Archive pour le 26 novembre, 2010

Un couple resté dans l’ombre

Marie-Madeleine et Jésus, un couple resté dans l’ombre… 

Un couple resté dans l'ombre dans MARIE-MADELEINE jesus_et_les_femmes_516

Interview de Françoise Gange, propos recueillis par Marjolaine Watelle 


Découvrez le Vrai visage de Jésus, cet homme pur qui oeuvrait pour l’égalité entre les hommes et les femmes, cet homme en avance sur son temps, dont le message a été incontestablement déformé au profit d’un pouvoir patriarcal… 


question : Françoise G., dans votre ouvrage Jésus et les Femmes, vous évoquez la relation de Jésus avec ses disciples féminins. Vous vous basez sur des évangiles gnostiques. Que découvre-t-on sur Marie-Madeleine ? 


Dans les textes gnostiques, Marie de Magdala (Marie-Madeleine) apparaît comme la compagne de Jésus et sa disciple de prédilection. C’est ce qu’on voit dans l’Évangile selon Marie, dans un texte intitulé Pistis Sophia (la Sagesse et la foi), ou encore dans l’Évangile selon Philippe, évangile qui précise que Jésus embrassait Marie sur la bouche et que parfois les autres disciples s’en montraient jaloux. Jésus apparaît, non plus comme cet être asexué qu’on a présenté dans les évangiles canoniques, mais comme un sage qui souhaite rétablir l’Unité, masculin et féminin unis, afin de parvenir à la Totalité : l’Homme parfait, pourvu des deux moitiés inséparables qui le constituent. Dans la société judaïque de l’époque, la femme n’était pas l’égale de l’homme : les biens par exemple, appartenaient à l’époux, et la femme était l’un des biens de l’époux, qui pouvait la prendre puis la répudier comme bon lui semblait. 

Dans l’Évangile selon Thomas, Jésus dit : « Si deux (l’homme et la femme) sont l’un avec l’autre en paix dans la même maison, ils diront à la montagne : Déplace-toi, et elle se déplacera. » Il insiste constamment pour dire que l’amour profond dans un couple (amour conçu comme Alliance à la fois sensuelle et spirituelle) décuple les forces des deux individus qui le composent. Ceci était très novateur car à l’époque, il n’y avait pas d’Alliance d’amour entre l’homme et la femme, mais un mariage patriarcal dominant dominé. Seul le plaisir de l’époux était pris en compte. Pour la femme, le plaisir était interdit ou en tous cas jamais mentionné : l’église lui parlait de « devoir conjugal ». 

Marie_Madeleine dans MARIE-MADELEINE

Ce couple entre Jésus et Marie Madeleine apparaît donc détonant : il rappelle le monde « païen » antérieur, et plus particulièrement la longue culture de la Déesse qui avait précédé l’apparition des Dieux dans le panthéon. Culture qui pratiquait la hiérogamie ou union sacrée entre le principe masculin et le principe féminin, âprement combattue par l’Église, comme on le voit dans les Actes des Apôtres où Paul, venu prêcher dans l’amphithéâtre d’Éphèse, doit reculer devant la grande Artémis, encore prédominante en ce premier siècle de notre ère. Entre Jésus et Marie Madeleine, il y a une véritable liaison, car non seulement ils s’aiment d’amour, mais ils partagent le plus grand : la spiritualité. 


« L’Evangile selon Marie » est un texte capital, qui montre qu’après la mort de Jésus, tandis que les disciples sont découragés et craignent d’être poursuivis à leur tour par les autorités du temple, c’est Marie Madeleine qui les console et leur redonne des forces pour continuer l’œuvre consistant à répandre la Parole ; elle leur rappelle que Jésus « les a fait Homme », c’est à dire les a réconciliés avec les deux moitiés de l’humain, féminin et masculin. On voit Pierre lui demander si Jésus, « qui la préférait », lui aurait délivré un enseignement que les autres ne connaîtraient pas et qu’elle pourrait leur délivrer à son tour. Prenant la place de Jésus, « l’Enseigneur », elle leur fait alors partager un message essentiel, qui déroute les plus misogynes d’entre eux, et tout particulièrement Pierre. 

  

Enseignement « secret » qui parle de la remontée de l’Ame féminine du monde, ensevelie par les Archontes, parmi lesquels Ialdabaoth, alias Yahvé. C’est à dire qu’elle leur enseigne, ce qui constitue le centre de tous les écrits gnostiques : le grand Féminin du monde (jadis féminin divin) a été précipité dans l’En bas, c’est à dire démonisé par Yahvé, et il crie vers les hauteurs pour retrouver sa lumière, sa grandeur d’autrefois. Et Jésus apparaît comme celui qui va l’aider à retrouver sa Lumière, c’est à dire sa grandeur. Pierre, furieux et jaloux comme il apparaît souvent (dans « l’Evangile selon Thomas » par exemple, ou encore dans « Pistis Sophia » ) à l’égard de Marie Madeleine, doute et se révolte à l’idée qu’elle, une femme, ait pu recevoir un enseignement que lui n’aurait pas reçu. 

 

Il tente de dresser les autres contre Marie : Jésus lui aurait-il vraiment donné cet enseignement, et eux, les hommes, devraient-ils faire cercle autour d’elle pour l’écouter ? 

 

A ce moment là, un autre disciple, Lévy, se lève et dit à Pierre : Qui es-tu pour douter, nous savons que Jésus la préférait… Et l’évangile se termine par ces termes très significatifs : « Ils partirent prêcher l’Évangile selon Marie ». Ce texte montrant donc qu’après la crucifixion, Marie Madeleine prit pendant un laps de temps la tête de la petite communauté des disciples. Ce qui a été totalement occulté dans les textes du canon qui ont effacé le rôle de Marie Madeleine … 


Il y a donc une réelle manipulation de l’église envers les croyants ? 


Le judéo-christianisme a fait dégénérer le message d’Amour (amour envers l’autre et Amour/Alliance entre les deux moitiés de l’humain) qu’il a changé en message de force. Le Jésus de la gnose dit : « Aimez vous les uns les autres, et à cela on reconnaîtra que vous êtes les miens » ce qui ne peut que signifier : « aimez vous, hommes et femmes, et vous montrerez ainsi l’Alliance féminin/ masculin. Réconciliez le féminin et le masculin en vous et en dehors de vous et à cela on vous reconnaîtra pour les miens. » Message qui a été enseveli. La volonté de l’église ayant été la domination de l’homme sur la femme, dans une culture misogyne qui considérait l’accouchement, l’acte sexuel et même le corps de la femme, comme « impurs ». Le message « gnostique » de Jésus apparaît ainsi avoir été radicalement modifié, dans le sens d’un maintien des hiérarchies et d’un encouragement au renoncement à toute recherche personnelle… permettant aux autorités dûment habilitées (les évêques), l’exercice d’un pouvoir présenté comme incontestable. Habilement, le message d’amour de Jésus a été conservé en surface, tandis qu’était véhiculé en profondeur un tout autre message. Message étayé sur le pouvoir, la hiérarchie, l’argent et l’accumulation des biens -il ne faut pas oublier que le Vatican est l’un des États les plus riches du monde. 


Tout ceci fait froid dans le dos… 


Avec l’inversion de la polarité du divin, du féminin divin, époque de la Déesse considérée comme la Mère/protectrice de l’univers, aux Dieux Pères, tous guerriers- s’est inversé le rôle de la femme et du féminin. Désacralisée, réduite à son corps (épouse et mère ou prostituée), elle est censée n’avoir plus d’esprit ni d’âme, elle qui était l’Ame du monde, l’Esprit de justice et de droiture, de bonté et de générosité dans les premiers mythes de Sumer… Il faut rappeler que c’est la haine de la femme et du féminin qui allumera les bûchers d’une Inquisition avide de purger le monde des « sorcières », l’église ayant organisé là, pendant plus de 2 siècles, un véritable « sexocide » ainsi que l’a très justement écrit Françoise d’Eaubonne. Les sorcières n’étant autres que des femmes jeunes et jolies, des femmes médecins, des herboristes, qui continuaient à transmettre la très ancienne connaissance des Plantes guérisseuses. Toutes refusant leur exclusion du monde patriarcal. 


A lire « Jésus et les femmes », « Avant les dieux la mère universelle ». Françoise Gange. Éditions Alphée. 

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Source : http://www.soleil-levant.org/presse/article.php3?id_article=40 

 

Publié dans:MARIE-MADELEINE |on 26 novembre, 2010 |Pas de commentaires »

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