La réserve Hopis
Les Hopis (contraction de Hopitu-shinumu »le peuple paisible » en français) font partie du groupe amérindien des Pueblos d’Amérique du Nord, voisins des Apaches, des Navajos, des Papagos, et des Zuñis. Les Hopis vivent dans le nord-est de l’Arizona, dans la région des Four Corners une région très aride. Dans des textes anciens, le peuple est souvent appelé Moki ou Moqui.
On recensait 7 494 Hopis répartis en 7 pueblos en 1775, alors qu’il n’y en avait plus que 6 500 en 1990.
La langue Hopi fait partie des langues uto-aztèques. Il existe un dictionnaire de la langue, qui est parlée par 80 % de la population (1990), soit 5 264 personnes sur 6 500. Code de la langue : ISO 639-2: nai
Dans les années 1930, le linguiste Benjamin Lee Whorf écrivit que la langue Hopi n’avait aucun mot pour exprimer le temps, ce qui suggérait que ce peuple avait une perception du temps différente de celle des Européens.
Le récit des origines du monde des Hopis raconte la création qui s’est faite par étapes :
- le premier monde Tokpela (l’espace infini). À partir de l’infini, le créateur Taiowa créa le monde fini avec les terres, les animaux et des humains. Quand les humains sont devenus mauvais, ce monde a été détruit par le feu. Les hommes épargnés ont été guidés vers un nouveau monde au-dessus ;
- Tokpa (minuit sombre) le deuxième monde, qui a finalement été couvert de glace après que les hommes ont grimpé au troisième monde ;
- Kuskurza (la signification du terme s’est perdue), ce troisième monde auquel sont associées la direction est et la couleur rouge a été englouti sous les eaux. Les hommes ont dû chercher eux-mêmes le passage vers un nouveau monde ;
- Tuwaqachi (le monde entier) le quatrième monde est celui que les humains habitent toujours, sa direction est le nord, sa couleur sikyangpu un jaune-blanc3.
Une prophétie prédit la fin de ce quatrième monde, les survivants grimperont vers un cinquième4.
Il semble que les Hopis soient venus vers le viiie siècle du sud pour s’installer dans l’actuel Arizona. Entre 700 et 1100, ils ont construit ou aménagé dans les pueblos de Mesa Verde, Chaco Canyon, Aztec, Wupatki, Betakin et Keel Seek où l’on trouve leurs signes de clans sur des murs. Pendant la grande sècheresse de 1276 à 1299 la plupart de ces pueblos ont été désertés. C’est durant la même période que les villages sur les trois mesas ont été fondés.
Quand au xvie siècle les Conquistadors arrivent sur le territoire des Hopis, ces derniers les accueillent amicalement. Ainsi, en 1583 ils mettent des guides à la disposition de l’expédition d’Antonio de Espejo et en 1598 ils se soumettent au gouverneur espagnol Juan de Oñate.
En 1629, des missionnaires franciscains s’installent à Oraibi. Les missionnaires catholiques sont une des causes de la révolte des pueblos en août 1680. Les églises sont détruites, tout comme les bâtiments du gouverneur à Santa Fe. Les Espagnols se retirent provisoirement au Mexique jusqu’en 1692. Quand ils reviennent dans la région, ils apportent des moutons, bœufs et chevaux.
C’est à cette période qu’un nouveau peuple nomade arrive du nord, les Navajos que les Hopis appellent Tasavuhta, (ceux qui fracassent le crâne). Comme les Navajos volent les récoltes et le bétail des Hopis il y a des conflits constants entre les deux peuples qui durent jusqu’au xxe siècle.
Suite à la guerre américano-mexicaine (1846-1848), l’Arizona est rattaché aux États-Unis.
En 1868, le gouvernement américain autorise les Navajos qui ont survécu à la « longue marche » de s’installer sur une partie de leur ancien territoire, sur la même réserve que les Hopis. À leurs yeux, un Indien équivalait un autre et on ne tenait pas compte des tensions préexistant entre les deux peuples.
La réserve Hopi
La réserve des Hopis est à l’intérieur de la réserve Navajo. D’abord il s’agissait d’une seule réserve. En 1882 un territoire rectangulaire distinct fut attribué aux Hopis. Toutefois de nombreux Navajos continuaient à y habiter. Pendant longtemps une partie du territoire était attribué à une gestion commune des Hopis et Navajos (Navajo-Hopi Joint Use Area) (depuis 1936). Les conflits qui en résultaient ont seulement été réglés en 2009.
La culture du maïs bleu (mais aussi blanc, rouge, violet, jaune) occupe une place importante dans la société et la culture hopi. Ces variétés étaient toutes adaptées à leurs conditions difficiles de culture (sol pauvre sablonneux, absence de fertilisation). Le type d’épi est long (30-40 gr), 12-14 rangs, structure farineuse à légèrement cornée.
- Maïs Hopi Bleu: la couleur de base dans leurs légendes, particulièrement destiné au « piki bread » la tortilla extrafine de maïs bleu. En fait il y a des sous-variétés du bleu foncé au gris. Gâteaux, tamales et toutes préparations à base de farine.
- Blanc: en général plus denté, destiné aux hominy = grains cuits et débarrassés de leur peau puis séchés et utilisés pour faire le fameux « posole », soupe-ragoût à la viande, le cassoulet hopi ! Autres préparations à base de farine.
- Rouge: souvent rayé ou de couleur variable. Piki bread aussi.
Don C. Talayesva décrit les conditions de culture. Les Hopis plantent 8 voire 10 grains par poquet. Le proverbe Hopi dit « 2 grains pour les vers, 2 pour les souris, 2 pour les lapins, 2 pour les corbeaux et 2 pour toi » Traditionnellement ce sont les femmes qui sèment. Profondeur de 3 à 30 cm selon l’humidité du sol. Là se trouve la principale spécificité du maïs Hopi : sa possibilité de germer à de grandes profondeurs. Densité de semis issue de poquet de 8 éclaircis à +/- 4, espacés de 4 pas dans les deux sens soit environ 20-25000 plantes par Ha. Les jeunes plants sont protégés des lapins et souris avec un cylindre de boîte de conserve.

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