Prêter attention au corps subtil
Par Jeanne Guesné
Dans un livre testament, Le troisième souffle (éd. Albin Michel), Jeanne Guesné nous parle du saut qualitatif que doit opérer l’espèce humaine à travers l’expérience de chacun de nous, pour passer du corps grossier au corps subtil. Extrait.
Un des faits marquants de notre époque est la réévaluation de la réalité spirituelle. Elle n’est pas seulement intellectuelle, mais elle touche aux fibres les plus intimes de l’être. Elle entraîne pour l’homme un besoin croissant de reprendre contact avec une réalité intérieure que beaucoup ont oubliée, au profit du développement exclusif de la pensée rationnelle. Cela implique une transformation et une harmonisation de toutes les composantes de la nature humaine.
La très grave crise qui secoue notre monde sonne le glas d’une époque. Seul l’éveil spirituel dans un minimum de consciences individuelles peut amorcer une transformation en l’Homme, l’ouvrant au dynamisme des voies qui conduisent du « Savoir à la Connaissance » de « l’automatisme à la conscience », et des ténèbres de la mort à la Lumière de vie.
Au début du siècle, la planète comptait moins d’un milliard et demi d’habitants. Aujourd’hui, le chiffre atteint les six milliards. La confusion est présente dans tous les domaines, sauf dans celui de la technologie, où l’adaptation des découvertes scientifiques semble ne plus connaître de limites. À partir des humains, l’énergie mentale s’est développée en énergie intellectuelle et, avec le temps, recouvre peu à peu la partie solide de la planète. Or nous vivons aujourd’hui une époque où les problèmes scientifiques les plus actuels manifestent une évidence qui déborde le cadre de la matière et correspond à une exigence de l’esprit.
L’inconnu n’est pas synonyme d’inconnaissable, et si nous nous dirigeons, sans complaisance, vers les pôles les plus avancés de la recherche (matière-esprit) en excluant tout dogme, nous débouchons inéluctablement sur des dynamismes organisateurs et régénérateurs, en notre propre intériorité.
Chacun de nous s’est imposé inconsciemment un masque pour se protéger de l’inconnu.
Or le propre du travail intérieur est de gommer ce masque avec patience et persévérance – car il se reconstitue inlassablement. Tant qu’il n’aura pas reconnu son esclavage imposé par les hôtes invisibles (pensées négatives, désirs insatisfaits, angoisses, peurs, etc.) qui envahissent son personnage habituel et gouvernent toutes ses réactions, l’Homme ne pourra faire allégeance à l’Être qui habite son ultime profondeur et attend son « retournement », c’est-à-dire son éveil.
Aujourd’hui les sciences et les traditions ont fait le premier pas pour se rejoindre, et ce doit être un encouragement dans la confusion des esprits qui règne actuellement. Soyons les « pionniers » de cette reconnaissance réciproque de l’universalité de l’être, et portons haut dans notre cœur le signe du ralliement de notre nature profonde, exigé par l’évolution. Faisons confiance à l’ordre secret de la Création qui, à travers la multitude des tribulations, conduit l’Homme, d’étape en étape à la fulguration de l’harmonie, de la paix… de l’amour.
Si nous pouvions nous convaincre de cette évidence, combien de conflits, de souffrances inutiles, d’inquiétudes, sinon de drames, éviterions-nous ?

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