C’est au dix-neuvième siècle qu’a émergé le mouvement spirite, et ce sont les sœurs Fox (Hydesville, Etat de New York, 1847) qui sont à l’origine de celui-ci. De nombreux médiums apparurent sur la scène, aux Etats-Unis et ailleurs. Le nouveau mouvement dut subir les attaques conjuguées des Eglises et des rationalistes, et les pratiques spirites (« tables tournantes », etc.) acquirent une aura « diabolique » qu’elles ne méritaient assurément pas.
Par-delà les mises en garde habituelles relatives à certaines pratiques (le spiritisme n’est effectivement pas un jeu), le mouvement a néanmoins eu son utilité (et l’a encore), celui-ci ayant eu pour effet positif de contrebalancer les effets négatifs d’un athéisme militant.
En 1857 Allan Kardec publia son « Livre des Esprits », le premier d’une série qui codifia les divers éléments de la doctrine spirite. Le contenu de ce livre (et des autres) était le résultat des communications reçues par le biais de médiums, à propos de sujets comme les conditions de vie dans l’Au-delà.
On notera que les thèmes centraux de la doctrine spirite sont : l’existence de Dieu, de l’âme, de l’Au-delà (oumonde spirituel), de la réincarnation, ainsi que l’affirmation de la pluralité des mondes habités. La réincarnation est reconnue par les milieux spirites français et brésiliens, lesquels s’inspirent de la doctrine d’Allan Kardec et de ses successeurs (Léon Denis, Gabriel Delanne, etc.).
A notre époque, si la « patrie » du spiritisme est le Brésil, il existe néanmoins en France quelques structures associatives qui pérennisent la doctrine spirite. Citons :
• L’Union Spirite Française et Francophone (www.spiritist.org).
• Le Cercle Spirite Allan Kardec de Nancy (www.spiritisme.com).
Mentionnons également l’IFRES (Institut Français de Recherches et d’Expérimentations Spirites). Cette dernière association est tournée vers la TCI (« transcommunication instrumentale »). La TCI a recours à des moyens techniques (magnétophone, radio, écran de télévision, etc.) pour réceptionner des messages émanant de l’Au-delà. En ce qui concerne l’IFRES, les appareils employés comprennent notamment un laser utilisé pour créer des interférences où apparaissent des visages, un « vidéoprojecteur » et une webcam… (www.ifres.org)
Il existe plusieurs courants spirites, selon que l’accent est mis sur l’aspect « religieux » ou simplement « philosophique » du mouvement.
L’Argentin Manuel S. Porteiro, décédé en 1936, a donné au spiritisme une orientation laïque et humaniste, et il est devenu le militant d’un spiritisme laïc qui réfute toutes les influences religieuses et mystiques ayant entaché le mouvement.
La Confédération Spirite Panaméricaine (CEPA) maintient le spiritisme dans la ligne « kardéciste » comme « philosophie scientifique aux conséquences morales, éthiques et sociales », et elle n’accepte pas que le spiritisme soit considéré comme une religion. La CEPA respecte le travail de la FEB (Fédération Spirite Brésilienne) et les autres organisations spirites de divers pays non affiliées à la CEPA. Cependant la principale différence entre ces mouvements et la CEPA réside dans le fait que, contrairement à cette dernière, ces mouvements considèrent le spiritisme comme une religion chrétienne et évangélique. En fait Allan Kardec avait envisagé le spiritisme comme une philosophie laïque devant demeurer sur un terrain neutre en matière de religion ou de politique. Au Brésil il existe un grand mélange des genres avec un spiritisme un peu exotique, marqué par des influences diverses, religieuses, mystiques et magiques. C’est ce « syncrétisme » que la CEPA ne veut pas. Ses membres souhaitent débarrasser le spiritisme de toutes ses déviations mystiques occasionnées par le grand brassage des traditions culturelles. Le spiritisme s’est en quelque sorte relié à un contexte culturel, subissant l’influence du catholicisme et même des pratiques rituelles et magiques d’une lointaine origine africaine. En France le Cercle Spirite Allan Kardec partage la conception du spiritisme de la CEPA.
Il existe diverses formes de médiumnité : la « psychographie » (avec recours à l’écriture automatique ou inspirée), la « psychophonie » (ou « clairaudience »), l’art médiumnique (peinture et musique principalement), la médiumnité curative, la médiumnité à effets physiques (la plus rare aboutissant à la matérialisation d’entités). Je donne, dans mon livre, de nombreux exemples de ces types de médiumnité.
- En matière de médiumnité artistique, citons le cas du Brésilien Luiz Antonio Gasparetto. Depuis 1970 ce dernier a exercé sa médiumnité dans le cadre de l’« Association Chrétienne de Culture Spirite Os Caminheiros », devenue par la suite « Centre de Culture Spirite Os Caminheiros ». Vers 1990 il avait totalisé environ 9000 toiles exécutées à travers lui par une cinquantaine d’artistes. Marion Aubrée et François Laplantine ont noté que cette œuvre se signale par la qualité de la production chaque fois inédite, dans les styles respectifs des différents auteurs présumés qui peuvent être assez vite identifiés, et par la rapidité d’exécution. Luiz Antonio Gasparetto entrait facilement en état de semi conscience, avec diminution du rythme cardiaque. Une très faible lumière rouge éclairait la salle, et des morceaux musicaux, modernes et au rythme rapide, étaient diffusés, avec une sonorisation beaucoup plus forte que chez Elifas Alves (un autre médium artiste). Il remplissait la toile avec une extrême rapidité, en utilisant les tubes de peinture. Il peignait le plus souvent avec la main droite, mais aussi fréquemment avec les deux mains, dont chacune remplissait alors une partie différente de la toile devant laquelle, les yeux fermés, il était assis. A un rythme frénétique, le médium, par une série de mouvements saccadés, se penchait en arrière, puis revenait vers la toile sur laquelle il allait littéralement se coucher. Parfois il se levait et tout son corps se mettait alors en mouvement. Il peignait en dansant. Certaines compositions ont été faites à même le sol avec les pieds. Il y avait une quinzaine de tableaux à chaque séance, certains étant réalisés en trois ou quatre minutes, d’autres en une quinzaine de minutes, jamais davantage.
- La médecine spirite implique le recours à des médecins désincarnés qui effectuent des prescriptions ou des opérations en guidant la main des médiums. L’un des plus connus de ces « thérapeutes de l’astral » est le docteur Fritz, apparu pour la première fois lors de « l’incorporation » de José Pedro de Freitas, dit Zé Arigo (décédé en 1971). Il y eut aussi Edson Queiroz, Rubens Faria, etc. La revue « Sacrée planète » a consacré un dossier au cas de Joao Teixeira da Faria, connu sous le nom de Joao de Deus (Jean de Dieu), lequel œuvre à Abadiania et est, dit-on, l’« hôte » de 33 entités différentes (« Esprits » de docteurs, chirurgiens, guérisseurs, psychologues et théologiens décédés).
Ces cas de médiumnité utile (dans les domaines artistique et thérapeutique) mis à part, il faut reconnaître, avec Michel Coquet, que dans les séances spirites on n’attire que ce qui est très proche du plan physique, c’est-à-dire les trois premiers « sous-plans » du Monde astral, « sous-plans » où vont ceux qui restent attachés à la Terre « par une conscience matérielle, des attachements ou des désirs, ce qui revient à dire que sont attirés les désincarnés les moins élevés du règne humain ». Et beaucoup des phénomènes physiques constatés (apport d’objets, etc.) seraient dus à l’intervention d’« élémentaux » (ou « esprits de la nature »).
L’apparition du spiritisme a néanmoins correspondu à une nécessité. Le spiritisme et les communications qui émanent de l’Au-delà ont eu, comme effet positif, l’apport d’éléments concrets relatifs à l’existence et à la survie de l’âme. Selon l’ésotériste Benjamin Creme le mouvement spirite « reçut sa stimulation du Maître Hilarion, un Maître du 5e Rayon, dans le but de délivrer l’humanité de ce qui est peut-être sa plus grande peur, la peur de la mort, la seconde étant la peur de la maladie ».
En 1898 le spirite Léon Denis écrivait, quant à lui, que les phénomènes physiques du spiritisme « étaient nécessaires pour frapper l’attention des hommes », mais qu’il « ne faut voir là que des moyens préliminaires, un acheminement vers des domaines plus élevés de la connaissance ».
Propos d’Alain Moreau sur le site : http://www.mondenouveau.fr/index.