Braque en exposition
Braque au Grand Palais
Jusqu’au 6 janvier prochain, le Grand Palais, à Paris, consacre une grande rétrospective au père du cubisme. Le parcours révèle des cheminements insoupçonnés. Photos !
On voit souvent en Georges Braque, l’éternel second, éclipsé dans le mouvement cubiste par l’astre Picasso. Le peintre et sculpteur était peut-être moins artiste que théoricien. Il n’empêche, c’est sa première exposition personnelle à la galerie de Daniel-Henry Kahnweiler, en 1908, qui marque officiellement les débuts du nouveau courant artistique. Des photos d’époque montrent un homme posant en tenue de boxeur, le visage et les épaules carrés : un physique cubiste.
Ses vues géométriques de l’Estaque constituent une rupture. Ce sont justement elles qui ouvrent la rétrospective, sobrement intitulée « Georges Braque », que lui consacre le Grand Palais jusqu’au 6 janvier 2014. Entre 1906 et 1907, le jeune peintre se rend à quatre reprises en Provence. Il marche sur les pas de Cézanne et de Van Gogh. Le fauvisme domine. Le « Port de l’Estaque, automne 1906 » semble compacté entre les deux espaces vibrants du ciel et de la mer.
Eclatement des formes
Deux ans plus tard, « Les maisons à l’Estaque » (été 1908) ou « Le viaduc de l’Estaque » n’ont plus de fauve que cette teinte de sable mouillé. Les paysages basculent en empilements de volumes, d’angles et d’arrêtes aux creux desquels s’immiscent quelques feuillages verts. Que s’est-il passé ? Braque a rencontré Picasso au Bateau lavoir, fin 1907. Présenté par Guillaume Apollinaire, l’Espagnol est alors en pleine réalisation des « Demoiselles d’Avignon ».
Dès lors, les deux hommes se fréquenteront quotidiennement. Le début de l’année 1911 marque le total éclatement des formes. La lumière se diffracte comme dans un vitrail d’Henri Guérin. Il faut chercher longuement avant de distinguer la « Femme lisant » (1911) dans le tableau éponyme. Le cubisme ramène sur un même plan les diverses faces des choses. La construction prend le pas sur l’expression. Braque offre une vision cérébrale et systématique. Le peintre lui-même se dit partisan de « la règle qui corrige l’émotion ». La couleur, synonyme de subjectivité, se fait anecdotique. Elle « vint plus tard, reprend Georges Braque. Il fallait bien créer un espace avant de le meubler. (…) On s’est aperçu que la couleur agit indépendamment de la forme. Tenez, vous mettez une tache jaune, ici, une autre à l’autre bout de la toile et aussitôt un rapport s’établit entre elle. La couleur agit comme une musique, si vous voulez. » En ce sens, la série des guitares et mandolines est révélatrice.
Le temps de la consécration
Blessé sur le front, il ne se remet à la peinture qu’en 1917. Il a changé. La relation avec Picasso se distend. Ses lignes se courbent. Les toiles acquièrent une sensualité nouvelle. Entre Paris et Varengeville-sur-Mer (Haute-Normandie), il poursuit son œuvre avec discrétion. La reconnaissance arrive. Les écrivains et les philosophes (René Char, Martin Heidegger, Pierre Reverdy…) le soutiennent. À en croire certains, il distancerait même le grand Pablo.
La biennale de Venise lui décerne un grand prix de peinture en 1948. Dans les dernières années, le thème de l’oiseau occupe une place centrale. On le retrouve d’ailleurs sur le plafond des collections étrusques du Louvre qu’il peint en 1952-1953. En 1961, le même musée lui consacre une exposition personnelle. La première du genre pour un artiste vivant. Son nom était enfin inscrit dans l’Histoire.
Relaxnews
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