Interview de Fanchon Pradalier Roy
Fanchon Pradalier-Roy est astrologue et psychopédagogue de formation. Elle centre ses recherches sur l’éducation et la notion de transmission. Elle publie « Le Karma dévoilé » aux Editions Alphée, un essai qui explicite la notion de Karma, et donc la notion de Vie. Rencontre passionnante avec cette humaniste pas comme les autres.
Propos recueillis par Marjolaine Watelle
Fanchon, pourquoi vous êtes-vous penchée sur la notion de karma ?
Cela fait maintenant plus d’un siècle qu’en Occident, on parle du karma sans en avoir réellement élucidé le mystère. J’ai donc cherché notamment, parmi les ouvrages de Bailey et de Blavatsky, -je n’ai pas travaillé par compilation mais par inspiration- et j’ai d’abord trouvé que c’est une loi universelle, commune à tous les systèmes religieux. Le karma est une des lois de la vie mais elle n’est pas la seule. J’en ai dégagé douze. Pour simplifier, retenez les trois premières : 1/ la vie est une : unicité de la vie, inclusivité de la vie, aucune séparativité. 2/ la vie a deux pôle : esprit / matière. 3/ la conscience se met en jeu entre l’esprit et la matière. Dans ce continuum, chaque vie se situe à un niveau de conscience médian entre les deux pôles. Lorsque la vie se manifeste, la conscience se manifeste, le karma d’une vie va être la distance qui la sépare du retour à l’unité.
La loi du karma est-elle nécessairement liée à la loi de réincarnation et de renaissance ?
Oui car si l’on n’admet pas cette hypothèse il est très difficile d’accepter la loi du karma.En effet, pour revenir à l’unité, au Un, il va falloir plusieurs vies. Dans chacune de ces vies, on choisit ou non de progresser. Progresser, c’est aller dans le sens des ses aspirations, vers le haut ; régresser c’est se laisser alourdir par ce qui nous pèse et tout ce qui tient du passé. En fait, le karma est cette tension en nous qu’il y a entre nos plus hautes aspirations et ce qui nous alourdit. C’est une tension que nous vivons à chaque instant, que la psychanalyse nomme le désir. Le karma nous demande de nous libérer pour évoluer et revenir à l’équilibre et ensuite à l’unité. Ce qui fait que dans une journée on est en permanence sujet à ça : on cherche à sortir de l’opacité de la forme pour trouver un niveau d’équilibre entre la matière et l’esprit….
Le karma nous permet-il de connaître nos vies antérieures ?
Oui, mais ce qui est important c’est comment il se traduit dans cette vie. Même si il est évident que les vies passées nous ont donné des acquis en forme de vibrations légères et des passifs en formes de vibrations lourdes engrammées dans la matière….- la matière est de l’esprit à son taux vibratoire le plus bas, l’esprit est à son taux vibratoire le plus haut -. (Selon la formule de H.P. Blavatsky. NDR)
La notion de karma est-elle nécessairement liée à la notion de Conscience ?
On peut dire d’une certaine manière que tant que la conscience n’est pas éveillée, on ne génère pas de karma. Jésus-Christ dit « Père, pardonne leur : ils ne savent ce qu’ils font »**. Le bien et le mal sont relatifs : ce qui est mal est ce qui en dessous de son niveau de conscience, ce qui est bien est ce qui est au-dessus de son niveau de conscience. Plus on est évolué en conscience plus on est exposé à se charger en karma. A partir du moment où on a pris conscience que les paroles nous chargent ou nous libèrent, à partir de là, on devient responsable de ce que l’on dit. Et la moindre incartade est lourde de conséquences. La conscience est de la lumière. Plus on avance dans la lumière, plus cette lumière nous rend responsable, c’est le « prix à payer ». Le devoir premier est la vigilance permanente à tous les niveaux. Plus vous avancez moins vous avez droit à l’erreur.
Comment vit-on le karma au quotidien ?
Malheureusement, on le ressent lors des épreuves. C’est comme une charge qui nous pèse, nous alourdit, ou comme une aspiration à un mieux. Par exemple si je suis un être impatient qui a du mal à être calme, qui génère affolement et excitation autour de lui … vont m’être proposées en permanence des situations qui vont susciter en moi un effort pour m’améliorer. Tant que je génèrerai ce genre de perturbations, j’aurai des épreuves, car les impatients se retrouvent toujours dans des situations qui mettent à l’épreuve leur patience. Ça, c’est la loi du karma qui est à l’œuvre et qui est gérée par notre être. Notre âme qui est venue pour faire une expérience d’évolution va être mise à l’épreuve par rapport à des mécanismes non dépassés. En soignant cela en elle, elle contribue à soigner cela autour d’elle. Avoir de la civilité, de la patience est extrêmement bénéfique non seulement pour soi mais aussi pour l’entourage. Il est primordial de comprendre qu’on ne peut séparer l’individu du collectif. On arrive dans l’ère du Verseau et on va parler de plus en plus de « l’Individu Universel » qui possède à la fois sa singularité tout en représentant chacun des autres en lui….
Comment le Karma se manifeste-t-il physiquement ?
Quand un être revient dans ce monde, il va projeter ses atomes de mémoire, au niveau des ses corps physiques, émotionnels… Par exemple, les maladies congénitales sont des maladies karmiques. Incarner nos maladies, nos tares, nos défauts comme quelque chose de créateur change et guérit la mémoire de la lignée, du clan familial. C’est ça aussi le karma. Au lieu d’en faire quelque chose de stigmatisant, on en fait quelque chose de créateur. On peut voir les maladies karmiques comme quelque chose qui cherche à s’exprimer, à se libérer. Le karma exprime la mémoire du clan mais aussi celle de la lignée spirituelle -des êtres qui partagent notre niveau de conscience-. En mettant de la conscience sur les problèmes rencontrés au quotidien, on soigne beaucoup pour soi et autour de soi.
Si on assiste à un délit ou à un crime et que l’on croit au karma certains se protègent derrière : « c’est son karma, je laisse faire »…
Oui, mais c’est une fausse vision du karma car à partir du moment où la vie me propose d’assister à telle ou telle situation c’est que je suis d’une manière ou d’une autre impliquée, mon projet de vie est impliqué. Si j’assiste à un délit, je dois intervenir. D’ailleurs la loi punit les cas de non assistance à personne en danger. On ne peut agir que dans sa sphère d’influence (avec son niveau de conscience) mais dans sa sphère il faut savoir que notre développement à nous implique le développement des autres. Etre en accord avec sa conscience est la meilleure des choses. Quand on est en accord on répond à la loi d’équilibre et d’amour qui est la loi de karma.
Le karma implique-t-il des devoirs ?
Oui, nous avons tous à prendre en charge les êtres moins avancés que nous sur le chemin à tous les niveaux, matériel, physique, émotionnel, spirituel… nous avons un devoir de solidarité chacun à notre niveau. Plus on est conscient plus on a de devoirs et la plupart des êtres avancés ont oublié cela. On est tous égaux, personne n’est supérieur à l’autre. Chaque être humain est « l’enseignant » d’un autre être humain mais aussi « l’élève » d’un autre. On est dans une cordée, tous en chemin et on ne peut pas avancer plus vite que le rythme du plus lent ; chacun doit veiller à ce que celui qui est derrière ne tombe pas et suive bien celui qui est devant. On ne doit abandonner personne en chemin. C’est pourtant ce que nos sociétés font trop souvent. Le karma ne nous invite pas à être passif, tout ce que nous regardons nous regarde !<Le karma n’est pas une fatalité c’est une loi évolutive, de progrès, d’équilibre, d’harmonie, d’assistante et de devoir d’aide.
A Lire de Fanchon Pradalier-Roy : Le Karma Dévoilé aux Editions Alphée. 18,90 € L’Amour ou le choix de la vie, aux Editions du Rocher. 17,50 €
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