les pour prendre le repas les acheteurs et les marchands ne rentreront pas dans les lieux de mon père
Mt 22. 1-10 – Lc 14. 15-24
Que représente le repas auquel ces personnes sont invitées, mais qu’elles n’apprécient pas à sa juste valeur ? Est-ce une récompense céleste qui nous attend au terme de nos épreuves terrestres ? La dernière ligne du logion précise en effet qu’il s’agit bien du Père qui invite. Et qui sont les conviés, acheteurs et marchands , qui se sont excusés ? Ne s’agit-il pas de nous, qui aimons tant notre profit…? Et ceux qui, finalement, sont conviés à la fête parce qu’ils ont déjà entamé leur cheminement…? Ce festin pourrait-il faire partie de la réalité de cette vie terrestre…?
La réalité biblique du paradis terrestre est considérée comme une fabulation… Que cette vie puisse être vécue comme un festin nous semble tout aussi fantaisiste ! Notre expérience quotidienne s’oppose foncièrement à une telle vision. Pourtant ce n’est pas la première fois que cet évangile nous confronte à une réalité peu crédible. Dans l’ivresse qui est la nôtre, la pauvreté des ténèbres dans lesquelles toujours nous demeurons, dans un savoir prétentieux concernant Dieu et ses commandements, les lieux aussi où Il demeure, bref, dans l’orgueil qui nous pousse à nous considérer nous-mêmes comme les détenteurs d’une connaissance véritable, voir infaillible, il nous est quasiment impossible d’imaginer une réalité différente, qui serait la conséquence d’une vie vécue selon Sa loi d’harmonie… À l’invitation de cette loi, à laquelle répondent pourtant spontanément toutes les plantes, tous les animaux, toutes les cellules de notre propre corps aussi, à cette invitation notre moi reste sourd…
Ce que vous guettez cela est venu, mais vous ne le reconnaissez pas était dit au logion 51. Comme le nirvana pour le Bouddha, la participation dans la royauté du Père fait, selon Jésus, partie de la réalité de cette vie. Chez Luc (17. 21) aussi nous lisons : car le royaume de Dieu est au-dedans de vous … Une vie vécue dans l’unité avec l’Être absolu, qui est à la fois source et loi, qui est symbolisé par Jésus dans l’image d’un père, cela serait donc le repas auquel tous et toutes nous sommes conviés ici et maintenant.
Si la réalité d’un festin, comme celle du paradis terrestre, eût à l’origine fait partie du scénario de la création, qu’elle pourrait bien être la cause de la tournure désastreuse qu’ont prise les évènements ? Ce scénario pourrait-il encore être corrigé ? La réponse à cette question nous confronte à la responsabilité de chaque être humain sur cette terre. Car à lui seul est déléguée une liberté d’action. Le prix de cette liberté s’appelle toutefois responsabilité , tant individuelle que collective. Au logion 58 nous avons tenté d’évaluer la loi de karma : dans l’action même réside sa conséquence. Toute action juste tente à rétablir l’harmonie, toute action fautive perturbe l’harmonie. Une action, émanant d’une conscience qui méconnaît les valeurs véritables, aura toujours des conséquences néfastes !
Depuis que l’homme, l’Adam, est apparu sur terre il a méconnu l’autorité du Père, a renié Sa loi d’harmonie. Toujours nous sommes l’Adam, car toujours ce sont nos désirs égocentriques qui déterminent le choix de nos actions. Ce qui est sacro-saint dans notre vie est moi, mon et ma… Voici ma famille , ma maison, mon travail, mon droit, mon peuple, ma culture, ma foi… Il y a urgence à dé- mon -ter un certain orgueil, à dé- mâ -ter un bateau ivre… Non pas que nous ayons à répudier nos valeurs, mais une bonne dose de relativisation pourrait bien convenir…
Un arbre est constitué de milliards de cellules, qui toutes sont à l’écoute de Sa loi. Imaginez un instant que ces cellules se comporteraient comme des êtres humains… Il n’y aurait plus d’arbre mais un amas de poussière, car toute cohérence harmonieuse aurait disparu ! Ce qui détermine notre comportement n’est pas une responsabilité collective, mais un intérêt personnel. Cet état d’esprit est, depuis la chute d’Adam, à l’origine d’une spirale de négativité dont les conséquences sont devenues maintenant incommensurables. Car impitoyablement la loi fustige toute perturbation. Comme Jésus au logion 28, nous ne pouvons que faire un constat désolant et reconnaître notre propre responsabilité.
Ce qui sur cette petite planète nous unis tous et toutes est tellement plus important que ce qui nous sépare . Porter notre attention vers ces valeurs, qui nous unissent dans une même source de vie et sa loi, nécessite toutefois un abandon de préoccupations égocentriques, qui nous rendent sourds à l’invitation la plus essentielle. Celle ou celui qui a pris conscience de cette réalité et s’est engagé dans la voie d’un juste cheminement , est convié à la fête chez le Père.
Quelque soit l’image de cette réalité terrestre, qui puisse être la nôtre, jamais elle ne pourrait constituer une excuse pour méconnaître notre responsabilité ici et maintenant. Car tous ensembles nous déterminons aujourd’hui une qualité de vie pour tous ceux qui viennent après nous sur cette planète.
issu de L’évangile de Thomas dévoilé – Sommairewww.unisson06.org

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