L’approche spirituelle de la peur


La peur se définit par un objet : ce qui fait peur, et un sujet : celui qui a peur.

L’objet de la peur peut être très varié : situation, image mentale, être, animaux, lieu, etc….

Le sujet est celui qu’on nomme Moi-Je.

La peur est donc une réaction réflexe issue de l’interaction d’un sujet et d’un objet.

Elle s’exprime sur un plan physiologique – tensions corporelles, crampes digestives, difficultés respiratoires, fébrilité, accélération du rythme cardiaque- , ou psychique – agitation mentale, désir de fuite.

Lorsqu’elle se manifeste de manière prédominante sur le plan psychique, elle est dénommée anxiété : peur du lendemain, de la vieillesse, de la maladie, de la vie, de la mort, etc….

L'approche spirituelle de la peur dans PEUR 253px-IMac_aluminiumLa réaction appelée peur est habituellement ressentie comme désagréable. Elle entraîne donc souvent un désir de fuite ou de suppression de l’objet de la peur. C’est la solution la plus habituelle. La situation est évitée, l’objet de la peur est supprimé. Si la fuite ou la suppression n’est pas possible, la peur atteint un paroxysme qui peut entraîner des comportements de violence hétéro- ou auto-agressifs. Si, pour une raison ou une autre, la réaction de violence n’est pas permise ou possible, il y arrêt. Cet arrêt correspond à une soumission, une acceptation imposée par la situation et l’absence de possibilité de fuite. C’est l’exemple du lapin paralysé devant le serpent.

Une analyse un peu plus poussée montre que fuir l’objet de la peur n’a qu’une utilité momentanée. La situation peut se renouveler d’une manière ou d’une autre, et la peur reviendra aussi présente, inchangée. Ce n’est donc qu’une solution transitoire, un compromis, mais pas une libération.

Descendons donc plus profondément dans les mécanismes psychiques.

Une situation est une perception. Elle est vécue comme réelle, mais est en fait une construction mentale. La perception initiale passe à travers le filtre de la mémoire, qui contient le souvenir de la douleur et de la joie, et des événements associés. La situation est donc élaborée sur le plan mental et émotionnel, et l’objet de la peur est le fruit de cette élaboration. C’est l’exemple de la corde qui est prise pour un serpent.

A ce niveau de compréhension, l’objet n’est plus vécu comme quelque chose d’extérieur, dont on peut se débarrasser, mais comme une représentation qui apparaît au sein de la conscience. La réaction interne consécutive à cette apparition est comprise comme un conditionnement lié au contenu de la mémoire. C’est cette réaction qu’on appelle peur.

La peur n’est donc plus alors une situation, mais une sensation. Cette sensation est vivante, fluctuante et ressentie sous diverses formes au niveau corporel.

Cette sensation peut également devenir un objet de la peur, c’est-à-dire, entraîner une réaction de fuite ou d’évitement, du fait de son caractère inhabituel et qualifié de désagréable.

On peut alors parler de peur de la peur.

Il y a donc un cercle clos qui est installé : le mental élabore une image, une réaction conditionnée est liée à l’apparition de cette image, et cette réaction engendre elle-même une réaction.

Chercher une solution intellectuelle à la peur est sans issue. Le mental ne peut que constater son impuissance à résoudre ce qu’il a lui-même créé. Le créateur est indissociable de sa création.

Ce constat amène un arrêt. La fuite n’est plus perçue comme salvatrice. Aucune solution n’apparaît possible. La conséquence en est une immobilisation.

Dans ce non-mouvement, une énergie nouvelle se fait jour. L’arrêt de la recherche d’une solution à la peur libère une force insoupçonnée, masquée par le bruit de la quête.

Vient alors la compréhension que la peur est sans remède, car elle n’a pas d’existence propre. Elle n’est connue qu’à travers les réactions qu’elle engendre.

Ces réactions peuvent être explorées. Cette exploration va apporter de précieuses informations sur le fonctionnement du mental et des relations corps-mental.

Lorsque l’objet qui a initié la réaction est relégué au second plan, il ne reste qu’un face-à-face avec la réaction elle-même.

Celle-ci apparaît sous forme de tensions et contractures au niveau de la structure corporelle. Ces réactions corporelles peuvent être récentes et fluctuantes, ou anciennes et enkystées.

Li-6 - deuteriumChercher à les expliquer ne permet pas leur résolution.

C’est l’observation qui va amener la maturation.

Les réactions ne sont ni qualifiées, ni nommées ou expliquées, mais simplement observées. Dans cette observation, la contracture trouve un espace. Elle n’est plus renforcée par une réaction de refus.

La contracture vit alors dans un espace élargi.

Comme un sucre qui se dissout dans de l’eau, la zone contractée se dissout dans l’espace environnant. La matière nouée se résorbe dans une substance de moindre densité. Cette substance environnante devenue elle-même plus dense va à son tour se résorber dans un espace plus vaste. Jusqu’à ce que la notion d’intérieur et d’extérieur se dissolve. La frontière entre le dense et l’éther disparaît.

Dans tout ce processus, quel est le rôle du sujet ?

Toute peur se réfère à un moi qui a peur. La peur de la solitude, de la souffrance et de la mort sont indissociables d’un sujet qui se sent seul, souffre et meurt.

Lorsque l’on cherche à explorer celui qui a peur, on ne trouve qu’une image de soi, une construction élaborée par la pensée, la mémoire, ensemble de conditionnements plus ou moins stéréotypés. La disparition de cette image construite est l’angoisse fondamentale. Toute peur se réfère à la disparition du sujet qui a peur. Exister sans repère, sans identité, sans qualification, sans rôle et sans fonction, est vécu comme une mort, une annihilation. Mais l’est-elle vraiment ?

Lorsque l’accent est mis sur l’absence, le regard est focalisé sur ce qui n’est pas. Cette concentration fait oublier que toute absence n’est reconnue comme telle que parce qu’il y a conscience d’une présence. L’absence est le reflet de la présence.

Celui qui a peur, l’image de soi conditionnée par la mémoire, la personnalité, est observée comme un objet extérieur. Etant un objet d’observation, elle est reconnue comme n’étant pas moi. Une distanciation survient entre celui qui a peur et son connaisseur. La démarche à reculons du témoin vers l’ultime témoin est entamée.

Léonard de VinciLe sujet, le connaisseur de la peur, est resté témoin neutre. Ni pour, ni contre. Observateur silencieux des subtils rouages de l’esprit, il se sait extérieur au processus.

L’ultime témoin se sait, mais ne peut se voir, ne peut s’objectiver. Il n’est en aucun cas un objet. S’il apparaît comme un objet, la question « Qui a peur ? » va bloquer toute élaboration mentale de soi-même. L’absence de réponse est en soi la réponse. Le silence contient la réponse. Ce silence n’est ni un objet, ni un sujet. Il est et se sait lui-même. En lui se résout le conflit. En lui se dissout la peur.

La peur aura ainsi joué son rôle initiatique, en permettant un retour de l’objet vers le sujet, et une résolution du sujet dans le silence sans nom. 

Publié dans : PEUR |le 2 avril, 2012 |Pas de Commentaires »

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