Ce que j’ai vu quand j’étais mort
par Eben Alexander, Patrice van Eersel
Un neurologue américain croyait dur comme fer que les expériences de mort imminente étaient de simples hallucinations expliquées par la médecine. Jusqu’à ce qu’il sombre dans le coma…
Supposons que vous n’ayez jamais entendu parler des NDE (near death experience – en français EMI : expérience de mort imminente) et que vous tombiez sur l’histoire du Dr Eben Alexander, que nous publions dans les pages suivantes. Il y a des chances pour que vous éclatiez de rire. Ou que vous le preniez pour un fou. Si cette histoire a fait la une de « Newsweek », c’est forcément parce qu’il s’agit d’une farce ! Je pensais ainsi quand, ayant lu un article similaire dans « Der Spiegel », en 1980, je suis parti en reportage aux Etats-Unis pour rencontrer les neuropsychiatres qui disaient pouvoir expliquer ce genre de délire de A à Z. J’étais enthousiaste et sincère – et je rigolais d’avance (c’était bien notre genre, à « Actuel ») à l’idée qu’on allait même pouvoir expliquer les visions de sainte Thérèse d’Avila par la neurochimie. Au moment de mourir, ou de nous croire mourant, nous aurions tous, disaient ces savants, une formidable overdose endogène. Un grand flash hallucinatoire final. La nature est bien faite… J’ignorais alors que les scientifiques en question n’avaient en fait rien expliqué et que ce reportage allait changer ma vie, en me faisant découvrir la plus improbable des zones d’humanité : la fin de vie. Tout un univers.
Trente-deux ans plus tard, la NDE demeure un mystère. En fait, c’est un phénomène aussi vieux que l’humanité, mais qui connaît un boum fou en raison des progrès des techniques de réanimation. Dans toutes les autres sociétés, ces gens seraient morts : les unités de soins intensifs les ramènent à la vie. Dès qu’ils retrouvent la parole, 20 % d’entre eux racontent une histoire insensée… en précisant qu’elle est « strictement indicible ». Ils devraient donc se taire. Mais leur besoin de témoigner est si fort qu’ils parlent quand même, quitte à basculer à leur insu dans le symbolique. Que disent-ils ? Qu’ils sont « sortis de leur corps », qu’ils ont vu, étonnés, leur entourage s’affoler, puis qu’ils ont fait un voyage cosmique dans une « pure lumière d’amour et de connaissance ». Une sorte de songe biblique. Ou bouddhique. On se dit : « Quel délire ! » Oui, mais il faut alors imaginer un délire dont on sortirait structurellement changé, en général dans un sens positif, plus authentique, plus vivant, plus altruiste et débarrassé de la peur de mourir…
Dans ma première enquête, « La Source noire », publiée en 1986 (Grasset), j’étais fasciné par le profil type de l’expérience : tous les cas répertoriés semblaient quasiment superposables. Dix ans après, dans un complément d’enquête intitulé « Réapprivoiser la mort » (Albin Michel), c’est le contraire qui m’a sauté aux yeux : le profil type est utile, mais théorique ; en réalité, il n’y a pas deux cas identiques. Celui du neurologue américain qui témoigne ci-après raconte un scénario unique, un parmi des millions. Il sera à Marseille les 9 et 10 mars, aux deuxièmes Rencontres internationales EMI organisées par la réalisatrice Sonia Barkallah *. Si vous voulez vous faire votre propre opinion, vous pouvez toujours y faire un tour. C’est un événement sans équivalent dans le monde.
Le récit d’Eben Alexander
En tant que médecin, je n’avais jamais accordé de crédit aux expériences de mort imminente. Fils
d’un neurochirurgien, j’ai suivi les pas de mon père jusqu’à devenir professeur en neurochirurgie, enseignant entre autres à la Harvard Medical School. J’ai appris à comprendre ce qui se passe dans le cerveau d’un homme sur le point de mourir. Et j’ai toujours cru que, derrière chaque récit de voyage astral rapporté par ceux qui ont frôlé la mort, il y avait une explication scientifique précise.
Le cerveau est, certes, une mécanique étonnamment sophistiquée, mais il est également d’une extrême fragilité. Réduire un tout petit peu la quantité d’oxygène qu’il reçoit le fait réagir. Je ne m’étonnais donc pas outre mesure que les personnes ayant subi des traumatismes sévères en réchappent la tête pleine d’étrangetés. Cela ne signifiait pas qu’elles aient véritablement voyagé quelque part.
Pourtant, à l’automne 2008, après plusieurs jours de coma au cours desquels […] une partie de mon cerveau s’est retrouvée désactivée, j’ai fait une expérience si intense qu’elle m’a donné une raison scientifique de croire en une conscience après la mort. […]

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