Eros et Thanatos
Pluton représente la force brutale de nos instincts les plus profonds, la violence cachée et inconsciente qui peut se déchaîner en nous avec une intensité inouïe pour se projeter ensuite dans nos actes; elle n’est pas en elle-même négative : il s’agit d’une énergie puissante qui peut être canalisée et dépasser en intensité l’imaginable et c’est justement parfois la seule possibilité que nous possédions pour dépasser nos blocages intérieurs ou éliminer certaines situations devenues complètement inextricables.
Pluton représente une énergie indispensable et utile par la destruction irrémédiable de ce qui posait problème, et non pour le côté négatif des choses ou par perversité. Il permet la reconstruction ou la régénération d’une partie de notre personnalité ou d’un pan entier de notre existence, à condition peut-être d’arriver à canaliser cette énergie si sauvage et garder une forme de recul. La dompter n’est évidemment pas possible en raison de son essence, mais arriver à l’utiliser dans un but précis comme par une forme d’identification temporaire avec elle d’une partie de notre être peut nous faire évoluer ou plutôt nous TRANSFORMER définitivement.
La fonction sexuelle est fortement présente pour cette planète, également connue pour sa faculté d’intensifier et de rendre passionnée toute émotion naissante (analogie avec le signe du Scorpion que Pluton gouverne).
Il n’est pas possible de parler de Pluton sans dire quelques mots sur la dualité freudienne d’Eros et de Thanatos, les pulsions de vie et de mort qui nous habitent :
L’Eros (du grec erôs, « amour » et dieu de l’Amour), c’est l’ensemble des pulsions sexuelles et des désirs amoureux qui en découlent. L’Eros est généralement opposé (principalement dans le vocabulaire chrétien) à la philia (« l’amitié », « la tendresse ») et à l’agapê (« le dévouement ») par sa connotation sexuelle.
Platon le définit, dans Le banquet, comme le désir de complétude, propre à notre espèce, qui nous pousse à nous unir à une personne du sexe opposé. Il l’explique dans le mythe de l’Androgyne (être possédant 2 corps, un féminin et un masculin) : Zeus, dit-il, coupa les Androgynes en deux; chaque moitié restant désire alors s’unir à son autre moitié. « Lorsqu’elles se rencontrent, elles s’enlacent de leurs bras et s’étreignent si fort que, dans le désir de se refondre, elles se laissent ainsi mourir de faim et d’inertie, car elles ne veulent rien entreprendre l’une sans l’autre » (Platon, Le banquet ou l’amour).
Pour Sigmund Freud, à partir de 1920, l’Éros désigne les pulsions de vie, dont le but est de créer des liens toujours plus nombreux entre les êtres vivants, la force « qui assure l’unité et la cohésion de tout ce qui existe dans le monde » . L’énergie de ce principe d’action est la libido.
Thanatos (mot grec signifiant la « Mort ») est défini en psychanalyse comme l’ensemble des pulsions de mort. Dans sa dernière théorie des pulsions, Sigmund Freud oppose la pulsion de vie dont le but serait de créer des unités toujours plus grandes, à la pulsion de mort qui tendrait, au contraire, à détruire les assemblages et à réduire totalement les tensions (principe de Nirvâna), c’est-à-dire à ramener l’être vivant à l’état inorganique antérieur, qui est aussi celui du repos absolu. La pulsion de mort serait rendue inoffensive par la libido, qui s’en débarrasserait en la dérivant en grande partie vers le monde extérieur.
Cette pulsion partielle orientée vers la destruction d’un objet est dénommée « pulsion d’agression » et, placée au service de la fonction sexuelle, elle serait responsable du sadisme. De même, quand la pulsion de destruction restée orientée vers l’intérieur est liée à la libido, elle produirait le masochisme.
