origine martienne des météorites sur Terre
Pendant que le robot explorateur de Mars avance, les scientifiques planchent sur ses analyses de l’atmosphère de la planète rouge.
Alors que Curiosity poursuit sa course vers les contreforts du mont Sharp, objectif principal de sa mission d’exploration sur Mars, les scientifiques, eux, continuent de plancher sur les informations transmises par le robot. Ainsi viennent-ils de confirmer, avec une certitude quasi absolue, l’origine martienne de certaines météorites récoltées sur Terre. Celles-ci étaient attribuées à la planète rouge depuis les années quatre-vingt et l’étude des données transmises par les sondes Viking en 1976.
Le principe d’identification de ces météorites repose sur l’analyse de petites bulles de gaz piégées dans la roche. En particulier, les scientifiques s’emploient à quantifier la présence de deux isotopes (atome d’un même élément possédant un nombre différent de neutrons) de l’argon, un gaz inerte qui a le mérite de ne pas réagir avec les autres éléments présents dans l’environnement. Car on sait que le rapport entre argon 36 (léger) et argon 38 (lourd) est plus bas dans l’atmosphère de Mars que dans le système solaire primordial, où il était de 5,5 (soit 5,5 atomes d’argon 36 pour un d’argon 38). Pourquoi ? Tout simplement parce que quand l’essentiel de l’atmosphère de Mars s’est échappé dans l’espace, les éléments les plus légers comme l’argon 36 se sont envolés avec elle.
La mission Viking avait permis d’estimer que ce rapport argon 36/38 était, sur Mars, compris entre 3,6 et 4,5. Curiosity, grâce à son outil SAM, vient d’établir que celui-ci était très exactement de 4,2. Conclusion, les rares météorites martiennes récoltées sur Terre, aujourd’hui au nombre de 124 sur 60 000 fragments de roches extraterrestres répertoriées par la Nasa, sont bien natives de la planète rouge. Et, du même coup, la science dispose d’un élément de plus pour retracer l’histoire de l’atmosphère de Mars. Car les chercheurs aimeraient bien comprendre pourquoi et comment la planète rouge, autrefois plus chaude et plus humide, propice à la vie, est devenue le corps sec, froid et relativement hostile qu’elle est aujourd’hui.
Ne pas tirer de conclusions hâtives de l’absence de méthane
Au passage, l’une des dernières annonces faites concernant des analyses de l’atmosphère de Mars, montrant l’absence de méthane en son sein, mérite quelques précisions. Il n’en fallait pas plus pour que les fans du robot explorateur martien se désespèrent et sonnent le glas d’une possible vie extraterrestre encore présente sur Mars. La Nasa, lisait-on, était elle-même très déçue du résultat. Pourtant, il n’en est rien. « Autant la présence de méthane aurait éventuellement pu nous dire quelque chose, autant son absence ne nous dit strictement rien », explique le directeur du programme exobiologie du Centre national d’études spatiales, Michel Viso. L’idée est que le méthane peut être produit par des organismes vivants, même s’il peut tout aussi bien résulter d’une simple réaction chimique, appelée serpentinisation, qui se produit, à haute température, en présence de CO2 et d’eau.
Mais son absence, elle, n’exclut en rien la présence d’une vie, même actuelle. « Savez-vous que c’est dans les trois jours qui suivent notre naissance que notre système intestinal se peuple de bactéries, et qu’à partir de là, certains individus produisent du méthane et d’autres pas ? » lance Michel Viso, amusé. Autrement dit, il existe des tas d’êtres vivants qui ne sont pas méthanogènes. Même des hommes. « De plus, cette absence de méthane n’est pas non plus contradictoire avec la présence d’organismes en état de dormance dans les glaces repérées au pôle nord de la planète. Pas plus qu’avec celle de colonies bactériennes peuplant d’éventuelles poches d’eau liquide, isolée, dans le sous-sol de Mars », précise Frances Westall, directrice du groupe exobiologie du Centre de biophysique moléculaire CNRS d’Orléans. C’est vrai : la probabilité qu’il y ait sur Mars des bactéries méthanogènes, vivant près de sa surface, est désormais quasi nulle. Seulement voilà, les certitudes s’arrêtent là…
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