Prophéties du Moyen Age 1ère partie
évoquant Napoléon, l’Antéchrist
ou encore Jeanne d’Arc ?
(D’après « Folk-Lore » (par le comte de Puymaigre), paru en 1885)
De l’avènement de Napoléon prétendument annoncé par l’astronome du Moyen Age Jean de Mur, à la guerre de Cent ans dont la France sortirait victorieuse pressentie par La Rochetaillade, en passant par la venue de l’Antéchrist, ou encore l’épopée de Jeanne d’Arc d’après une prédiction attribuée à Merlin, nombreuses sont les anciennes prophéties qui, libellées de façon parfois absconse, autorisent les interprétations les plus diverses et parfois les plus erronées
La croyance aux prédictions, tout en pouvant distraire et même consoler quelques esprits, a certains inconvénients qu’il est bon de reconnaître. Les déceptions qui succèdent trop fréquemment à une confiance exagérée, affaiblissent et découragent au moment où les caractères ont le plus besoin de force et de fermeté. Aux yeux de beaucoup de gens les prophéties, écrites en général dans un style biblique, ont comme un aspect religieux, et quand les espérances inspirées par elles ne se réalisent pas, l’incrédulité qui aurait dû accueillir de douteuses révélations, les dépasse et ose aller beaucoup plus haut.
Plus d’une fois les anciennes prophéties ont pu sembler vérifiées, parce qu’on leur a fait subir après coup des modifications notables. Ainsi Charles Nodier, dans ses Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, a cité quelques lignes extraites de la Pronosticatio de Lichtenberger et qui semblent assez applicables à Napoléon Ier, mais cette application cesse d’être possible quand on remonte au texte même. Lichtenberger n’a d’ailleurs fait que publier avec de légers changements une prédiction beaucoup plus ancienne. Nous la trouvons pour la première fois dans la continuation de la Chronique de Guillaume de Nangis, où elle était donnée comme émanant d’un célèbre astronome, Jean de Mur.
Voici cette rédaction primitive : « Filius regnans in meliori parte mundi movebitur contra semen leonis et stabit in agro inter spinas regionis. Tunc filius hominis veniet ferons feras in brachio, cujus regnum est in terra lunae ; cum magno exercitu transibit et ingredieturin terra leonis carentis auxilio, quia bestiae regionis suae carnem suam dilaceraverunt. Illo anno veniet aquila a parte orientali, alis extensis sub dolo, cum magna multitudine pullorum suorum in adjutorium filii hominis. Illo anno castra destruentur, terror magnus erit in populo et in quadam parte leonis erit lilium. Inter plures reges in illa die erit sanguinis diluvium et lilium perdet coronam suam, de qua postea filius hominis coronabitur. Per quatuor annos sequentes fient in mundo praelia inter fidem tenentes ; major pars mundi destruetur, caput mundi ad terram erit declinatum… Tunc filius hominis admirabile signum transibit ad terram promissionis, quia omnia primae causae promissa tum permanebunt impleta » (Collection de la Société de l’histoire de France, Guillaume de Nangis, tome II)
Du remaniement de cette prédiction fait par Lichtenberger, on a tiré le passage suivant, dans lequel on a cru voir annoncée l’époque de Napoléon : « Un aigle suivi d’un grand nombre de petits viendra du côté de l’orient, les ailes étendues. Alors les forteresses seront détruites et le monde sera livré à la terreur. La guerre la plus cruelle s’élèvera et il y aura un déluge de sang. Le lis perdra sa couronne, dont le fils de l’homme sera ensuite couronné. Durant les quatre années qui suivront, les nations se livreront de grands combats, les disciples de la foi éprouveront de grands maux et la plus grande partie du monde sera détruite. La capitale du monde chrétien sera renversée, etc. »
Pour arriver à voir dans cette prédiction l’époque de Napoléon, il a fallu laisser de côté une partie fort notable de la pronostication de Jean de Mur, et ne chercher à expliquer ni ce qu’est la race du lion, ni ce qu’est le royaume de la lune, dans laquelle Jean de Mur et Lichtenberger auraient, comme le bon Astolfe, trouvé peut-être leur raison dans une petite fiole.
La continuation de la Chronique de Nangis contient une autre prophétie qui fut faite à un prêtre du diocèse de Tours : un jour qu’il disait la messe à Bethléem, il vit briller ces mots en lettres d’or : « Anno Domini MCCCXV, die decima quinta mensis martii, incipiet tanta fames in terra, quod populus humilium certabit et curret contra potentes seculi et divites. Item corona pugilis potentissimi corruet postea satis cito. Item flores et rami ejus quassabuntur seu frangentur. Item una nobilis et libera civitas aservis occupabitur et capietur. Item extranei ibidem trahent moram. Item ecclesia cancellabit et genus sancti Petri. Item sanguis multorum fundetur super terram. Item una crux rubea exaudietur et elevabitur. Ideo, vos boni christiani, vigilate. »
Voici la traduction : « L’an du Seigneur MCCCXV, au quinzième jour du mois de mars, commencera une si grande famine sur la terre que le peuple des pauvres combattra et courra contre les puissants et les riches du siècle. De même la couronne de l’athlète puissant tombera peu après. De même ses fleurs et ses branches seront secouées ou brisées. De même, une libre et noble ville sera occupée et prise par les serfs. De même les étrangers s’y arrêteront. De même l’Église et la race de saint Pierre chancelleront. De même le sang de beaucoup coulera sur la terre. De même une croix rouge sera dressée et élevée. Et pour cela, bons chrétiens, veillez. »

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