Nous sommes tous channels !
Erik Pigani, journaliste à Psychologies magazine et auteur de « Channels, les voix de l’Au-delà » fait le point sur ce phénomène paranormal encore mal connu en France. Entretien avec Erik Pigani
Erik Pigani a été formé à l’école de psychologie française, c’est-à-dire freudienne, avec la pensée unique matérialiste qui veut que l’âme n’existe pas et que la pensée soit sécrétée par le cerveau. Aussi, quand il est allé enquêter aux Etats-Unis, il a découvert que la plupart des psychologues, psychiatres et autres psychanalystes s’intéressaient aux phénomènes paranormaux, à la psychologie transpersonelle, à la spiritualité et étudiaient de façon sérieuse le channeling. Ce qui était totalement impensable en France, même encore aujourd’hui !
Yannick Le Cam : En ce début du XXIe siècle, le public comprend-il mieux le phénomène du channeling ?
Erik Pigani : Je ne sais pas, mais ce qui est certain c’est que de plus en plus de gens ont connaissance du phénomène et le vivent aussi. Pour autant, il y a encore beaucoup de confusion et c’est un peu normal. En effet, même si dans mon enquête je raconte les choses telles que je les ai vues et que je les vis de l’intérieur, personne n’est en mesure de dire précisément ce qu’est le channeling. C’est le même sort pour les autres phénomènes paranormaux comme les EMI (Expériences de mort imminente). Dans le domaine, c’est à chacun de faire un choix personnel et de prendre position.
Faut-il comprendre que l’affaire est plus compliquée pour le channeling ?
Erik Pigani : D’autant plus compliqué qu’il fait appel à bien des paramètres différents et soulève beaucoup de questions. Par exemple : y a-t-il une conscience en dehors du cerveau ? N’est-on pas en présence d’un phénomène où la personne canalise son propre inconscient ou l’inconscient collectif ?
Vous êtes une personne avertie et pourtant vous trouvez l’approche du phénomène difficile. Comment ceux qui vont écouter des channels en conférence peuvent-ils faire la part des choses ?
Erik Pigani : Pour eux, c’est encore plus difficile (rires) car le recul leur manque. Beaucoup de gens ont trop d’attentes pour garder de la distance. En ce sens, ils en seraient presque au même point que voici quinze ans. Mais dans l’ensemble, ils sont plus informés sur les phénomènes paranormaux, notamment grâce aux livres et aux émissions de radio. En faisant une rétrospective quasi complète des dix dernières années, j’ai pu constater que les mentalités ont changé et se sont ouvertes. Maintenant, comme partout, vous avez des gens prudents, avec une démarche d’autonomie, qui écoutent les channels et réfléchissent et ceux qui foncent tête baissée.
Avez-vous mesuré l’impact du phénomène channeling sur les mentalités, les habitudes de vie ?
Erik Pigani : D’une manière générale, ce phénomène a donné une dimension beaucoup plus spirituelle à la notion d’au-delà. Il y a quinze ans, je ne suis pas sûr que le channeling aurait été bien accueilli ; comme si la reconnaissance d’un au-delà devait être la première étape. Maintenant, il va de soi pour les gens ayant une ouverture spirituelle qu’il existe d’autres formes de consciences sur d’autres plans. Il ne faut pas oublier, par exemple, la mode des anges venue consolider des liens entre les hommes et d’autres plans de conscience à un moment où s’exprimait un besoin de liens plus « naturels ». Un autre changement est intervenu voici cinq ans environ. Il s’est traduit par l’augmentation des autels particuliers, ces petits espaces de méditation, de prière ou de recueillement pour honorer la mémoire d’un être cher. Ces lieux privés n’existaient pas avant. Grâce à un reportage sur le sujet, j’ai obtenu un nombre surprenant de témoignages de gens qui ont installé chez eux un lieu réservé pour communier avec d’autres plans. Ces autels comportent des petites statues ou des icônes orthodoxes, des photos des gens disparus ou des amis, des fleurs, une bougie, etc. C’est le signe d’une plus grande ouverture vers la spiritualité, qu’elle soit religieuse ou laïque.
Tout ce que transmettent les channels les plus « sérieux » participe à une ouverture et est un soutien au quotidien ?
Erik Pigani : Oui, tout d’abord parce que, généralement, le discours du channeling oriente toujours les personnes vers plus d’autonomie et de responsabilité. Il invite à penser à soi-même, à établir un lien direct entre soi et d’autres dimensions de soi. Ensuite, parce qu’il y a beaucoup d’informations sur la nature de la conscience, avec des éclairages nouveaux sur la manière de vivre avec les autres et avec soi-même.
Le channeling ne serait-il pas un don qui se dévoilerait ?
Erik Pigani : Comme pour la musique, vous avez des gens qui, avec très peu d’études, jouent avec une inspiration totale ; ceux-là vous font vivre des concerts inoubliables. Alors, effectivement, tout le monde peut développer le channeling. Certains sont faits pour ça et ont le don, d’autres pas. Le message des grands channels comporte beaucoup plus d’informations condensées et ces « informations miroirs » correspondent à chacun. Par exemple, une personne pourrait faire des Dialogues avec l’ange (2) une lumière de sa vie, un accompagnement pendant un certain temps ; alors qu’une autre sera incapable de la lire. En revanche, elle sera touchée par les Conversations avec Dieu. Une troisième ne sera touchée ni par l’un, ni par l’autre, mais accueillera volontiers les livres de Jane Roberts (3), etc.
La publication des travaux de Melvin Morse dans l’ouvrage « La divine connexion » contribue-t-elle à mieux comprendre le channeling ?
Erik Pigani : Ce type de publication explique comment fonctionne le cerveau et pose la question très sérieuse de la localisation de la conscience : d’où vient-elle ? Quel en est le centre ? Les travaux de Morse tendraient à prouver que nous sommes « outillés pour la reliance » qui, dans le cerveau, active certaines zones. L’autre grand pas en avant, c’est ce que disait Carl Gustav Jung : l’homme est fait pour la spiritualité. C’était d’avant-garde à son époque et pas très bien vu des freudiens. On comprenait enfin que la spiritualité était nécessaire à l’être humain pour sa vie et qu’elle n’était pas un phénomène pathologique comme on le disait avant. Nous avons besoin de spiritualité parce que nous sommes faits pour ça ! Le phénomène du channeling est une des infinies possibilités de notre cerveau.
Médium, voyant ou channel ?
Erik Pigani : Un médium reçoit des communications de l’au-delà avec des gens disparus mais qui ont vécu, quelle que soit l’époque.
Un voyant est capable de prévoir un événement futur. La voyance est l’équivalent de la précognition, terme utilisé en psychologie pour parler de la prémonition. Un « flash de voyance » est une information sur un événement futur.
La clairvoyance permet de capter des informations sur un événement présent qui se passe à distance. Un voyant peut être aussi clairvoyant. Pour le grand public, il est à la fois prophète et télépathe, c’est-à-dire quelqu’un qui sait tout !
Quant au channel, c’est une personne à la médiumnité ouverte. Il sert de canal à des consciences d’autres mondes, des entités qui peuvent s’identifier mais qui, normalement, n’ont pas été incarnées sur la Terre. Le channeling peut aussi s’exercer sur des entités spirituellement très élevées comme Jésus, les anges ou les archanges. Cela n’empêche pas un channel d’être aussi médium et/ou voyant !
Recueillis par Yannick Le Cam

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