Comment nos descendants travailleront-ils ?
Nouvelles Clés : Comment nos descendants travailleront-ils ?
Thierry Gaudin : Certes pas comme nous et surtout pas de la façon dont on nous a appris à le faire au XX° siècle ! Cela va peut-être vous surprendre, mais dans la plupart de nos simulations, nous voyons actuellement un grand nombre de gens évoluer vers :
- un retour à la campagne,
- travaillant à distance, comme la technologie le permet de plus en plus,
- disposant d’un revenu modeste,
- mais en même temps cultivant leur potager,
- retapant eux-mêmes leur maison,
- vivant de petits boulots informels,
- ou d’allocations diverses…
N.C. : Mais vous nous décrivez là de parfaits marginaux, des babas-cool dans leur état absolu, et pas du tout de jeunes entrepreneurs sarkozystes acharnés et gourmands !
T. G. : Le système médiatique et la société du spectacle ont beau tenter de nous persuader que ce sont des solutions passéistes et lamentables, le système d’enseignement a beau continuer à préparer les étudiants à occuper une petite case dans le gros organigramme d’une multinationale, l’avenir appartient bel et bien aux pluri-actifs, qui auront su acquérir des savoir-faire rudimentaires (travailler la terre, le bois, la pierre, refaire un toit, installer des panneaux solaires… aussi bien que manier un ordinateur et surfer sur le net). On retrouve là les idées du philosophe Ivan Illich, qui distinguait clairement systèmes hétéronomes et systèmes autonomes, et plaidait pour que l’on reconstruise des autonomies, ce qui veut dire être capable de vivre de ses propres productions, de se débrouiller dans la nature, etc.
N.C. : Ce sera la fin du salariat ?
T. G. : La prestation de service contre rémunération n’est pas destinée à s’évanouir demain, l’argent non plus ! Par contre, l’idée d’un salarié placé sous l’autorité d’un patron pendant huit heures par jour, l’organisation taylorienne du travail supposée faire le gros de l’emploi, tous ces modèles autour desquels on a construit nos lois sociales, sont en train de se dissoudre.
En Occident, le gros de la « force de travail » n’est déjà plus dans cette configuration, excepté dans la fonction publique (en pleine diminution) et dans l’artisanat et le petit commerce. Là, on pourra encore trouver une certaine stabilité en termes d’emploi ou d’horaires, mais ce ne sera pas forcément à temps plein. Le modèle des 35 heures et du travail posté est aujourd’hui dépassé. Avec un casse-tête à la clé, on le sait bien : comment financer les systèmes sociaux (sécurité sociale, retraites, chômage…) ? La simplification des processus administratifs (le vrai rêve du patronat) serait déjà un premier pas, surtout si, comme on le voit, le nombre des petites unités de moins de dix personnes augmente.
Extrait de l’interview de Thierry Gaudin paru au http://www.cles.com/

Vous pouvez laisser une réponse.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.