Chanter, c’est jouir de l’existence

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Le chant n’est pas une activité anodine. Il exprime notre personnalité profonde qui reste cachée lorsque l’on parle.. Il est aussi affaire de philosophie, de langue, de sensualité… Rencontre plein chant avec un philosophe fan de rock.

Et si je chante faux ?

 Rien n’est plus irritant à entendre. Plus troublant aussi : comme s’il y avait une faille, une fêlure dans l’âme. Il est évidemment possible d’apprendre à se corriger par des techniques de rééducation. Celles-ci ne visent pas à « normaliser », mais à aider chacun à trouver sa voix, et donc sa voie.

On a longtemps chanté à tout propos : lever, coucher, labour, semailles, récolte, naissance, mariage, enterrement, etc. L’homme moderne ne se trouve-t-il pas en manque, contraint à l’écoute passive de chanteurs professionnels ?

 Cette histoire de « passé chantant » est un vieux fantasme où l’on retrouve Rousseau et sa modernité désenchantée : il y aurait eu une humanité innocente et chantante avant notre humanité malheureuse et non chantante. En réalité, c’est faux. Nous continuons à chanter, sous la douche ou en voiture, mais aussi en groupe : il n’y a jamais eu autant de chorales. 

Vous-même, chantez-vous ?

Comme beaucoup, je voulais avoir, adolescent, un groupe de rock. C’est resté à l’état de fantasme. Je chante toujours, mais en solitaire désormais. Et j’écoute ma femme…

Peut-on savoir ce que vous chantez et quel effet cela vous fait ?

Je chante essentiellement du rock, d’où la nécessité de m’isoler. Surtout du rock arty ou « indépendant », aux textes puissants. Nick Cave a été mon dieu (il l’est toujours). Que je les entende ou les chante, ses morceaux me bouleversent et me transportent, avec un sentiment extrême de libération. C’est comme si j’avais un autre corps, à côté duquel mon corps ordinaire ne ferait que vivoter. Je ne connais pas d’autre action qui mette le corps intégral dans cet état. 

Vous semblez très agacé par l’idée que le monde se serait « désenchanté » et qu’il faudrait donc le « réenchanter »…

Exact. Si j’ai eu envie d’écrire « Chanter », c’est en particulier par désir d’en finir avec cette nostalgie un peu aigre, ce regard négatif et dédaigneux vis-à-vis de la modernité et du temps présent. La vision d’une innocence première supposée m’exaspère. Elle confond l’origine des civilisations avec notre origine personnelle – cette éternité « magique » où l’on nous chantait des berceuses – et cela véhicule des idéologies rétrogrades. Par « désenchantement du mon­de », le sociologue Max Weber, au début du xxe siècle, entendait le recul du religieux. Il est vrai que le chant était lié au religieux et que celui-ci occupait l’essentiel de la vie sociale. L’humanité moderne faisant reculer l’emprise du sacré, un monde de chants et de cantiques a commencé à se dissoudre. Mais le chant n’a pas disparu pour autant. Porté par un autre contexte social, culturel, politique, artistique, l’enchantement s’est libéré des pesanteurs institutionnelles et ecclésiastiques. Tant mieux !

Cette histoire d’« humanité chantante » et d’« humanité non chantante » semble être un mythe répandu… 

Par Vincent Delecroix

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Publié dans : AME, HUMANITE |le 12 octobre, 2013 |Pas de Commentaires »

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