Le symbolisme des animaux
Barbara Hannah – Postface
d’Élisabeth de Fontenay
Cet ouvrage prend sa source dans plusieurs séries de cours sur le symbolisme des animaux, données par Barbara Hannah à l’Institut C.G. Jung de Zurich, entre 1950 et 1960.
David Eldred, éditeur en langue anglaise, donne le ton : « Assister aux cours de Barbara Hannah relevait du pur plaisir. Il suffisait de bien s’installer, de goûter à la présentation et au développement du sujet et de se laisser stimuler par sa chaleur, son sens dramatique et son humour, son ironie. On n’avait aucune peine à suivre ses cours du début à la fin, et l’on n’avait pas besoin de laisser vagabonder son esprit.
Elle connaissait parfaitement bien son sujet, ajoutait spontanément des réflexions et des anecdotes, et improvisait librement. Elle n’était pas du genre à être impressionnée par la prolixité et l’érudition et avait le don de rendre la psychologie analytique vivante, pour les savants comme pour les nouveaux venus qui abordaient la pensée junguienne. »
Monique et Michel Bacchetta précisent dans l’avant-propos : « C.G. Jung lui-même s’est très souvent penché sur le symbolisme des animaux, et Barbara Hannah s’appuie également sur les écrits de Jung et des alchimistes pour tenter d’éclairer, à l’aide de la chatte ou du cheval, du taureau ou du lion, des mouvements d’humeur ou des états d’esprit mystérieux, des passions comme des paresses, des aspirations créatrices ou des profondes détresses. Ce que nous vivons, qui nous habite, plonge des racines dans les profondeurs de l’inconscient. Grâce à la présence d’animaux secourables ou redoutables, le dynamisme qui est à l’œuvre en nous trouve à s’exprimer, il s’apprivoise, son langage se déchiffre, et un dialogue s’instaure, comme si un lien de plus en plus étroit parvenait à se forger entre le conscient et l’inconscient, comme si une complicité se créait, une connivence. »
Quelques extraits
Page 34 : « Je ne crois pas que ce soit aller trop loin que de dire que la véritable raison d’être si attentifs aux animaux de nos rêves et de nos imaginations actives est qu’ils représentent des formes de vie restées en contact avec une forme de savoir absolu. Les «animaux» dans nos rêves et nos imaginations actives sont ceux-là mêmes qui peuvent nous conduire à cette source de vie naturelle. »
Page 95 : « La question de savoir si l’inconscient nous accepte est donc une vraie question. Il n’y a rien que nous puissions faire dans le processus d’individuation, ou dans le problème de la fonction inférieure, à moins que l’inconscient ne soit d’accord. S’il le ne veut pas, il ne nous enverra ni rêves ni aide instinctive. »
Page 171/172 : « Sauf si l’on a affaire à des situations très rationnelles et sophistiquées, nous ne pouvons pas faire grand-chose sans l’aide de nos instincts, et l’un des symptômes les plus menaçants aujourd’hui est l’énorme fossé qui s’est creusé entre eux et nous. Nous pourrions aller jusqu’à dire sans exagérer que la condition sine qua non de la survie de notre civilisation est de renforcer consciemment nos liens avec nos instincts et notre nature intérieure. »
Page 238 : « Jung a fait remarquer un jour dans un séminaire que, dans toute analyse profonde, l’heure vient, si brève soit-elle, où l’importance du moi ne compte tout simplement plus et s’efface devant une expérience fondée sur l’éternel. Si vous pouvez en faire l’expérience, vous vous sentez alors mieux enraciné et plus sûr de vous ; si vous faites vraiment l’expérience de l’éternel un bref instant, alors ce qui arrive à votre moi extérieur, transitoire et changeant, perd toute son importance. »
Page 344 : « J’ai souvent cité Emma Jung qui m’a dit quelque chose qui s’est avéré d’une grande aide pour moi, au bout d’un an ou deux passés ici. Elle croyait beaucoup dans les émotions négatives et pensait que l’on pouvait en tirer un grand profit si l’on trouvait le moyen de les laisser s’exprimer elles-mêmes au lieu de se soumettre à elles ou de les combattre. La lutte que chaque femme engage contre l’animus quand celui-ci tente de se rendre maître de ses émotions serait un exemple du forgeron travaillant le feu du lion sur l’enclume. Cette idée dont je lui suis redevable a été l’une des plus utiles au cours de mon analyse. »
Page 355 : « Si nous ne pouvons pas accepter l’émotion et l’instinct, nous ne pouvons pas nous ouvrir à la transformation. C’est la raison pour laquelle les intellectuels purs sont parfois si infantiles. Nous devons nous réconcilier avec le lion – l’instinct – car, après tout, nul ne peut franchir les grandes étapes de la vie, comme le mariage, la mort, ou un examen particulièrement difficile, sans l’aide de son instinct et de son émotivité — sauf peut-être un examen. Quoique ! »
Éditions La Fontaine de Pierre – 490 pages – 15 cm x 22 cm
Traduit de l’anglais par Françoise de Coudenhove
avec la participation de Monique Bacchetta