Incarnation, pourquoi ?
Pourquoi s’engager dans le monde si tout est illusion ?
En réponse à la question d’un lecteur « À quoi servent les Illuminati ? »
Pour ceux qui ont – un peu – compris la « Nécessité du Néant » comme cause de l’Etre et de l’univers, l’éveil c’est s’apercevoir « qu’il n’y a rien ni personne, et qu’il ne s’est rien passé ». Mais cette compréhension doit se manifester par une implication encore plus grande dans le monde, au quotidien. N’est-ce pas contradictoire ? Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que celui qui sait c’est le SOI, et que celui qui agit c’est l’EGO.
Si JE sais, c’est que je suis le Soi. Dans ce cas, si j’agis, c’est que je commande à l’ego d’agir. Il est mon serviteur. Si je ne sais pas, je me prends pour l’ego, et je vis mon incarnation comme si c’était une réalité, sans aucun recul, avec toutes les émotions qui y sont liées, sans consacrer ces actions et ces résultats à un Grand But qui dépasse et contient les petits buts poursuivis par l’ego. Quand il n’y a que les petits buts, seul l’ego agit, décide, et souffre donc d’obtenir des résultats qui ne sont pas ceux qu’il voulait mais ceux nécessités par le Soi.
C’est pour échapper à cette souffrance que l’ego préfère dormir, n’agit pas toujours. Souvent il n’est pas vraiment impliqué avec une infatigable passion à la réalisation de grandes choses. Pour éviter de se regarder en face dans l’échec et l’impuissance, l’ego préfère laisser les autres décider, attribuer la responsabilité à autrui, se faire prendre en charge, subir tel une victime. Et puis il y a quand même ceux qui n’ont peur de rien et vont toujours plus loin, qu’on admire, qu’on envie, qu’on déteste parfois. Parce qu’eux sont animés par une foi, une communion avec le Soi dont leur personne n’est qu’un instrument provisoire auquel ils ne sont pas attachés. Ils ne sont donc pas victimes. Le résultat n’est pas leur affaire, ils font parce qu’ils sont inspirés pour cela, et ce qui viendra sera bien. Qu’ils soient artistes, constructeurs, sportifs ou hommes politiques, on ne peut s’empêcher de les regarder comme des extraterrestres, des modèles inaccessibles. Pourtant la différence n’est pas grande. Eux ont simplement compris que l’incarnation est un jeu qu’il faut jouer, et jouer d’autant plus qu’il n’y a pas d’enjeu : le but est toujours présent, rien ne peut y échapper, aucun hasard ne peut interférer, l’inconscient est le plus fort. Et l’outil, l’ego, la vie, n’en est que la manifestation. Sans manifestation de mouvement c’est qu’il n’y a pas de but. C’est pour cela qu’il est toujours sain de juger les intentions. Les intentions se lisent dans les résultats obtenus. Clairement. Même si elles ne sont pas toujours pleinement conscientes. Si je vis une chose ou fais subir quelque chose à autrui, c’est que telle était mon intention. Définitivement.
En général, dans la vie quotidienne, on dit le contraire : « il ne faut pas faire de procès d’intention ». « Nul ne peut juger les intentions des autres ». C’est bien pratique lorsqu’il s’agit d’hommes politiques ou de puissants. On peut alors faire croire à l’échec, à l’incompétence. Mais c’est rarement le cas. S’il y a chômage dans le pays, c’est que le but des responsables fut le chômage jusqu’à présent. S’il y a pauvreté, c’est que le but fut la pauvreté. S’il y a endettement, c’est que le but fut l’endettement. Il n’y a ni hasard ni irresponsabilité, et surtout pas incompétence, rien ne peut se produire qui ne soit issu d’un but car seul le but crée l’énergie créatrice. On le sait bien d’ailleurs : les grandes entreprises ont besoin du chômage pour peser sur les salaires, donc de la pauvreté, et l’endettement vis-à-vis des banques, qui ne devraient en aucun cas avoir le droit de créer de la monnaie-marchandise (prêt à intérêt qui traditionnellement était considéré comme un crime puni de mort) est totalement artificiel, destiné à ce que les banques (ou LA banque) deviennent propriétaires de tout. C’est ce qui est en train de se passer. Même le Pirée leur a été vendu. Un jour ce sera la Tour Eiffel. Et les organes de tant de pauvres gens dans le monde. Peut-on s’en désintéresser sous prétexte que « tout est illusion » ? Certainement pas, c’est le contraire.
La Métaphysique encourage à s’incarner, non à fuir la “ réalité ” sous prétexte qu’elle est illusion. Certes, le monde est illusion, c’est-à-dire qu’il est intérieur à notre conscience, et n’a aucune objectivité indépendante de l’esprit. Cette absence de “ réalité ” peut dérouter et donner envie de se retirer de l’univers, ou même de le mépriser ainsi que tout ce qui paraît matériel. Souvent une spiritualité mal comprise pousse à cela.
Pourtant c’est l’inverse qui est juste. Le fait que l’univers soit intérieur à la conscience lui donne toute sa valeur et tout son intérêt. Grâce à cela, on peut en avoir conscience. Il serait impossible d’avoir conscience du monde s’il nous était extérieur. Nous, c’est la conscience (« noos » en Grec). Grâce au fait qu’il est intérieur, on peut communiquer avec et l’aimer. S’il était réel, extérieur à la conscience, en aucun cas nous ne pourrions avoir de relation avec lui, nous n’imaginerions même pas qu’il existe ; toute communication, toute compréhension, toute affection serait impossible. Même notre corps ne pourrait “ exister ”.
L’illusion est donc tout sauf un concept péjoratif. Pas plus que le néant n’est un concept négatif. Seul le mental matérialiste a peur de ces concepts qui remettent en cause son pouvoir. Dans la Réalité, c’est la vraie vie. Elle n’est pas un hasard. Le processus créateur perpétuel d’illusion, c’est-à-dire l’esprit, ne naît pas du hasard mais de la Nécessité du Néant. Le Principe créateur n’est pas non plus un hasard. Ce sont les Lois de l’illusion. L’esprit ne fonctionne pas n’importe comment. Sa cause engendre ses règles magnétiques et il ne peut fonctionner autrement qu’en donnant forme atomique et cosmique à son infinité inaccessible (voir l’Hyperscience). L’atome délimité en évolution perpétuelle est le compromis entre nécessité d’infinitude et impossibilité d’infinitude. La rotation orbitale est le compromis entre amour (désir d’unité) et impossibilité d’unité. On se tourne autour, comme nous tous, qui faisons tout pour communiquer les uns avec les autres et s’aimer, mais sommes toujours arrêtés par les atomes dans notre soif de fusion.
Tout l’univers est ce compromis. Ou plutôt tous les univers potentiels. Actualisés un à la fois par l’Etre, partout où il se croit. Il tente de se croire partout tout le temps. Chacun d’entre nous est un univers parallèle à l’univers d’autrui. L’autre paraît « extérieur », mais en fait nous ne sommes séparés par aucun espace mais par des niveaux d’amour, c’est-à-dire du TEMPS, car le temps consiste à passer d’un niveau d’amour à un autre. Des niveaux différents d’un MÊME amour. Cela peut paraître arbitraire comme expression, ou hypothétique, mais ce n’est qu’une conclusion parfaitement démontrable. On ne peut pas rentrer dans tous les détails ici.
Nous nous croyons donc plusieurs esprits ayant conscience d’un univers unique, alors que nous sommes UN SEUL ESPRIT ayant conscience d’une multitude d’univers distincts. Nous sommes un seul SOI qui se croit une multitudes de « moi ». Ces « moi » ou « egos » se contemplent, s’estiment, se battent ou se cajolent, comme Michel Berger faisait dire à Fabienne Thibault, mais en fait « on est toujours tout seul au monde » puisqu’on est un. S’en apercevoir, c’est l’éveil.
Comme le néant et l’illusion, la solitude n’est pas l’horreur que le moi croit. C’est la bénédictioin absolue, puisque c’est grâce à cette unicité de l’Etre que toutes les parties du Soi peuvent communiquer. Sinon, aucun mot que je prononce ou écrit n’aurait le moindre sens pour vous si nous étions deux esprits séparés. S’il n’y avait pas de solitude. Evidemment ce n’est pas la solitude de l’ego, il est normal que l’ego vive, souffre, rie en compagnie d’autres egos, sinon il ne peut pas prendre conscience de l’illusion et de l’Unité. C’est à cela aussi que sert la mort.
De même que nous sommes nombreux dans l’esprit à nous prendre pour des chats ou des rats, nous sommes également nombreux à l’intérieur de la conscience à vivre une même civilisation humaine. Et à en être particulièrement responsables. Et notre création qui n’est pas un hasard mais le résultat de notre besoin d’évolution n’est pas là pour que nous la méprisions ou y soyons indifférents. Elle est là pour susciter notre grandeur, donner un cadre à nos aspirations, permettre la croissance en preuves de notre amour. Sans le monde, nous ne pourrions remplir notre mission, et l’Etre ne pourrait manifester sa quête éternelle d’infini. Chacun de nos univers personnels est indispensable, et chacun est fait pour passer au suivant.
Lorsque je montre du doigt le manque de « conscience » de nos dirigeants ou le manque d’amour des Reptiliens qui nous considèrent comme leurs créatures et leur propriété, bien sûr c’est dans le cadre de l’illusion, ce n’est pas de la Métaphysique, mais c’est l’exercice naturel de l’individu qui aspire forcément à la liberté et à la paix. Il ne peut le faire en entretenant ou en solidifiant la « matérialité » de ses illusions, ou en se faisant complice du passé qui le retient dans l’attachement à la matière et à l’ego. Certes toute cette illusion est un prétexte à son évolution, mais ce n’est pas pour cela qu’il doit ne pas en tenir compte. L’illusion est là pour qu’on la fasse reculer. Tous les grands maîtres ont été aussi de grands politiques, Jésus a été considéré comme une menace politique par les Pharisiens et un peu aussi par les Romains, Confucius, Lao Tseu ont toujours encouragé l’homme spirituel à la prise de responsabilités plutôt que de laisser la conduite du sort des populations à ceux qui ne savent ni pourquoi ils sont là ni où il faut aller. Gandhi, Mandela ont changé leur monde. Ils n’ont pas fui l’illusion qu’ils ont créée au niveau du Soi (« Dieu ») bien que la reconnaissant comme telle. Leur corps (et le monde-prison qui va avec) a pour mission de servir d’outil de libération. De paix. Pas de paix sans liberté, c’est le même infini.
Si le monde est illusion, la souffrance, elle, n’en est pas une. Jusqu’où faut-il qu’elle aille pour qu’enfin les hommes veuillent bien faire preuve d’amour au-delà de leur sphère personnelle immédiate ? Si la situation est si dure aujourd’hui c’est parce que nous n’avons pas réagi plus tôt.
Peu importe les noms qu’on attribue à ceux qui jouent le rôle des tortionnaires ou des geôliers. Ils sont là pour qu’on prenne position, et que grâce à l’opportunité qu’ils nous donnent, nous puissions dépasser notre condition humaine et nos peurs et avancer vers notre réalité et notre liberté. Il n’y a de liberté que celle qu’on donne. L’amour est don de soi, rien d’autre.
Un jour, pour chacun d’entre nous, lorsque le théâtre de marionnettes aura fermé, nous nous remercierons tous en coulisses. Mais celui qui ne jouerait pas le jeu dans l’incarnation vivante de tous les jours sous prétexte que c’est un jeu illusoire serait un bien plus grand criminel que les responsables qu’il montre du doigt. Car il se tue lui-même en interdisant au Soi de le faire progresser vers le But. Tout au moins en y résistant au lieu d’en redemander avec une soif inextinguible de s’incarner davantage et d’évoluer le plus vite possible. Cela dit, on ne peut y échapper, il y aura toujours des limites, reste à savoir si on on veut souffrir davantage de ces limites ou si on les assume pour s’en déclarer responsable.
Que sont mes conditionnements si je me vois me conditionner moi-même ?
Qui d’autre peut le faire ?
Il y a en moi un saint transdimensionnel qui se nourrit de mes joies et actes d’amour quotidiens, et il y a aussi un reptilien qui se nourrit de mes émotions négatives, et veut faire de moi un esclave. Lequel gagnera ? Celui que je nourris ici et maintenant.
Bonne fin du monde.
Frank Hatem DSD
conférence à Paris dimanche 9 décembre 2012.
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