la Résurrrection et Marie-Madeleine
Claudel, extrait de la préface Marie-Magdeleine du livre les grands convertis.
Au tombeau, elle est encore plus abandonnée à elle-même. Dieu a complètement disparu. Elle ne peut plus l’adorer qu’en esprit et en vérité. C’est de l’espérance seule qu’est faite la foi dont elle vit. Mais elle ne se décourage pas. Au contraire, elle redouble de zèle. Elle cherche son époux par les rues et par les places. Dès le lever du soleil, au lendemain de l’ensevelissement, avec Marie, mère de Jacques et Salomè, elle court au sépulcre. Et là encore, c’est les bras chargés de parfums qu’elle se hâte au petit jour. Elle trouve le tombeau vide. Elle entre. Un ange est assis qui lui dit : « ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié : il est ressuscité, il n’est point ici. » Le cœur battant, elle écoute la bonne nouvelle, et elle se dépêche de la communiquer. Mais ce n’est pas encore assez. Anéantie en elle-même, Marie-Madeleine ignore tout ce qui n’est pas Dieu, Dieu lui-même avec elle et pour elle. Et c’est dans cet état de ferveur que nous la retrouvons en présence du jardinier. L’âme de la sainte touche à ce stade final où elle va se transformer en Dieu. Le moment est venu pour elle du mariage spirituel. Celui-là est devant elle, c’est son amour, caché sous les apparences d’un jardinier. « mon bien aimé, dit le cantique, est descendu dans son jardin, dans son jardin aux parterres de baumiers. » l’instant est solennel. Elle ne le reconnaît pas encore. Elle l’interroge : « Seigneur, si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis, et je l’emporterai. » Elle tremble d’impatience, de désir et d’émotion. C’est la chrysalide qui se sent devenir papillon. Elle frémit dans toute sa chair. Elle est toute dévorée par l’amour qui la consume. Et c’est alors que tombe des lèvres de Jésus ce nom et des lèvres de Marie ce cri de tendresse qui me fait tomber la plume des doigts. « … Dis-nous, Marie, qu’as-tu vu en chemin ? » « j’ai vu le tombeau du Christ vivant, et la gloire du Christ ressuscité. Je suis à lui. Il est à moi. J’ai trouvé celui que j’aime. Je l’ai pris et je ne le quitterai jamais. » C’est fini, il ne reste plus à Marie-Madeleine qu’à mourir. Et c’est à la Sainte-Baume que cette embaumeuse et cette embaumée exhale un dernier souffle filial qu’on peut encore y respirer.
Romain le Mélode, Hymne
Le Seigneur qui voit tout, voyant Madeleine vaincue par les sanglots, accablée de tristesse, en eut le cœur touché et se montra à la jeune fille ; il lui dit : Femme pourquoi, pleure-tu ? Qui cherches-tu dans le tombeau ? Alors Marie se retourna et lui dit : je pleure, car on a enlevé mon Seigneur du tombeau et je ne sais où il repose… il est mon maître, il est mon Seigneur, lui qui offre aux hommes déchus la résurrection. Celui qui sonde les reins et les cœurs, sachant que Marie reconnaîtrait sa voix, appela la brebis, lui, le pasteur véritable : Marie, dit-il et aussitôt elle le reconnut : c’es bien lui mon bon pasteur qui m’appelle pour me compter désormais avec les quatre vingt dis neuf brebis. Car je sais bien qui il est, celui qui m’appelle : je l’avais dit, c’est mon Seigneur, c’est celui qui offre aux hommes déchus la résurrection.
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