Découvrir nos peurs universelles
Aussi diverses que puissent paraître les peurs de chaque personne, un fil en relie les nombreux masques. Je dis rarement « jamais » et « toujours » en décrivant les mécanismes de la création tels qu’ils me sont montrés dans la vie. Cela étant, je sais qu’il y a toujours des exceptions. Selon mon expérience de travail auprès de plusieurs milliers de personnes au cours des huit dernières années, chaque expression de peur que j’ai vue semble provenir de l’un ou de l’autre, ou d’une combinaison quelconque de trois pattems de perception sous-jacents. De ce point de vue, chaque symptôme, même s’il est extrême ou unique, devient le masque d’un système de croyances subtil mais puissant. Ces pattems sont si omniprésents dans les relations sociales, politiques, économiques, ethniques, culturelles, romantiques et commerciales de notre monde que je les appelle les trois peurs « universelles » ou centrales. (p. 116)
Les patterns de peur universelle peuvent être si subtils dans notre vie, mais leur souvenir si pénible, que nous leur créons magistralement des masques acceptables. Comme pour une relique douloureuse dans les annales familiales rarement exposée, nous nous sommes inconsciemment entendus entre nous pour déguiser notre souvenir de manière que notre passé ne soit jamais oublié. Le déguisement est devenu le mécanisme de défense collectif qui nous permet de faire l’expérience des peurs à des niveaux de blessure subtils et acceptables. En distançant l’expression des peurs des peurs en soi, nous avons éloigné l’expérience de notre vie du pattem même que nous sommes venus guérir. (p. 116)
Ces peurs sont masquées avec tant d’habileté, qu’en définitive, les patterns originaux qui propulsent la vie sont oubliés. C’est cette distanciation qui permet aux blessures de la vie d’apparaître sous la forme d’expériences discrètes, aléatoires et sans relation. Souvent, ces expériences ont été interprétées comme de la trahison, de l’abus et de la tromperie. La même distanciation masque la guérison de la vie telle que nous l’exprimons dans l’extase, la joie et le rire. (p. 116)
Première peur universelle : l’abandon et la séparation
Presque universel est le sentiment qu’éprouve chaque individu, dans chaque famille, chaque culture et chaque société, d’être en quelque sorte « séparé » de l’intelligence créative qui est responsable, en premier lieu, de son existence sur terre. Nous sentons que, quelque part dans les brumes oubliées de notre mémoire la plus ancestrale, nous avons été placés ici puis laissés ou abandonnés sans explication ni raison… (p. 116)
L’expérience de la peur comprend la charge de ce que signifie cette peur pour nous maintenant et ce qu’elle a voulu dire pour nous, sous la forme de notre vie. Pour les fins de cet exposé, on peut définir la charge comme un a priori émotionnel relatif à la valeur ou à la pertinence du résultat d’une expérience donnée. La charge permet l’expérience de l’a priori, de façon qu’il puisse être guéri et soulagé de sa charge. Vôtre charge de peurs universelles, bien que souvent inconsciente, fait en sorte que vous allez créer des patterns de relations qui vous montreront vos peurs. Ces relations vous donneront l’occasion de reconnaître vos charges et de vous rappeler vos patterns centraux. Avez-vous la sagesse et le courage d’explorer ce que vos relations vous laissent voir? (p. 117)
Si vous ne vous souvenez pas de vos sentiments de séparation et d’abandon, ou si vous avez choisi de reporter leur équilibration et leur guérison, il y a une forte possibilité que vos peurs s’expriment à vous de manières inattendues, vous rappelant le report de votre engagement, par le biais des relations que vous créerez magistralement dans votre vie… (p. 117)
Deuxième peur universelle : le sentiment d’être indigne Presque universel est le sentiment qu’éprouve chaque individu, dans chaque famille, dans chaque culture et chaque société, de ne pas être en quelque sorte « à la hauteur ». Par la logique et la rationalisation, nous créons des scénarios décrivant pourquoi nous ne sommes pas à la hauteur de nos plus grands rêves, de nos aspirations les plus élevées ou de nos désirs les plus profonds. Malgré nos vœux, nos désirs et nos rêves, un doute est profondément ancré, que nous » aurons » toujours, parce que nous mettons collectivement en question notre mérite. (p. 118)
Pourquoi nous attendrions-nous à nous sentir différemment ? Depuis au moins 2000 ans, nous nous sommes fait dire, par ceux à qui nous accordions confiance et respect, que nous sommes en quelque sorte des « êtres inférieurs » à nos contreparties angéliques. Nous nous sommes convaincus du fait qu’en naissant en ce monde, nous avons commis un acte pour lequel nous chercherons toujours rédemption auprès d’une force qui, nous a-t-on affirmé, dépasse notre entendement… (p. 118)
Notre peur de l’inadéquation et de la valeur garantiront que nos relations refléteront notre peur. Si vous ne vous rappelez pas la valeur de votre vie en tant que partie intégrante de ce monde, il y a une forte possibilité que vos peurs s’expriment à vous de façons inattendues… (p. 119)