La Direction Spirituelle
Qu’est-ce ? « L’art des arts ! » disait un théologien du IV ème siècle.
Quand le christianisme s’est répandu comme religion officielle, quelque chose s’est perdu. Il fallait prendre de la distance d’avec des institutions religieuses qui peu à peu ont eu pignon sur rue, non sans compromis sur la radicale nouveauté dont elle étaient porteuses. D’où ces hommes et ces femmes qui sont partis, au sens propre, au désert, pour éprouver jusqu’au bout la vérité de leur foi, dans la liberté de leur conscience. On part seul, tels les ermites en Egypte, puis on se met en lien, on crée des communautés qui deviendront des monastères. Des éléments se mettent en place :
- tradition d’accompagnement spirituel, lien de maître à disciple fondé sur le choix du disciple et la posture désintéressée du maître – au service d’une recherche commune de l’un et de l’autre, du dirigeant comme du dirigé – vers un ajustement personnel à Dieu, enjeu de vie ou de mort pour chacun, pour ne pas perdre son âme (on dirait aujourd’hui « sa vie, son identité, sa capacité d’être »), pour vivre son existence dans ce qu’elle porte d’éternité
- en tournant le dos au monde, renoncement aux richesses, carrière, relations sexuelles, …, dont on a éprouvé la vacuité et la déception, pour être complètement disponible
- pour sauver sa peau, la vie en nous qui nous anime, l’âme, la dimension corporelle, affective, le puits qui irrigue en nous, le lieu d’expression de Dieu s’Il est.
L’âme est l’identité profonde, le Je unique où je suis vraiment (cf St Jean de la Croix).
L’appel du désert c’est sauver son âme pour ne pas être un mort vivant.
L’enjeu est une question de vie ou de mort, et la mise en danger de son corps vaut mieux qu’une vie inanimée. C’est un chemin à faire, chemin à se défaire, en n’étant plus dépendant y compris des projections infantiles, illusoires, dangereuses souvent, que nous avons tendance à appeler « dieu ».
Comment s’y prendre ? Dans le désert surgissent des mouvements intérieurs, angoisses, peurs, paniques, … en contradiction avec l’objectif de recherche de relation avec Dieu. Le corps se rappelle à nous.
Comment y voir clair ? Sommes-nous dans l’illusion, prendre des vessies pour des lanternes ? Le diable se montre en ange de lumière, « Lucifer » le lumineux. (Alors que le diable n’a pas d’existence propre, il se sert du pire en nous pour se donner une contenance).
Au lieu d’être éclairés, nous sommes entre éblouissements et obscurités !
Comment s’y retrouver ? C’est alors qu’on va demander l’aide d’un sage, d’un « directeur spirituel » : il va donner des repères, des remèdes pour les maux de l’âme, dans sa relation à Dieu. Cette tradition a été transmise par les monastères, les moines et moniales « maîtres ».
Puis il y eut le Moyen Âge, période où l’Eglise s’est fortement cléricalisée. Les clercs ont été situés comme responsables des autres, avec la lourde charge de faire respecter les repères chargés d’encadrer les consciences. Le ministre qui ne peut être que le prêtre, le clerc dans ce contexte, devient « directeur spirituel » d’emblée après son ordination, ontologiquement.
On dit de lui qu’il a « la grâce d’état » autrement dit la science infuse. « Je suis prêtre, donc je sais ce qui est bon pour toi ! » Ce malentendu, cette confusion existent encore aujourd’hui. Mais la vie spirituelle n’est plus du tout honorée dans ce dispositif-là ! La liberté ne peut plus faire son chemin, et les repères donnés ne produisent pas, ou si peu, ce qu’ils promettent.
Alors les personnes en recherche vont se tourner ailleurs, quitte à changer parfois de tradition. Et l’on retrouve, ce qui n’a jamais cessé : la direction spirituelle répond à une attente spécifique, et elle peut être effectuée par des non clercs, par des laïcs. Cela dit, attention, n’est pas guide ou directeur spirituel qui le décide ! D’où l’importance d’une recherche éclairée.
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