Parole de Jésus : Heureux est le lion
jésus a dit : heureux est le lion que l’homme mangera et le lion sera homme et méprisable est l’homme que le lion mangera et le lion sera homme
Émanant de la bouche de Jésus cette parole nous semble effarante… À maintes reprises elle fut utilisée pour attester du caractère extravagant de cet évangile. Nous convenons que l’interprétation n’en est pas évidente. Certains traducteurs, et non des moindres, se sont même permis de modifier la succession des mots et donc de changer le sens de la phrase, afin de parvenir à une interprétation valable à leurs yeux.
Le royaume n’est pas une réalité imaginaire qui ne serait accessible que dans l’au-delà, mais la finalité même de cette vie terrestre. Par rapport au vécu de cette vie alors et maintenant – vingt siècles d’évolution n’ont apparemment pas changé grand-chose – Jésus témoigne pourtant d’une lucidité étonnante.
Ce logion nous présente une double confrontation entre l’homme et le lion. Bien que l’issue en soit différente, la conclusion est la même : et le lion sera homme . Le lion, en tant que souverain dans le monde animal, peut être considéré comme le symbole du pouvoir dominateur dans ce monde inférieur, dans lequel l’homme vit biologiquement mais est toujours mort face aux valeurs supérieures. La finalité de la vie n’est pas de demeurer dans les ténèbres de la pauvreté, mais d’avoir pleinement accès aux possibilités qui nous sont déléguées. Pour réaliser cela l’homme doit diriger son attention vers la source qui délègue, vers le supérieur à l’intérieur de lui-même. S’il demeure séparé de cette source il reste dépendant du monde inférieur, là où le lion dicte sa loi. La loi du lion est celle du plus fort, qui incite continuellement l’homme à une confrontation avec les autres, le pousse à se prouver soi-même selon des règles conçues par lui-même.
Il nous arrive d’entendre la réflexion suivante : dans la vie il y a deux sortes d’hommes, les vainqueurs et les vaincus. Les vainqueurs sont ceux, qui dans leur lutte avec le lion ont triomphé. Ils ont réalisé leurs objectifs et demeurent dans l’illusion de posséder un pouvoir. Mais en réalité leur pouvoir est totalement dépendant des lois du lion, qui s’appellent dollar, euro ou tout simplement ivresse de pouvoir. En conséquence : heureux est le lion… Car celui qui possède un pouvoir est aussi devenu son esclave. Par l’entremise de l’homme le lion règnera : et le lion deviendra homme . Le puissant ne peut régner que par la grâce du lion. C’est la raison pour laquelle l’homme détenteur de pouvoir est le plus cruel parmi les animaux…
Les vaincus sont ceux qui, dans leur lutte avec le lion, se sont inclinés. Un sort bien moins enviable leur est réservé, car impuissants ils doivent subir la loi du lion. Une dépendance totale en est la conséquence. Conclusion : méprisable est l’homme, car du pouvoir du lion il est devenu la pâture. Comme l’animal dans la jungle ou la savane, son sort au quotidien ne sera plus de vivre mais de survivre. En lui aussi l’animal prévaudra : et le lion deviendra homme…
Quelle leçon est-elle à déduire de cette métaphore ? Bien que le territoire de l’homme soit également celui du lion, sa tâche est élevée au-dessus de toute confrontation avec le lion . Celui ou celle qui accepte le défi du pouvoir sera toujours perdant ! Car pouvoir fait partie du monde inférieur. Sa tentation n’a qu’un nom : orgueil . S’abstenir de toute implication dans les objectifs du lion est donc le message évident. Quiconque cherche à s’affirmer selon des lois d’un ordre inférieur et à devenir puissant, ignore la source même de son potentiel et s’engage dans une confrontation avec le lion. Qu’il triomphe ou qu’il s’incline, toujours l’inférieur – le lion – prendra possession de l’homme.
L’ambition est un stimulant naturel, qui nous aide à développer et à exprimer nos qualités et qui se concrétise dans d’une confrontation avec les autres. Ceci est le propre d’une période limitée de la vie. Toutefois, un éveil s’impose… Car lorsque nous avons pris conscience que toutes les facultés dont nous disposons ne nous appartiennent pas, mais sont mises à notre disposition par une source absolue, rien ne nous permet plus de réclamer pour nous-mêmes une quelconque position de pouvoir… (voir logia 81 et 101) Seule une reconnaissance s’impose. Notre tâche sera dès lors d’exprimer harmonieusement ce que nous recevons selon une loi qui ne nous appartient pas. Cette loi ne découle pas du monde inférieur mais d’une réalité supérieure.
L’interprétation que nous accordons à cette parole de Jésus corrobore le principe d’ ahimsa dont a témoigné Gandhi et plus tard Martin Luther King. L’utilisation de la violence, aussi bien par le plus fort que par le plus faible, comme une expression de puissance ou d’impuissance, n’est jamais le bon choix… !
issu de L’évangile de Thomas dévoilé – Sommaire www.unisson06.org

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