Une nouvelle dimension
Les liaisons par radio et satellites font, dans une certaine optique, s’effondrer notre espace-temps traditionnel. Sur de grandes distances, nous arrivons avant d’être partis. Nous sommes renseignés à l’instant de ce qui se passe presque dans tous les points de la planète.
La découverte pour l’esprit humain de nouvelles dimensions de la conscience, avec la « transformation » qu’elle implique pour le comportement psychologique des hommes, permettra de résoudre plus facilement qu’on ne l’imagine, des difficultés paraissant insurmontables aujourd’hui. Trois années de souffrance ininterrompue ont développé en moi une extrême sensibilité dans le domaine de l’intuition. Je tente de traduire cela comme la perception d’un « compagnonnage » invisible et sublime de participants qui s’ignorent en grande partie, et sont reliés entre eux par le fil d’Ariane de leur aspiration commune à l’unité de la vie universelle.
Au niveau de leur existence personnelle, ils œuvrent dans des professions leur permettant une certaine « approche » des autres. Ils suscitent des associations, des créations de systèmes d’entreprises (physiques, scientifiques, philosophiques, littéraires, médicales, artistiques, presse, radio, télévision, etc.) où des affinités les rassemblent. Employons un langage populaire, que les physiciens ne peuvent désavouer : ils ont des atomes crochus.
Teilhard de Chardin trouvait, paraît-il, ses intuitions spirituelles dans ses travaux scientifiques de paléontologiste. D’où : « Quelques millions d’années pour faire la première bactérie puis, de mono-cellulaire, passer au pluricellulaire, poisson, reptile, mammifère et primate… puis à l’Homo Sapiens ».
« Actualiser nos potentialités », disait Lupasco. Je pense que cela peut être le vaste programme du troisième millénaire. Le sens de la vie doit être déchiffré dans une attitude de l’esprit qui ne nous est pas familière, une attitude « ouverte », ni exclusivement matérielle, ni exclusivement spirituelle. Il faut apprendre à se mouvoir, à penser, à agir avec tout son corps, avec la participation de son Être. Cette façon d’être là, avec la vie, lucide, confiant, peut devenir une force puissante de transformation, un art de vivre dynamique qui ouvre à l’universel.
Il faut avoir présent à l’esprit que le champ de l’histoire couvre au maximum sept mille années. Il est incroyablement court si on le compare à la durée de l’espèce humaine. Jacques Madaule disait notamment : « Si nous assimilons l’existence de l’humanité à la vie d’un homme, l’ensemble de ce que nous appelons l’histoire représenterait à peine une journée de cette vie ». Je pense à cette phrase de Jung tirée de « L’âme et la vie » (Éd. Buchet Chastel) : « Mais qui donc a pleinement conscience que l’histoire ne se trouve pas dans de gros volumes, mais inscrite dans notre sang ?».
Se libérer du « jeu de l’oie » des questions – Qui, Que, Où, Quand, Pourquoi, Comment ?… -, c’est se libérer du « jeu de l’oie » de l’existence. Le labyrinthe des questions nous enferme dans son piège centripète qui s’autonourrit, et nous demeurons son prisonnier.
Issu du magazine Nouvelles CLES

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